Après l'échec du spin-off d'Axway, le ton monte entre les fondateurs de Sopra et le fonds Caravelle

L'arrêt surprise de la séparation d'Axway cachait des tensions entre les actionnaires de Sopra. D'un côté, les fondateurs, à commencer par le Pdg Pierre Pasquier, qui viennent de monter au capital. De l'autre, le fonds d'investissements Caravelle, qui lui aussi rachète des actions de la SSII.

Une semaine après avoir annoncé l'arrêt surprise du processus de séparation d'Axway, sa filiale logicielle qui devait être cotée séparément avant la fin d'année, Sopra a publié ce week-end un communiqué qui laisse peu de doutes sur les tensions à l'origine de ce revers. Y transparaît en effet un conflit entre les fondateurs de la société (Pierre Pasquier et François Odin, représentés via la société Sopra GMT, premier actionnaire de Sopra Group) et Caravelle, une société d'investissements contrôlée par Pierre-André Martel. Ce dernier est, selon le dernier classement établi par le magazine Challenges, la 148ème fortune de France, avec un patrimoine estimé à 250 M€.

Dans ce communiqué, la SSII explique en effet que "l’abandon récent de l’opération de spin-off entre Sopra Group et Axway est dû au refus du fonds Caravelle de prendre les engagements de conservation de titres que demandait le bureau des agréments (du ministère du Budget, NDLR) pour autoriser l’opération". En effet, les actionnaires de référence devaient bénéficier d'une franchise d'impôt, en contrepartie d'engagements de conservation des titres de Sopra Group et de la nouvelle société Axway pendant une durée de 3 ans.

Un fonds qui renforce peu à peu son emprise

Ce clash avec Caravelle a poussé ce dernier à se renforcer dans le capital de la SSII, passant ainsi de moins de 15 % à 17,47 %. Le fonds demande que l'opération de scission soit menée à son terme (mais manifestement à ses conditions) et précise qu'il envisage de poursuivre ses achats d'actions, tout en affirmant ne pas vouloir dépasser le tiers du capital ni prendre le contrôle de la SSII. Caravelle a également laissé entendre qu'il pourrait demander la fusion de Sopra GMT, la holding des fondateurs, et de Sopra ainsi que la nomination d'un nouvel administrateur au conseil d'administration du groupe (Pierre-André Martel y figure déjà).

En 2009, Caravelle était sortie de Sopra GMT pour détenir ses titres Sopra Group en direct. Le fonds avait alors mis un terme au pacte d'actionnaires qui le liait depuis 2004 aux fondateurs de la société, date de son entrée au capital de Sopra GMT suite à la cession de parts détenues par la famille Odin.

La question de la succession de Pierre Pasquier

Face à ce qui ressemble à une ouverture officielle des hostilités, Sopra GMT a riposté en se renforçant à son tour dans le capital de la SSII. La holding (où figurent les familles Pasquier et Odin ainsi que les managers de la société) est ainsi montée à hauteur de 34,6 % du capital. Tout en rappelant qu'elle est également liée par un pacte d'actionnaires à Geninfo (groupe Société Générale), qui détient 12,2 % de Sopra.

Si la position des fondateurs - et surtout du Pdg Pierre Pasquier - apparaît donc solide, les manœuvres de Caravelle jettent le trouble dans un groupe à la gestion très familiale et peu habitué aux batailles boursières. Le tout à un moment où la question de la succession de Pierre Pasquier (75 ans) revient sur le devant de la scène. En juin dernier, le dauphin du fondateur, Dominique Illien, s'est en effet démis de tous ses mandats reculant un peu plus le passage de relais à la tête de la SSII, prévu en 2010. Ce départ a d'ailleurs abouti au vote, lors de la dernière assemblée générale du groupe, d'un report de 24 mois de la limite d'âge pour diriger la société. Une période qui pourrait apparaître propice à un fonds tenté par un raid sur un des fleurons des services informatiques à la française.

En complément :

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