Le numérique réduit l'impact des grèves (mais ne résout pas tous les problèmes)

Effet collatéral des grèves contre la réforme des retraites, des employés de plus en plus nombreux ont eu recours au télétravail. Ce mode pourrait s'inscrire de façon durable dans les pratiques de nombreuses entreprises.

« Il y aura un impact, mais il sera, je pense, limité. ». C’est ce que Bruno Le Maire, ministre de l’Économie et des Finances, a affirmé lundi 20 janvier sur LCI à propos de l’impact des grèves sur l’économie du pays, ajoutant même que cet impact serait limité à 0,1 point de croissance sur le trimestre. Autrement dit, « même pas mal ! ».

Faible impact pour le tertiaire

Le mouvement social contre la réforme des retraites a indubitablement marqué le monde du travail, et pas seulement par sa durée exceptionnelle. En dehors du commerce, des services à la personne, de la culture et de l’hôtellerie-restauration, qui enregistrent des baisses d’activité importantes, les grèves n’ont que peu ralenti l’activité des entreprises du tertiaire. Et encore moins celle des entreprises du numérique.

La raison en est que les technologies numériques, les moyens de communication et de travail collaboratif ont suffisamment progressé pour permettre à de nombreux salariés de télétravailler, et ce dans de bonnes conditions. Et il semble que certaines habitudes prises pendant les grèves pourraient perdurer. Le télétravail pourrait ainsi s’inscrire de façon plus pérenne dans les pratiques de nombreux salariés.

Cadres et informaticiens

Dans une étude publiée en novembre dernier, la direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques (Dares) du ministère du Travail estimait qu’il y avait 1,8 million de télétravailleurs en France, soit 7 % des salariés, majoritairement des cadres (61 %) et plus nombreux dans les NTIC que dans les autres secteurs.

Le réseau de PME et d’experts du numérique INOP'S a interrogé ses membres (280 entreprises et 350 freelances) pour mesurer l’impact des grèves sur leur activité. Résultat de ce baromètre : 90 % des PME du numérique et 73 % des freelances poursuivent leur activité correctement pendant les grèves. Seuls 9 % des clients des PME refusent le télétravail. Et seulement 11 % des freelances perdent des jours de mission du fait des grèves.

Des outils et des technologies matures

La maturité des outils comme Slack, Google Docs ou Microsoft Teams simplifie considérablement le travail à distance, que les employés soient au bureau, en déplacement professionnel ou… à leur domicile. De même, les solutions de visioconférence avec partage de documents, enregistrement des sessions ou intervention en différé permettent d’organiser des réunions très simplement. Mieux, le fait de consacrer un moment dédié à la réunion sans devoir se déplacer peut s’avérer plus efficace qu’une visioconférence dans un open space où l’on est facilement dérangé ou sollicité.

Gare au « taylorisme intellectuel »

Toutefois, le télétravail n’est pas une panacée. Bien que généralement défini par une charte élaborée par l’entreprise en concertation avec les représentants des salariés, ce mode de fonctionnement ne correspond pas à tous les employés. Les risques vont de l’isolement à la démotivation en passant par le surmenage ou le « présentéisme numérique ».

C’est pourquoi le nombre de jours de télétravail est généralement limité à 2 ou 3 par semaine. De même, des horaires de visioconférence ou de réunions physiques communs à tous les télétravailleurs peuvent être imposés. Enfin, les entreprises doivent aussi assurer la protection des données accessibles à distance par le salarié, surtout si celui-ci travaille dans un « tiers lieu » ou un espace de coworking où travaillent des salariés d’autres entreprises.

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