SAP et Sybase attendent déjà un bébé : une plate-forme de développement mobile

Tout juste mariés, SAP et Sybase ont annoncé hier la naissance dans neuf mois de leur premier développement commun : une plate-forme de développement d'applications mobiles, prolongement d'un partenariat qui liaient les deux entreprises avant leur fusion.

mcdermottHier, SAP et Sybase ont tenu leur première conférence commune, après le rachat de l'Américain par l'Allemand, annoncé en mai dernier et bouclé dans le courant de l'été. Les deux co-Pdg de SAP (Bill McDermott et Jim Hagemann Snabe) ainsi que le directeur technique de l'éditeur (Vishal Sikka) étant accompagnés de John Chen, le Pdg de Sybase, devenu une entité de l'éditeur européen gérée de façon autonome. Autre assurance donnée aux utilisateurs des technologies Sybase : toutes les lignes de produits actuelles de l'éditeur (ASE, IQ, Afaria, etc.) seront maintenues et bénéficieront de nouveaux développements, a martelé Bill McDermott (en photo ci-contre), sans toutefois donner plus de détails.

Au-delà de ces engagements attendus, les dirigeants de SAP se sont surtout attachés à détailler les synergies que doit créer cette acquisition à 5,8 Md$. Dans l'une de ces envolées lyriques dont il est coutumier, Bill McDermott a expliqué : "Grâce à Sybase, leader des logiciels professionnels pour plates-formes mobiles, nous prenons pied sur le segment applicatif en plus forte croissance. Maintenant, nous sommes aussi sur mobile. Et cela va transformer de nombreuses industries".

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ASE : une nouvelle base pour la Business Suite
Comme il l'avait déjà laissé entendre au printemps, SAP va supporter le SGBD ASE (Adaptive Server Enterprise) de Sybase pour son ERP majeur, la Business Suite. Selon Vishal Sikka, directeur technique du premier éditeur européen, ce support sera effectif début 2011. De son côté, la base de données en colonnes IQ, vouée à des applications analytiques, sera supporteé par les outils de reporting de BO.

Concrètement, les deux entreprises prévoient de livrer dans 9 mois (autrement dit au printemps 2011, au moment de SAPphire, la conférence utilisateurs de l'éditeur allemand) une plate-forme permettant de consommer les applicatifs SAP sur n'importe quel terminal. Une annonce qui apparaît comme le prolongement du partenariat entre les deux éditeurs autour de la plate-forme Sybase Unwired Platform (SUP).

Cette dernière, qui fonctionne tant avec Eclipse que Visual Studio, permet de bâtir, via une conception orientée objets, des applications mobiles à partir des données et applications de l'entreprise. Et de ne réaliser qu'un seul développement des règles métier et des accès aux données pour plusieurs plates-formes mobiles.

Servant de tampon entre un mix de terminaux et un mix de sources d'information issues de bases de données, d'applications (celles capables d'exposer des services) ou de fichiers résidant sur les systèmes de l'entreprise, SUP se présente comme un outil graphique, où les règles métiers des applications mobiles sont assemblées une seule fois. Séparément du design qui est, lui, fonction de la nature de la flotte ciblée. Une approche qui avait séduit SAP : en mars 2009, l'éditeur avait signé un partenariat avec sa future emplette, pour co-développer, sur la base de SUP, la version mobile de son module de CRM, ainsi qu'un connecteur pour Netweaver (le middleware maison).

C'est ce schéma de fonctionnement que SAP compte aujourd'hui approfondir. Et approfondir très largement. Jim Hagemann Snabe a ainsi assuré que la plate-forme en cours de développement permettrait de consommer la quasi-totalité du porte-feuille applicatif de SAP : modules de la Business Suite, applications analytiques et aussi ERP en mode Saas pour PME Business ByDesign. Reste à préciser le modèle de tarification de ces logiciels clients mobiles, un sujet sur lequel SAP n'a livré hier aucun détail.

chenUn kit de développement : "le gros du travail"

L'éditeur promet également que la solution sera bâtie sur des standards ouverts et permettra de toucher les principales plates-formes du marché (SUP supporte déjà les iPhone, les Blackberry et les terminaux sous Windows Mobile, Windows CE et Windows 32). Car, en plus d'amener les applications SAP sur les mobiles - un sujet sur lequel l'Allemand a plusieurs fois trébuché -, la plate-forme doit également devenir le centre d'un écosystème de partenaires, afin qu'intégrateurs et entreprises utilisatrices puissent y développer leurs propres applicatifs mobiles. "Livrer un kit de développement (SDK) permettant aux partenaires d'utiliser notre plate-forme constituera le gros du travail des neuf mois qui viennent", a ainsi expliqué John Chen (en photo ci-dessus). Et Jim Snabe de faire un parallèle avec l'App Store de l'iPhone : "une fois cette plate-forme livrée au marché, les scénarios d'utilisation vont fleurir, dont certains que nous n'aurions même pas pu imaginer".

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In-Memory : l'autre point de convergence
snabe"Nous faisons des progrès rapides sur le volet produits", a assuré Jim Hagemann Snabe, le co-Pdg de SAP (en photo), en parlant du rapprochement avec Sybase. Si l'éditeur a donné une direction claire en matière de mobilité, ses plans concernant la technologie In-Memory restent plus flous. Utilisée dans les systèmes décisionnels jusqu'à présent (dont ceux de SAP-BO), la technologie est au centre de ce que SAP présente comme son avancée majeure des années à venir : une base de données chargée en mémoire et bénéficiant de taux de compression importants (via le stockage en colonnes) pour servir tant les applications transactionnelles que décisionnelles. En mai dernier, le co-fondateur de SAP, Hasso Plattner, a dévoilé qu'un premier produit commercial - une appliance baptisée High Performance Analytic Appliance - utilisant ces principes serait livrée pour la fin de l'année. Elle repose notamment sur des développements effectués par l'équipe en charge de MaxDB, la base de données maison.
Si SAP avance donc sur le sujet depuis des années, sa nouvelle filiale Sybase est aussi un spécialiste de In-Memory et du stockage en colonnes (via ses produits ASE et IQ). Pour l'instant, les synergies entre SAP et Sybase sur ces sujets restent toutefois peu claires, les dirigeants du premier éditeur européen demeurant assez flous sur ces questions. "Comme nous, Sybase comprend le pouvoir disruptif de la technologie In-Memory", s'est contenté d'indiquer Bill McDermott, co-Pdg de SAP. Avec le rachat de Sybase, l'Allemand se retrouve à la tête de nombreuses technologies de bases de données (bases transactionnelles ASE et MaxDB, entrepôts BW et IQ notamment).

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