Microsoft/Yahoo : Ballmer renonce, Google vainqueur

Steve Ballmer préfère jeter l’éponge. Et les jours à venir s’annoncent orageux pour Jerry Yang à la tête d’un Yahoo qui a résisté mais dont on ne sait pas à quel prix. Microsoft continuera donc seul à affronter Google, qui fait figure de grand gagnant de l’opération.

Microsoft renonce purement et simplement à acquérir Yahoo. Si le rejet de l’offre initiale de l’éditeur de Windows par le portail Internet était connu depuis une semaine, les dernières rumeurs faisait état d’une probable OPA hostile. Qui n’aura pas lieu.Du moins pour l'instant. Comme toutes les annonces importantes sur ce dossier depuis l’engagement de Redmond, c’est par la voix – en l’occurrence la plume – de Steve Ballmer que l’information a été rendue publique le samedi 3 mai. Microsoft a d’ailleurs publiée l’intégralité de la lettre de renoncement adressée à Jerry Yang. Ce qui en dit long sur les relations entre les deux hommes et sur la teneur des discussions. Visiblement, Yang a menacé Microsoft de lutte acharnée et de pourrissement de la situation en cas de tentative hostile de type proxy fight.

magit37 yahoo536La conquête du conseil d’administration de Yahoo passait certainement par une revalorisation de l’offre que n’a pas souhaité faire Microsoft. A 33 $ l’action, ce dernier jugeait avoir proposé le juste prix – légèrement réévalué par rapport à l’offre initiale de 31 $ - et surtout la bonne stratégie. Au moins ses actionnaires pourront lui être gré d’avoir de la suite dans les idées à défaut d’un fort pouvoir de séduction industrielle. Passé le cap de la réaction des opérateurs boursiers, Microsoft devra cependant réévaluer sa stratégie… Ou cueillir Yahoo un peu plus tard.

Microsoft meurtri, Yahoo affaibli

Car si la société de Jerry Yang – qui s’en félicite - a résisté à l’assaut, elle n’a convaincu personne - et encore moins une autre société - de sa capacité à conduire une stratégie gagnante. C’est donc un retour à la case départ : une capacité à monétiser son audience bien moindre que celle de Google et un retard sur les applications de réseau social qu’il va falloir combler. Ce 5 mai, l’action qui avait pris plus de 30% depuis l’annonce de l’offre, devrait subir de très fortes turbulences. Ce qui pourrait bien énerver un actionnariat qui – certes - aurait bien aimé une offre mieux dotée, mais qui se retrouve au final avec pas d’offre du tout. Notamment du fait de l’intransigeance de Jerry Yang. Ce dernier devra sans doute s’en expliquer dans les semaines à venir si le cours vient à chuter trop brutalement.

Le grand gagnant du jour s’appelle très certainement Google. Opposé dès le premier jour et très officiellement à l’opération, le moteur de recherche fait d’une pierre deux coups. Son grand rival Microsoft sort affaibli d’une lutte où il aura u minimum perdu de sa splendeur. Et Yahoo – son principal concurrent sur le marché américain de la publicité contextuelle - est encore plus mal en point.

Google de plus en plus pro

La lutte continue donc d’opposer Google et Microsoft. Ce dernier compte sur les évolutions prochaines de Live Search – son moteur de recherche multimédia (texte, images et vidéos) – pour refaire son retard. Reste que Google a déjà pris ce virage aux Etats-Unis. Et l’aveu de Brad Goldberg – responsable du développement du moteur de Microsoft – au journal Le Monde en dit long sur la position de Redmond. Plus que sur un leadership technologique, l’éditeur table sur la nécessité pour les annonceurs publicitaires de faire vivre sur le marché une alternative à Google. Un vrai discours de numéro deux, impuissant à prendre la première place.

D’autant que si Microsoft peine à conquérir une part importante du gâteau publicitaire sur Internet, Google, de son côté, n’hésite pas à venir chasser sur les terres d’Office et des applications pour entreprises. Les vaches à lait de Microsoft. Dernière escarmouche, le partenariat signé par Google avec IBM sur le partage de ressources en matière de "cloud computing". Si rien de très précis n’a été décidé, le potentiel en terme d’infrastructure distribuée et de d’applications en ligne laisse rêveur.

En face, Microsoft – qui peut tout de même compter sur une énorme base installée - se retrouve bien isolé pour pousser sa naissante stratégie Saas (Software as a service). Avec ou sans Yahoo, l’une des clés de l’avenir de Redmond réside dans sa capacité à basculer d’un modèle de paquet logiciel à forte marge à un modèle en ligne plus concurrentiel. Le tout en sachant lier des partenariats de distribution - sur l'hébergement - et de développement, là où excelle Google.

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