Programme du PS : la rationalisation de l'informatique de l'Etat remise en cause ?

Dans un entretien, le président du laboratoire des idées du PS, Christian Paul confirme l’intention de son parti de modifier la réforme générale des politiques publique (RGPP). Une entreprise qui comporte de nombreuses mesures liées à la mutualisation de l’informatique public, et notamment la nomination, aujourd’hui effective, du DSI de l’Etat.

Le projet politique du Parti Socialiste va-t-il remettre en cause le pharaonique projet de rationalisation de l’informatique publique, imposé par la Réforme générale des politiques publiques (RGPP II) ? C’est la question que l’on peut se poser à la lecture de l’entretien accordé par Christian Paul, président du Laboratoire des idées du PS - qui a participé à l’élaboration du projet pour la présidentielle 2012 -, au site acteurspublics.com.

Le député de la Nièvre, tout en indiquant dans un premier temps ”tourner le dos”  radicalement à la RGPP - il explique notamment que cette réforme représente “un affaiblissement de l’action publique, une perte substantielle d’ingénierie publique et une rupture du pacte républicain entre l’État et les collectivités locales” - se montre plus nuancé dans un second temps. Et confirme son intention de réaliser “un check-up intégral” de la réforme.

Reste à savoir de quelle ampleur pourrait bien être ce “check-up intégral”. Depuis sa création, l’informatique publique est l'une des clé de voûte de la RGPP et de nombreuses dépenses ont d'ores et déjà été engagées. Inauguré en juin 2010, la RGPP II vise notamment à réduire le déficit public en serrant la vis des budgets de l’Etat. Son objectif : économiser 10 milliards d'euros par an d'ici à 2013, via un plan incluant 150 mesures, dont un vaste pan touchant l’informatique, indiquions-nous en juillet. En point d’orgue concernant l’IT, la mutualisation des services, des achats et des moyens. Le document publié par le Budget précise d’ailleurs que, à la suite de quatre ministères pilotes en 2010, tous les ministères devront "d'ici à mi-2012 atteindre certains "standards de qualité" en matière de systèmes d'information, incluant une plus grande transparence sur leurs coûts. Le texte demandant également aux ministères de définir “un objectif de mutualisation des infrastructures techniques (centres de calcul et hébergement)" et d'identifier les "services qu'ils pourraient proposer aux autres ministères ainsi que les besoins qu'ils pourraient satisfaire grâce à une mutualisation avec d'autres ministères". Une véritable mise en commun qui vise à réduire de 10% le budget IT de l’Etat qui à l’époque était évalué à 3 milliards d’euros, selon les chiffres du Budget.

Le DSI de l’Etat en exercice


Il est à noter par ailleurs que certains pans de la réforme sont déjà entrés en application. A commencer par la nomination d’un DSI de l’Etat. Annoncé en juin 2010, par François Baroin, ministre du Budget, ce directeur de l’informatique publique a pour mission principale de mutualiser les fonctions de support informatique à travers l’ensemble des services de l’administration et de centraliser les achats publics en matière d’informatique. En outre, il doit également coordonner de nombreux chantiers autour de services publiques en ligne - propulsés par le succès de la déclaration d’impôts en ligne - tels qu’ un système de paiement en ligne des frais de santé ou le suivi des aides au logement, notamment. Sans oublier le très lourd déploiement de Chorus, le PGI de l’Etat. Nommé le 4 mars dernier, Jérome Filippini, ancien Directeur informatique du ministère de l’intérieur, a officiellement pris les rênes de la DSI de l’Etat.  Suivant ainsi le modèle américain ou encore britannique, les deux pays à avoir placé un DSI unique dans leur politique de mutualisation de l’IT étatique.

Le parti socialiste, dans son projet de réforme de la RGPP, pourrait bien bouleverser cette machine. Même si pour l’heure, l’informatique n’est pas encore précisemment un sujet abordé dans les propositions du PS.

Christian Paul conclut en ajoutant “qu’ il faut que les réformes soient de vrais progrès et non des mesures où l’on dégaine la machine à calculer avant même d’avoir défini les besoins des territoires et des populations”.

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