Yahoo mis à nu sous la pression de ses actionnaires

Le refus de Yahoo devant l’offre d’achat de Microsoft n’était pas le premier. Et le portail avait également repoussé les avances de Google. Autant de révélations qui pourraient encore fragiliser la position de la direction face à la partie de ses actionnaires la plus remontée.

L’étau se resserre autour de Jerry Yang et de ses partisans au sein du conseil d’administration de Yahoo. Et son rejet de la proposition de rachat par Microsoft pourrait bien s’avérer une victoire à la Pyrrhus. A un mois maintenant de l’assemblée générale du groupe, le courroux des actionnaires devrait monter d’un cran. Suite à la plainte de quelques-uns – notamment des fonds de pension -, les détails concernant les semaines qui ont précédé l’annonce du raid de Microsoft commencent à tomber. Et des tractations ont bien eu lieu, tant avec Microsoft qu’avec Google.

Microsoft par exemple a approché Yahoo dès 2007 avec une offre amicale valorisant le portail à 40 $ l’action ! Soit sept dollars de mieux que la meilleure offre de l’éditeur au cours de son récent raid avorté. Pour mémoire, en février, plusieurs informations faisaient état d’un seuil au dessus duquel certains membres du conseil d’administration se seraient laissés convaincre. On parlait alors de 37$ l’action. Et Jerry Yang lui-même a régulièrement évoqué la sous-évaluation du groupe pour justifier son opposition. Reste qu’à plus de 20% de mieux quelques mois auparavant, il s’était montré tout aussi dédaigneux.

Dans la même veine, Yahoo a refusé une offre de partenariat avec Google formulée à la veille du raid de Microsoft débuté le 1er février dernier. Le 30 janvier, un conseil d’administration extraordinaire a ainsi rejeté un accord commercial prévoyant la commercialisation des espaces publicitaires de l’outil de recherche de Yahoo par la régie de Google. Avant de faire volte face quelques semaines plus tard au plus fort de la pression de Microsoft.

L’offre de Google est tout à coup apparue une excellente idée et une période de tests à même eu lieu en dépit de la réglementation anti-trust – les deux groupes associés se retrouvant en quasi monopole sur la publicité en ligne, notamment aux Etats-Unis – qui rendait pourtant un accord de ce type pour le moins suspect.

Un ultime effort pour repousser Microsoft qui s’éclaire d’un jour nouveau avec les révélations sur le rejet d’un tel accord quelques semaines avant. Difficile dès lors pour Jerry Yang de se justifier, lui qui se défend d’un quelconque esprit « tout sauf Microsoft ».

Deux refus donc en quelques mois, opposés aux deux plus importants groupes du secteur, avec des valorisations intéressantes à la clé et alors même que les doutes sur le modèle économique et la stratégie de Yahoo se font sentir depuis plusieurs mois. De quoi vraiment provoquer la colère d’actionnaires qui s’organisent.

Outre l’action en justice qui commence à porter ses fruits, Yahoo doit faire face à la montée en puissance de Carl Icahn. Coutumier du fait, le milliardaire fourbit ses armes pour déstabiliser la direction de Yahoo et l’obliger à négocier avec Microsoft. En quelques semaines, il s’est octroyé plus de 4% du portail et pourrait bien approcher les 10% de part à la veille de l’assemblée générale, repoussée sous la pression à la fin juillet. Les autorités américaines viennent en effet de donner leur feu vert à une montée au capital à hauteur de 1,5 milliard de dollars supplémentaires.

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