Tableau assure que son rachat ne changera rien aux projets de ses clients

Lors de la Tableau Conference Europe, le président de l'éditeur de BI a de lui-même abordé le sujet du rachat par Salesforce pour rassurer ses clients. Et pour leur promettre une feuille de route accélérée.

« Notre mission a toujours été d'aider les utilisateurs à visualiser et à comprendre les données. C'est notre mission aujourd'hui. Et cela le restera demain, après le rachat [par Salesforce] ». Le PDG de Tableau Software, Adam Selipsky, n'a pas esquivé l'actualité brûlante de la récente acquisition de son entreprise lors de la Tableau Conference Europe.

Au contraire, il a même pris les devants sur la grande scène de son évènement utilisateurs, qui se tient actuellement à Berlin.

Et pour cause. Le sujet est visiblement dans l'esprit de nombreux utilisateurs. « J'ai parlé à des clients. Ils sont enthousiastes. Mais ils ont aussi été très clairs. Beaucoup sont en train de monter en puissance avec Tableau et ils ne peuvent pas se permettre de voir leurs projets perturbés ou interrompus », confirme James Eiloart, Vice President EMEA de Tableau.

« Il est très important de ne pas disrupter l'existant. »
Adam SelipskyPDG, Tableau Software

Car à mesure que Tableau remonte de la Data Viz et de la BI en libre service vers les backends des entreprises, l'éditeur se positionne en « plateforme » et en outil névralgique pour ses clients. Avec un besoin de continuité et de pérennité. « Je suis totalement d'accord. Il est très important de ne pas "disrupter" l'existant », rassure Adam Selipsky.

« C'est notre responsabilité. Nous ne pouvons absolument pas nous permettre de laisser ces déploiements, ces adoptions et la création de valeur être interrompus de quelque façon que ce soit. Nous sommes vraiment déterminés [à assurer la continuité] ».

Tableau va rester indépendant

Même s'il est encore trop tôt pour prédire dans le détail les intégrations et les synergies possibles, le PDG a déjà quelques idées. Et une certitude.

« Tableau va continuer à fonctionner de manière indépendante. Au sein de Salesforce, ce sera toujours Tableau, avec la marque Tableau », tranche-t-il. « Et nous nous réjouissons à l'idée de continuer à voir tout ce monde à nos conférences en tant que Tableau », lance-t-il à la salle (comble) ravie.

Côté management, « je reste là pour le meilleur et pour le pire », plaisante Adam Selipsky. « Je continue en tant que PDG et président de Tableau. Toute mon équipe de direction reste en place. Tout le monde va jouer son rôle. À bien des égards, c'est comme si rien ne s'était passé (« business as usual ») ».

Une accélération du développement produit

Comme si rien ne s'était passé... sauf pour les produits.

Les moyens colossaux de Salesforce vont en effet renforcer l'offre de Tableau et accélérer ses développements vers la « BI augmentée ».

« La combinaison des capacités de Salesforce et de Tableau crée toutes sortes d'opportunités. »
James EiloartVP EMEA, Tableau

« Cette acquisition nous donne la chance d'accélérer considérablement », se réjouit le président après avoir réussi à rassurer ses clients. « Nous allons être capables de franchir rapidement beaucoup d'étapes par lesquelles nous devions de toute façon passer ».

Pour le VP EMEA James Eiloart, la combinaison des capacités de Salesforce et de Tableau crée « toutes sortes d'opportunités ».

« Permettez-moi de rêver un instant : imaginez toute l'intelligence d'Einstein Analytics - l'IA et l'apprentissage statistique, le langage naturel - imaginez si Tableau pouvait accéder à ces capacités », illustre Adam Selipsky. De fait, le Gartner avait déjà souligné que Tableau, seul, aurait du mal à se doter d'une IA et que Salesforce était un acteur à la pointe de ce domaine.

Une synergie est également prévisible avec Mulesoft. « Mulesoft crée des intégrations de données, d'application à application. En plus des 75 sources environ que Tableau connecte déjà, imaginez que Tableau puisse naturellement intégrer toutes les données auxquelles Mulesoft accède », continue le président.

« Je vois beaucoup de super choses arriver », promet-il à ses utilisateurs, désormais conquis.

Tableau dans Salesforce

Évidemment, Salesforce a aussi racheté Tableau pour renforcer ses propres faiblesses et l'infuser d'une manière ou d'une autre.

Adam Selipsky ne la cache d'ailleurs pas : « imaginez aussi tous les clouds de Salesforce - Service Cloud, Marketing Cloud, Sales Cloud - et toutes leurs données. Imaginez si Tableau était juste au dessus et qu'il devenait une brique différente et élégante de l'expérience native de ces clouds ».

Ce discours n'est pas le fruit du hasard. Les deux éditeurs ont en effet beaucoup de clients communs... à commencer par Tableau lui-même qui utilise Salesforce comme CRM pour ses forces de ventes. « Nous regardons Salesforce via Tableau depuis longtemps », confie le VP EMEA de Tableau. « Nous savons donc à quel point cette connexion est puissante »

Tableau n'est a priori pas le seul dans cette situation. « Je sais que nous avons déjà des tonnes d'opportunités. Des clients m'ont dit "je suis aussi un gros client de Salesforce. Maintenant je peux aller encore plus loin avec eux, ou avec vous...  ou avec les deux." ».

Dans le domaine commercial aussi, le passage sous pavillon Salesforce est donc source de synergies potentielles. Reste à les concrétiser. Et à tenir les promesses d'indépendance et de continuité.

Pour approfondir sur Outils décisionnels et analytiques

Close