Symbian : Nokia explose la fondation pour reprendre les développements de l’OS

Presque deux après la création de la fondation Symbian, Nokia a finalement décidé de se réapproprier les développements de l’OS, ne laissant plus à la dite fondation que les miettes d’une gestion administrative de la marque. Face à une érosion continue des licenciés Symbian au profit de l’ogre Android, Nokia se devait de réabsorder l’OS pour ne pas avoir à entretenir financièrement une fondation qui le ralentissait.

La cure Open Source de Symbian n’aura visiblement pas suffi. Alors que le marché se faisait l’écho de rumeurs, de plus en plus persistantes, qu’un remue-ménage était en cours à la fondation Symbian, Nokia a finalement pris les devants en pleine conférence SEE 2010 (Symbian Exchange & Exposition). Dans une décision soudaine, qualifiée par certains analystes de mesure d’urgence, le constructeur finlandais a décidé de reprendre le contrôle de la fondation Symbian, quelque 18 mois après avoir placé le système entre les mains de la fondation pour, rappelons-le, soutenir son envol Open Source.

A l’époque, en juin 2008, Nokia souhaitait contre-carrer les plans des iPhone, Windows Mobile et autres Android - à l’époque encore frémissant - dont la progression sur le marché de la mobilité risquait sérieusement d’endommager les parts de marché de Symbian, alors n°1 du secteur. Une démarche Open Source avait donc été initiée afin de favoriser l’adoption de l’OS par les constructeurs, qui avaient décidé de rallier la fondation. AT&T, LG Electronics, Motorola, NTT Docomo, Samsung, Sony Ericsson, STMicroelectronics, Texas Instruments et Vodafone avaient alors répondu présent, comme nous l’indiquions dans nos colonnes.

En août 2010, Nokia avait également donné un signal fort de son implication en rachetant Motally, un éditeur américain spécialisé dans les statistiques et l’étude de fréquentation de sites Web destinées aux mobiles. Une série d’outils qu’il comptait mettra à disposition des développeurs Symbian afin de leur faciliter la difficile étape de la monétisation des applications mobiles. 

Mais s’il reste encore et toujours l’OS n°1 du marché mondial des smartphones avec 37 % de part de marché au T3 selon Canalys, Symbian voit sa popularité fondre comme neige au soleil devant les assauts de plus en plus musclés d’Android, qui séduit tant les utilisateurs que les constructeurs. Comme Samsung ou Sony Ericsson, qui après avoir rallié la fondation Symbian et licencié l’OS, décident de se retourner finalement vers l’OS Google - également Open Source. Samsung travaillant quant à lui sur son OS maison Bada et envisageant des terminaux sous le dernier Windows Phone 7. Une érosion des supporters de l’OS Symbian qui a finalement laissé un Nokia relativement isolé, accompagné notamment de Huawei, Fujitsu et Sharp, les rescapés de de la fondation.

Une structure qui n’est plus appropriée

Tim Holbrow, directeur de la fondation Symbian - nommé en remplacement de Lee Williams, qui a démissionné très récemment “pour des raisons personnelles”, officiellement -, explique dans un communiqué de presse que cette décision est liée à “une mutation sismique du marché mobile, mais plus généralement celle de l’économie qui a conduit à certains changements de priorité de nos membres fondateurs. Résultat, aujourd’hui la structure en place - celle d’une fondation - n’est plus appropriée”.

Dès avril 2011, Nokia se ré-appropriera les développements de Symbian et pour en faire un “modèle ouvert alternatif” selon ses propos - qui restera donc Open Source. Tout en réaffirmant fermement ses engagements vis-à-vis de la plate-forme, comme le constructeur l’indique dans un communiqué. La fondation quant à elle se limitera à partir de cette date à un rôle de gestion des droits de licence de l’OS, de la propriété intellectuelle et de la marque Symbian.

De son côté, le constructeur finlandais affirme que ce remaniement n’aura aucun impact sur la feuille de route déjà établie et sur le calendrier de sortie des futurs terminaux.

Nick Jones, analyste du cabinet Gartner, avait publié une note fin octobre, qui laissait entendre que Nokia devait rapidement prendre une décision. Une restructuration qui finalement n’a rien d’anormal et qui est nécessaire selon lui. “N’étant plus que le seul support financier de la fondation, Nokia n’avait pas trop le choix", semble-t-il dire. “Maintenir en activité une couteuse fondation uniquement pour supporter Nokia ne semble pas nécessaire, d’autant que la fondation ralentit le constructeur et n’apporte aucun bénéfice”.

Nokia et Symbian, soutenus par Bruxelles en Europe

Face à ce contexte pour le moins troublé,  Symbian avait pourtant trouvé la semaine dernière un confortable refuge en Europe, en s’adossant à un allié de poids : la Commission européenne qui, dans un programme baptisé Symbeose (pour Symbian - the Embedded Operating System for Europe), a décidé de faire de l’OS de Nokia un système de référence pour les développements mobiles et embarqués en Europe. Si ce vaste programme - subventionné à hauteur de 22 millions d’euros, dont 11 millions d’euros par Bruxelles -, dont l’objectif est de faire évoluer l’éco-système Symbian, est contrôlé par un consortium d’industriels, il apparait aujourd’hui que Nokia en sera l'un des rares bénéficiaires.

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