Les salariés de Capgemini se découvrent grévistes
Vendredi l’appel avait été plutôt bien suivi. Reste que moins de 3 000 personnes étaient concernées sur les 20 000 salariés que compte le groupe dans l’Hexagone. L’intersyndicale revendiquait cependant un taux de gréviste de 22 %, soit 300 à 400 salariés. En pointe, le site historique de Grenoble a enregistré près de 25 % de grévistes.
Vendredi l’appel avait été plutôt bien suivi. Reste que moins de 3 000 personnes étaient concernées sur les 20 000 salariés que compte le groupe dans l’Hexagone. L’intersyndicale revendiquait cependant un taux de gréviste de 22 %, soit 300 à 400 salariés. En pointe, le site historique de Grenoble a enregistré près de 25 % de grévistes. Un chiffre jugé très encourageant par Frédéric Boloré de la CFDT, qui rappelle qu’il est « traditionnellement difficile de réunir du monde dans notre secteur ». Du coup, dès vendredi, la direction décidait d’ouvrir la porte à des négociations après avoir pratiqué le mutisme durant les deux mois de montée en puissance du conflit.
Une première réunion a eu lieu hier après-midi durant laquelle, selon Frédéric Boloré, « aucune avancée concrète n’a été discutée sur les revendications de pouvoir d’achat ». L’occasion cependant pour la direction de considérer le problème comme prioritaire. Et de proposer un planning de négociation portant sur trois jours pleins dès la semaine prochaine. En fait, selon Frédéric Boloré « on a senti qu’ils attendaient de voir ce qui se passerait aujourd’hui ». Et on a vu. Selon la CFDT, pas moins de 1 200 salariés ont cessé le travail. Ajouté aux 300 à 400 de vendredi, cela fait plus de 1 500 personnes en grève, soit 8 % de l’effectif français de la SSII. Pas de quoi enthousiasmer dans les grands bastions du syndicalisme à la française. Mais du jamais vu de mémoire récente de syndicaliste Cap. « En 2005, lors du précédent mouvement, nous avions atteint les 800 grévistes pour un résultat mitigé. La direction avait bien proposé un accord, mais ce dernier restait très imparfait dans l’approche collective des augmentations de salaire », explique Frédéric Boloré. La mobilisation de ce jour augure donc d’une négociation plus serrée les 7, 8 et 9 avril prochains, dates choisies par la direction pour tenter de dénouer le conflit.
Les prémisses d’une mobilisation pérenne?
Au-delà de la mobilisation chez Capgemini et quels que soient les résultats des négociations de la semaine à venir, il semble cependant que – côté syndical – la mobilisation enregistrée soit déjà très encourageante pour les futures discussions avec la direction. Selon Frédéric Boloré, « les salariés sont très mobilisés et décidés à poursuivre le combat s’ils n’étaient pas entendus ». Et d’ajouter que l’intersyndicale se réunira demain (mercredi 2 avril) pour déjà préparer la suite.
Un exemple qui pourrait inspirer les salariés d’autres sociétés. De nombreuses SSII connaissent des soubresauts sociaux liés à la concentration du secteur, ou à la tension sur les prix des prestations. Cependant, aucune intersyndicale n’est créée, rendant peu probable une montée en puissance du conflit à l’échelle de la branche Syntec. « Pour l’instant, les conflits sont localisés au sein de chaque entreprise et les syndicats de Capgemini n’ont pas cherché à rencontrer ceux d’autres groupes », reconnaissait vendredi Victor Szczerbina, représentant de la CGT Sud au sein du comité central d’entreprise de Cap. Pour Frédéric Boloré, il s’agit également d’un problème de structure. « Chez Capgemini, avec 5 syndicats représentés au niveau national, la représentativité est en ligne avec celle des autres secteurs. Ce n’est peut-être pas vraiment le cas chez les autres sociétés adhérentes au Syntec ».
Du coup, d’autres groupements s’organisent. Créé en 2005, le Munci (Mouvement pour une union nationale et collégiale des informaticiens) vient de décider de se lancer dans l’aventure syndicale. L’objectif : mieux mobiliser et surtout avoir des élus dans les instances représentatives. L’idée de s’associer à un autre syndicat fait également son chemin et des discussions avec l’Unsa - Union nationale des syndicats autonomes - sont en cours.
Une pierre dans le jardin des structures syndicales en place. Mais un éventuel effet de levier supplémentaire pour des informaticiens qui se retrouveront peut être plus dans une structure de branche associé à une association professionnelle.