Idate : « la crise ouvre la voie à la création d’autres modèles de croissance »

Francis Lorentz a ouvert cette édition 2008 du DigiWorld Summit de l’Idate sur une note d’optimisme. Pour lui, la crise fait bien sûr peser de nombreuses menaces, notamment sur les jeunes entreprises innovantes, mais elle « ouvre aussi la voie à une redistribution des cartes et à la création d’autres modèles de croissance. » Des modèles construits, notamment, autour de l’économie numérique.

« La place du numérique, dans cette nouvelle donne, sera au cœur de ces deux prochains jours. » Le ton est donné, pour Francis Lorentz, président de l’Idate (Institut de l’audiovisuel et des télécommunications en Europe), la crise financière actuelle accouchera de nouveaux modèles de croissance. Le numérique doit y jouer un rôle important. Mais la partie n’est pas gagnée et les défis restent nombreux.

Une industrie armée pour faire face à la crise

Selon Francis Lorentz, l’industrie IT apparaît plutôt bien armée pour faire face à la crise que traversent actuellement les économies mondiales, une crise que le président de l’Idate prévoit « profonde et longue. » Selon lui, l’éclatement de la bulle Internet du début des années 2000 a en effet permis « l’assainissement des structures et des bilans ; de limiter les emballements spéculatifs et les initiatives aventureuses. »

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Reste que l’industrie IT ne devrait pas échapper aux conséquences de la crise : « elle pèsera sur le pouvoir d’achat des consommateurs et les capacités de financement des entreprises. » Et c’est bien justement là la faiblesse de l’industrie IT : elle reste très largement dépendante des consommateurs, que ce soit de manière directe ou indirecte.

Soulignant avec enthousiasme le dynamisme du Web 2.0 qui « témoigne de la capacité des technologies à favoriser les transformations économiques et sociales », Francis Lorentz relève que le trafic des consommateurs sur Internet a dépassé, en 2008, celui des entreprises, pour la première fois. « En 2010, les consommateurs pourraient créer 70 % de l’univers numérique ; ils deviennent de plus en plus des producteurs contribuant activement à la dynamique de la toile et à la croissance exponentielle des flux d’échanges. »

Des risques pour l’investissement

Mais le maintient du niveau d’engagement des consommateurs sur Internet – ils y sont attachés ; en France, les dépenses IT représentent en moyenne 8 % des revenus mais jusqu’à 17 % pour les foyers gagnant moins de 15 000 euros par an – ne suffira à pas soutenir l’industrie IT. Francis Lorentz insiste ainsi sur les lourds investissements nécessaires pour permettre aux réseaux d’absorber les nouveaux usages.

« Les capacités des réseaux doivent suivre, » avec la haute définition, notamment. « En France, seuls 50 % des lignes ADSL permettent d’atteindre 10 Mbps. » Et de chiffrer les investissements dans les infrastructures à 300 Md€ à l’échelle européenne. Las, « la rentabilité de ces investissement peut paraître trop lointaine ou hasardeuse dans le contexte actuel, » relève Francis Lorentz. Et de s’interroger :  « la concurrence suffira-t-elle à créer la dynamique nécessaire ? »

De nouveaux relais technologiques de croissance

Outre le réservoir de croissance que peuvent constituer les pays émergents, Francis Lorentz identifie aussi plusieurs relais technologiques de croissance : le cloud computing, l’Internet mobile et l’Internet des objets, « malgré les réticences qu’il peut susciter chez les consommateurs dans certains domaines. » 


Ouverture du DigiWorld Summit 2008
envoyé par LeMagIT

Reste que pour donner naissance à de nouveaux acteurs majeurs de l’économie de demain, ces technologies doivent nourrir des projets portés par des entrepreneurs audacieux. Et là, la situation n’est pas glorieuse : « le réservoir d’innovation est menacé. Ces créateurs d’entreprises innovantes sont si précieux dans un monde qui doute. » Et d’en appeler aux pouvoirs publics : c’est à eux, selon Francis Lorentz, « de s’assurer que l’environnement fiscal, financier, et réglementaire encourage l’investissement de ceux qui ont envie d’entreprise. L’enjeu est de transformer la croissance informationnelle en croissance économique. La crise peut accélérer les mutations. »

Un discours que Hamid Akhavan, membre du directoire de Deutsche Telekom et président de T-Mobile AG, a sûrement goûté, lui qui, intervenant peu après Francis Lorentz, en appelait à une régulation qui permette aux opérateurs de rentabiliser à long terme leurs investissements, pointant notamment les déploiements dans la fibre optique.

Mais plus globalement, sur la question du financement, et après quelques mots flatteurs de rigueur à l’intention du gouvernement et du régulateur, Francis Lorentz relève que, si la France « a beaucoup progressé dans son appropriation de l’espace numérique », elle est « loin de figurer dans le peloton de tête. » Et, « globalement, c’est l’Europe qui doit mieux faire. »

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