MarkLogic

« Le NoSQL répond aujourd’hui mieux aux besoins des entreprises que les SGBDR »

Dans un entretien avec la rédaction, Gary Bloom (PDG de MarkLogic) est revenu sur le positionnement de sa base NoSQL face au mastodonte Oracle et sur son approche résolument tournée vers les entreprises.

LeMagIT : Le marché des bases NoSQL devient encombré. Comment se positionne MarkLogic pour faire la différence ?

Gary Bloom : Les  données sont aujourd’hui cloisonnées dans des silos. Les métiers sont à la recherche d’une vision unifiée des données, qui sont fragmentées dans plusieurs bases de données. C’est ainsi que fonctionnent les bases de données relationnelles.

Ce que fait la mouvance NoSQL c'est intégraer ces données en silo, comme ce que Google a pu faire avec le Web. Ceci dit, MarkLogic est certes issu de cette mouvance NoSQL, mais il permet aussi de motoriser des systèmes transactionnels. Les banques en sont par exemple des utilisateurs.

La sécurité est  un composant clé  de MarLogic depuis ses origines, car notre technologie est utilisée par les agences gouvernementales US dont la sécurité est un pré-requis indispensable. La sécurité fait par exemple partie des fonctions qui positionnent MarkLogic sur un segment purement entreprise. Un différentiateur clé par rapport à la concurrence, comme MongoDB ou DataStax par exemple (issue pour la plupart du monde Open Source, NDLR).

Si l’on observe le monde relationnel, Oracle, IBM et Microsoft sont certes très bons pour les entreprises,, mais ils manquent d’agilité technologique, ce que recherchent aujourd’hui les utilisateurs. Avec les bases relationnelles, pour intégrer l’ensemble du spectre des données, vous devez d’abord les transformer. Il est difficile de composer avec des données en silos, contrairement aux bases NoSQL.

LeMagIT : Vous avez été récemment certifié « Common Criteria Security ». Une façon d’accentuer votre positionnement ?

Gary Bloom : Cela prend généralement un an ou plus pour obtenir cette certification. Ce n’est pas quelque chose que vous obtenez facilement. Vous devez intégrer les fonctionnalités dans votre produit pour obtenir la certification. Pour nos clients, il s’agit d’une sécurité et de la confirmation que leurs données seront protégées dans MarkLogic. Tout est question de confiance.

Notre plateforme a été conçue avec la sécurité par défaut, et cela est vrai pour les autres fonctions entreprises, comme la haute disponibilité et les « trusted transactions ».

LeMagIT :Reste que toutefois, Oracle offre à son importante base installée, une base NoSQL qu’ils peuvent alors associer à leur stack. Une proximité qui semble logique pour les utilisateurs.  Comment faites-vous pour les convaincre ?

Gary Bloom : Notre situation est identique à celle qu’a vécue Oracle lors de son arrivée sur le marché, en concurrent d’IBM. J’ai rejoint Oracle au milieu des années 80 alors qu’il avait la même taille que MarkLogic aujourd’hui. Nous devions rivaliser avec IBM mais personne ne pensait que nous pouvions le faire.

Oracle est tellement préoccupé à entretenir sa base installée qu’il est très difficile de rivaliser sur d’autres terrains. Pensez à ce qu’ils ont à protéger : ils doivent protéger les prix de leurs produits, essayer de vendre du hardware (le déclin des ventes d’Exadata et du hardware de Sun  est le même problème qu’avait IBM lorsqu’il protégeait leurs activités Mainframe). Oracle pousse surtout son offre relationnelle.

L’offre NoSQL d’Oracle est issu d’un rachat, celui de BerkeleyDB. Il s’agit d’une base clé/valeur et non pas un produit NoSQL traditionnel. Et comme les autres bases NoSQL, elle manque aussi de fonctions axées sur les entreprises.

LeMagIT : Oracle n’a pas poussé les développements sur son offre NoSQL ?

Gary Bloom : Je peux dire que je n’ai jamais rencontré Oracle lors d’un appel d’offres chez un client pour un produit NoSQL.

C’est là qu’est le changement de génération dans les bases de données. Il ne s’agit pas de venir avec une meilleure base de données relationnelle. Il s’agit de résoudre un nouveau problème que les bases de données relationnelles n’ont jamais pu résoudre.

Si je considère certains projets de grandes banques clientes qui ont tenté pendant longtemps de réunir des données disséminées dans plusieurs systèmes, certains ont finalement décidé d’abandonner le relationnel (et notamment Oracle - Il explique que plus de 50% des revenus de MarkLogic, dans le monde et en France, sont issus de projets commencés sur Oracle, mais finalisés par MarkLogic NDLR).

Il ne s’agit pas de dire qu’Oracle commercialise un produit qui ne fonctionne pas. Il s’agit d’un très bon produit qui exécute bien ce pour quoi il a été conçu.  Mais il ne répond pas aux enjeux d’aujourd’hui en matière de données. Oracle est parvenu à concurrencer Informix et Sybase dans les années 90, car les mainframes manquaient d’agilité et ne résolvaient pas les problèmes de l’époque. Je  ne pense pas qu’il reste aujourd’hui de la place pour une meilleure base de données relationnelle.

LeMagIT : Il semble que MarkLogic ait atteint un premier niveau de notoriété sur le marché européen. Quelle est la prochaine étape ?

Gary Bloom : La croissance sur le marché et l’évolution technologique. Nous allons d’abord faire évoluer notre base et nous n’allons pas rester immobile. Ce que nous avons ajouté ces dernières années porte sur des possibilités sémantiques de la solution.  Et lorsque vous pensez à l’Open Data, cela révèle toute la puissance du sémantique. Car je peux y faire référence, aux côtés de mes autres données. Nous allons donc au-delà du simple fait d’observer et de manipuler les données pour aider à comprendre le sens des données.

Nous continuons d’innover, et nous sortons une version majeure de MarkLogic presque tous les ans. Les nouvelles fonctions suivent généralement le calendrier de nos conférences utilisateurs. Depuis que j’ai rejoint MarkLogic, il y a 3 ans et demi, nous avons sorti  les versions 6, 7 et 8 de notre solution. Et la différence d’avec le monde relationnel : mes clients migrent immédiatement vers la nouvelle solution.

D’un point de vue marché, nous avons levé 102 millions de dollars en provenance de fonds d’investissements. Ils ont certes apprécié notre technologie, mais aussi notre modèle économique qui reste plutôt traditionnel. Les clients peuvent acheter des souscriptions pour notre solution dans le Cloud, mais la plupart de nos clients achètent encore notre produit de la façon la plus classique : des licences perpétuelles et du support.

 Nous avons pu lever des fonds à cause de notre capacité à pouvoir accroître rapidement nos activités, mais sans mettre en péril nos clients. Depuis cette levée, nous disposons encore de 50 millions de dollars en cash. Nous n’avons pas dépensé tout l’argent que nous avons levé. Pour mes clients, il s’agit d’une police d’assurance que nous pouvons nous étendre sans compromettre nos activités et les projets de nos clients. 

Nous n’obtenons pas les résultats que nous souhaitons d’une façon immédiate. Mais nous commençons à en avoir certains. Cela nous a conduits à nous installer en France, avec une équipe composée aujourd’hui de 20 personnes. Elle passera probablement à 25 ou 30 dans l’année à venir. Dans le monde, nous avons 525 employés. Quand j’ai rejoint la société, nous étions 250. Nous avons aussi plus que doublé notre base de clients

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