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Emplois IT : développeurs et consultants de plus en plus séduits par le statut d'indépendants

Choix et variété des missions, et liberté d'organisation compensent la relative précarité sociale. La multiplication des plates-formes de mise en relation des offres et des demandes facilite la tâche des professionnels de l’IT.

Le marché du travail est en pleine mutation. Les outils numériques transforment les modes d'organisation et réduisent les besoins de main d'œuvre en production dans tous les secteurs. Si l'on ajoute la complexité du droit du travail et le coût du salariat en France, on comprend aisément que les entreprises recourent de plus en plus souvent à des freelances.

« Faire appel à des indépendants permet aux entreprises de disposer ponctuellement de compétences dont elles n'ont pas besoin en permanence », explique Anne-Elisabeth Combes, associée EY et avocate spécialisée en droit social.

L'étude que le cabinet EY (ex-Ernst & Young) a réalisé aux Etats-Unis souligne que le recours aux travailleurs indépendants a augmenté de 49 % au cours des cinq dernières années.

Le développement et le conseil informatique n'échappent pas à cette tendance.

Le méta-moteur de recherche d'emploi Joblift s'est penché sur les offres d'emploi freelance en France. En 2016, il a recensé 175.000 offres de missions dont 20 % s'adressent à des informaticiens.

« La demande de développeurs a progressé de 86 % par rapport à 2015, surtout pour des compétences en Java/JavaScript, en PHP, en C++ et en Python », précise Mathilde Brygier de Joblift et auteur de l'étude.

Des atouts partagés

Difficile d'évaluer le nombre d'indépendants en France. Beaucoup de développeurs sont inscrits simultanément sur plusieurs plates-formes de mise en relation.

« Notre plate-forme répertorie environ 35.000 profils. Nous en enregistrons 2.500 nouveaux chaque mois », détaille Vincent Huguet, co-fondateur de la plate-forme Hopwork (spécialisée dans les freelances).

« Il s'agit pour 30 à 40 % de développeurs IT très orientés web, pour un tiers des métiers de l'image - essentiellement numérique, et pour un tiers du marketing et de la communication ».

Les indépendants adoptent ce statut – auto-entrepreneur, salarié de leur société à actions simplifiées unipersonnelle (SASU) ou profession libérale – pour plusieurs raisons.

Les uns recherchent la diversité des missions et leur durée limitée dans le temps. Les autres apprécient de ne pas avoir de lien hiérarchique et d'être considérés comme un prestataire par « l'employeur ». D'autres encore trouvent que leur expérience est plus valorisée que s'ils étaient salariés.

Enfin, contrairement aux salariés, lorsqu'ils travaillent deux fois plus, ils sont payés deux fois plus !

Les indépendants ont recours à des plates-formes de mise en relation pour se soulager des questions administratives, travailler avec des entreprises dans lesquelles ils auraient du mal à être référencés en individuel et trouver des clients plus facilement. Certains se félicitent de ce qu'on les recrute pour leurs compétences et leur expérience, sans se soucier de leur formation.

C'est pourquoi beaucoup de développeurs indépendants sont autodidactes.

Une indépendance qui se structure

Ces raisons conduisent à la multiplication des plates-formes de mise en relation. Et elles réussissent plutôt bien.

Hopwork compte 18.000 entreprises clientes et organise de nombreux événements pour faire vivre sa communauté. La start-up a levé 5 millions d'euros en décembre 2016 après avoir levé 1,5 million d'euros en mai 2015.

Club Freelance fait plutôt du placement. Le site enregistre les demandes de ses clients et les publie sur son site, à destination des 16.000 profils enregistrés dans sa base.

Les offres de mission sont aussi publiées sur des « job boards », comme freeelance-info par exemple. « Notre quarantaine de clients est composée essentiellement de grands comptes et de SSII », précise Félix Lemaignent, responsable marketing, « nous avons une moyenne de quatre nouvelles missions par jour ». Il s'agit en général de missions de 3 mois renouvelables.

Bien sûr, il y a un revers à la médaille.

Tous les indépendants ne travaillent pas régulièrement. Et ils n'ont pas une couverture sociale aussi complète qu'en salariat.

« C'est un peu plus précaire mais j'ai la liberté de choisir mes missions et de m'organiser comme je veux », reconnaît Mathieu Grillon. Consultant spécialisé sur SAP, qui a alterné les périodes de salariat et d'indépendance. Aujourd'hui, il a créé sa société, une SASU, il est donc son propre salarié.

La multiplication des plates-formes et l'augmentation du nombre d'indépendants augmentent également la concurrence.

« C'est vrai que les taux journaliers ont baissé d'environ 20 % au cours des dernières années, mais en tant que senior et expérimenté, j'ai toujours du travail ! », poursuit Mathieu Grillon.

D'aucuns espèrent que l'augmentation des rangs des indépendants va obliger les SSII à se repenser et à se réinventer. Mais le contrat à durée indéterminée (CDI) n'a pas dit son dernier mot.

Quoi qu'il en soit, « l'activité indépendante n'est pas prête de s'éteindre. L'entreprise préfèrera toujours recourir à des indépendants en cas de charge de travail ponctuelle », conclut Anne-Elisabeth Combes.

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