Portables « low-cost », un nouveau cauchemar environnemental ?

Le nouveau phénomène naissant de l’informatique, les ordinateurs portables à bas prix, sur le modèle de l’EeePC d’Asus, pourrait, dans le cas d’un vaste succès commercial, s’ajouter à la liste des défis rencontrés par les tenants d’une industrie high-tech plus verte, autrement dit plus respectueuse de l'environnement.

Si l’on en croît l’engouement des constructeurs pour les ordinateurs portables à bas coût, ce pourrait être une déferlante d’ici la fin de l'année. Mais un succès confirmé de ce nouveau segment de marché n’est pas sans soulever bon nombre de questions environnementales.

Paradoxalement, les portables à bas coût ne sont pas des machines pour population désargentées. Meike Escherich, analyste chez Gartner, spécialiste des questions de recyclage, estime ainsi que ces ordinateurs sont « trop limités pour faire office d’ordinateur principal […] Il s’agit d’un second, voire d’un troisième ou même d’un quatrième ordinateur » dans un foyer. Au final, l’EeePC et ses clones sont donc susceptibles de faire émerger un premier souci écologique : la multiplication des ordinateurs personnels. Mais ce n’est pas le seul.

« Il seront mis au rebus beaucoup plus vite » : Meike Escherich estime que les portables « low cost » feront l’objet d’une attention beaucoup plus limitée que leurs grands frères. Peu chers, ils ne seront peut-être même pas réparés en cas de panne. Et seront manipulés avec moins de soin. Leur faible capacité de stockage ne fera même pas craindre la perte de données, d'autant que ces machines sont avant tout destinées à un usage connecté.

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Alors, une seconde vie pour l’EeePC ? Mieux vaut ne pas trop y penser. Selon, Meike Escherich, le cycle de vie des portables à bas coût risque d’être trop court pour cela. Déjà, avec des ordinateurs portables « classiques », la fréquence des pannes augmente sensiblement passé trois ans ; avec un modèle de type EeePC, cette échéance pourrait survenir encore plus vite.

Zeina Alhajj, responsable de la campagne internationale de Greenpeace sur les déchets toxiques, affiche un pessimisme plus limité. Pour elle, l’EeePC est un exemple intéressant de produit conçu pour un usage précis, par opposition à des produits conçus pour tout faire, bien au-delà des besoins réels de leurs utilisateurs. Mais Zeina Alhajj ne s’inquiète pas moins du fait que l’EeePC et ses clones pourraient n’être, au final, qu’un gadget high tech de plus, jetable au sens d’un mouchoir en papier ou d’un rasoir de surcroît.

Reste un point positif, relevé par Meike Escherich : « les portables à bas coût sont des produits très jeunes qui profitent de fait des dernières avancées en matière de conception pour favoriser leur recyclage. » A charge pour leurs constructeurs de mettre en place des procédures globales de gestion des produits en fin de vie… Et c’est justement l’actuel cheval de bataille de Greenpeace.

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