BearingPoint en dépôt de bilan : le marché français serein.. pour l'instant

Dans l'incapacité de faire face à ses dettes, BearingPoint s'est réfugié sous la protection de la loi américaine sur les faillites. Des négociations seraient en cours pour vendre les activités asiatiques à Accenture. En France, pour l'instant, le marché ne semble pas inquiet de l'avenir du cabinet dans l'Hexagone.

Le dépôt de bilan de BearingPoint aux Etats-Unis, où la firme s'est placée sous la protection du chapitre 11 (loi américaine sur les faillites), ne semble pas agiter outre mesure le marché français. Certes, depuis l'annonce du dépôt de bilan - en raison de l'incapacité de la société de faire face à un mur de dettes (environ un milliard de dollars, dont 200 millions exigibles en avril) -, BearingPoint s'échine à expliquer que ses filiales ne sont pas concernées. Certes encore, la procédure ne touche que la maison mère américaine. Mais, si la justice américaine valide le plan présenté par la société, l'accord prévoit que les principaux débiteurs de BearingPoint en prennent le contrôle, tandis que les actions existantes seront annulées sans contrepartie.

Un changement de propriétaires qui pourrait dans un second temps avoir des répercussions sur les filiales. Selon Reuters, Accenture aurait ainsi mandaté un intermédiaire pour négocier le rachat des activités asiatiques du cabinet de conseil en difficulté, une information que n'ont pour l'instant confirmée ni Accenture ni BearingPoint. C'est ce même sort qui pourrait attendre les activités européennes. C'était d'ailleurs, avec une fusion, l'une des voies étudiées par la direction de BearingPoint tout au long de 2008 pour faire face à ses remboursements de créances, signale NelsonHall dans une note. Dominique Raviart, analyste au sein de ce cabinet, explique : "les activités européennes se portent bien. Mais, dans la situation actuelle, les décisions seront plus dictées par des considérations financières qu'opérationnelles".

"Carnets de commande remplis, contrats rentables"

En France, où le cabinet de conseil dispose de solides positions (notamment dans le secteur public : Minefi, Défense, déploiement du progiciel comptable Chorus), le marché ne semble toutefois pas gagné par la nervosité. Plusieurs cabinets spécialistes dans le conseil en prestataires (sourcing) pour les grands comptes expliquent n'avoir eu aucun appel de clients BearingPoint inquiets du devenir de leur prestataire. De son côté, un interlocuteur au sein de l'administration française commente : "les carnets de commande de BearingPoint France sont bien remplis et ils sont positionnés sur des contrats rentables. Même si la maison mère choisit de vendre, un acquéreur se manifestera. Je n'ai pas d'inquiétude sur la continuité des contrats signés." 

Europe et Asie : les locomotives du groupe

Lors du dernier exercice annuel publié par la firme - en 2007 -, les activités européennes pesaient plus de 790 millions de dollars (sur un total d'environ 3,5 milliards). Soit une progression de 12,5 % sur un an, alors que, dans son ensemble, le groupe voyait son activité stagner et sa perte se creuser.

Sur les neuf premiers mois de 2008, la société a connu cette fois un recul de 3,2 % de son activité (à 2,5 milliards de dollars), dû aux difficultés rencontrées aux Etats-Unis auprès du secteur privé, tandis que son activité principale (le secteur public américain, près d'un milliard à lui seul) se maintenait. Les activités européennes et asiatiques ont, elles, continué leur progression, avec une croissance proche de 15 %. Sur ces neuf mois, BearingPoint a également redressé la tête en ce qui concerne ses marges, avec un revenu opérationnel de 83 millions (contre une perte de 105 millions un an plus tôt).

Constitué par l'agrégation d'activités de conseil de KPMG et d'Arthur Andersen en 2002, BearingPoint emploie quelque 17 000 personnes dans le monde, dont 900 en France.

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