Axway volant de ses propres ailes, ce n'est pas pour tout de suite

Pourtant bien engagé, le projet visant à rendre l'éditeur Axway indépendant de sa maison mère Sopra a été brutalement stoppé ce matin. Les discussions avec Bercy, sur des questions fiscales, sont au centre de ce revirement surprise.

Via un communiqué annoncé ce matin, Sopra a annoncé "l'arrêt du processus de séparation d'Axway", filiale logicielle que la SSII prévoyait d'introduire en bourse avant la fin d'année. Un projet pourtant bien avancé puisque Sopra avait déjà obtenu l'aval des instances représentatives du personnel et l'approbation du conseil d'administration du groupe sur les différentes étapes d'avancement du projet. Rappelons que Sopra Group devait conserver autour de 15 % des actions d'Axway, une fois celle-ci cotée séparément. La SSII espérerait dégager 230 M€ de cette opération, ce qui aurait pu lui permettre de renforcer ses filiales européennes, en difficulté durant la crise.

En réalité, le blocage réside dans un régime "d'agréments fiscaux", en contrepartie desquels les actionnaires de référence devaient souscrire des engagements de conservation des titres de Sopra Group et de la nouvelle société Axway pendant une durée de 3 ans, selon les termes d'un communiqué émis par la SSII en juin dernier. "Le conseil d’administration de Sopra Group a constaté, le 19 Septembre 2010, que les conditions de réalisation du projet de séparation mises par le Bureau des agréments (du ministère du Budget, NDLR) ne peuvent être remplies", se contente d'indiquer aujourd'hui la SSII dans un communiqué sibyllin.

sopraLa société a refusé de répondre à nos questions sur les raisons de ce soudain blocage. Provient-il d'un durcissement des conditions fixées par Bercy ou du revirement d'un actionnaire ? La société compte parmi ses actionnaires principaux la holding Sopra GMT (contrôlée par les familles des fondateurs, Pierre Pasquier et François Odin), mais également la Société Générale et Caravelle (une holding contrôlée par Pierre-André Martel).

Une surprise pour les salariés

Même si le groupe nous a affirmé ne pas renoncer à son projet de séparation de sa branche logicielle, ce coup d'arrêt constitue un revers pour Pierre Pasquier, le Pdg, qui avait largement porté ce projet visant à faire d'Axway un éditeur de taille internationale. Une ambition marquée notamment par le rachat de l'éditeur américain Tumbleweed (pour 95 M€), renforçant la présence de la filiale logicielle de la SSII de l'autre côté de l'Atlantique. Déjà isolé dans les comptes de Sopra - en vue d'une scission désormais repoussée -, Axway a généré un chiffre d'affaires dépassant les 95 M€ sur les six premiers mois de l'année (en croissance de 13,7 %). Selon le classement établi par la société de capital-investissement Truffle Capital, Axway était en 2009 le deuxième éditeur français derrière Dassault Systèmes.

Du côté des salariés, la surprise a été totale. L'intersyndicale d'Axway explique ainsi n'avoir eu aucune information sur ce qu'elle considère comme un coup d'arrêt pour le projet de séparation. "Les représentants du personnel avaient été largement associés au projet et un certain nombre de modifications opérationnelles (reporting financier, systèmes d'information, etc..., NDLR) ont déjà été mises en place", remarque un représentant du personnel, ajoutant que les organisations syndicales ont prévu d'adresser une lettre à Pierre Pasquier et à Christophe Fabre (Pdg d'Axway) pour demander des explications.

Le départ du numéro deux

Signalons encore que la direction de Sopra traverse une période de transition, après le retrait en juin dernier de son numéro deux, Dominique Illien. Présenté lors de son recrutement en 2007 comme le dauphin de Pierre Pasquier, ce dernier était censé prendre les rênes de l'entreprise en 2010. Sauf que le passage de témoin ne s'est jamais réellement effectué. Lors de la dernière assemblée générale des actionnaires, la société a fait voter une proposition visant à repousser de deux ans la limite d'âge prévue dans les statuts de la société, permettant à Pierre Pasquier de poursuivre l'aventure démarrée en 1968.

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