Bonne année 2011 pour les fusions-acquisitions en France

Plus de 50 opérations de rachat dans le secteur logiciel en France en 2011 pour une valeur qui pourrait atteindre 350 millions d’euros. Réunis par l’Afdel, les éditeurs de logiciels croient dans les vertus de la croissance externe et évoquent un marché aux valorisations raisonnables qui pourrait bien s’enflammer sur fond de succès des éditeurs Saas.

2011 serait un bon cru dans les fusions et acquisitions, en France, dans le secteur du logiciel. C’est ce qu’a indiqué Pierre Yves Dargaud, Président fondateur d’AP Management, l'une des principales sociétés de conseil en fusions-acquisitions spécialisée dans le secteur des technologies de l’information, le 29 novembre dernier à l’occasion d’un petit déjeuner organisé par l’Afdel, association regroupant les éditeurs de logiciels français, autour du thème « Fusions et Acquisitions : tendances et stratégies dans l’édition de logiciels. » L’occasion également de confirmer le dynamisme de l’édition de logiciels et la prévision de croissance de plus de 3 % du secteur, en France pour 2011, annoncée par Pierre Audoin Conseils. Selon Pierre Yves Dargaud, le seuil des 50 opérations pourrait être atteint pour un volume de chiffre d’affaires de 320 à 350 M€. Au delà des chiffres, il a insisté sur deux tendances fortes en France : les opérations ciblent en moyenne des sociétés réalisant 10 M€ de CA et, dans 70 % des cas, elles sont réalisées entre les éditeurs français eux-mêmes. Pour les opérations d’acquisition réalisées par des sociétés étrangères, ce sont les américains qui dominent avec 50 % de part de marché, devant les allemands.

Autre particularité du marché français, trois éditeurs concentrent les mouvements de fusions-acquisitions dans le secteur du logiciel : Sage, Cegid et DL Software. Antoine Henry, directeur général de Sage France, qui accueillait l’événement, a notamment rappelé, lors de la table ronde, que l’éditeur britannique continuerait à se développer par croissance externe. Une stratégie initiée depuis 1997, avec une trentaine d’acquisitions, a t-il rappelé, et qui lui a permis de grandir rapidement pour atteindre un effectif de plus de 2 500 personnes aujourd’hui. Une stratégie qui semble réussir puisque que Sage vient d’annoncer pour la France une croissance de 5 % en 2011, supérieure à la croissance du marché annoncée par PAC.

Jean Noel Drouin, directeur général de DL Software, est intervenu pour insister à son tour sur les vertus du modèle de croissance externe. Il a notamment expliqué que ce modèle coûtait finalement moins cher que celui de la croissance organique si il était bien géré dans ses deux phases principales : l’audit (due diligence, en anglais) et la négociation avec les cédants quant à leur rôle futur.

Valorisation basse des petits éditeurs métiers mais tendance inflationniste liée au Saas

Au cœur de ces deux phases, on trouve en filigrane la valorisation des éditeurs rachetés. De nombreux critères sont mis en avant (taille, modèle de commercialisation, portefeuille clients…), mais au final, en moyenne, la valorisation est d’un peu plus d’une fois le chiffre d’affaires pour un éditeur métier. Un modèle de prix qui apparait donc comme très éloigné de ceux enregistrés aux Etats-Unis ou encore lors de certaines affaires atypiques comme le rachat – en France - d’Exalead par Dassault Systèmes pour un peu plus de 10 fois le chiffre d’affaires.

Reste que, selon les participants aux débats, des éléments nouveaux pourraient changer la donne côté vendeurs. Et la montée en puissance du SaaS (Software as a Service) pourrait bien venir doper les prix. Antoine Henry estime cependant qu’acheter un éditeur estampillé Saas constitue un achat technologique qu’il faut pouvoir valider sur le plan technique. Et de souligner qu’il n'est pas rare que les montées en charge promises sur ce modèle ne soient pas réellement assurées techniquement par les éditeurs.

Néanmoins, avec une croissance de 25 % du marché des logiciels en mode Saas en 2011 annoncée par PAC, il est clair que la valorisation des éditeurs se fera à la hausse. Olivier Novasque, directeur général de SideTrade, insiste d’ailleurs à contrario du patron de Sage sur la facilité d’intégration de ces sociétés sur le plan technique, ainsi que sur leur modèle financier fondé sur des revenus récurrents, élément particulièrement bien compris des financiers. 

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