Google débourse 12,5 Md$ pour Motorola Mobility

Enorme rachat sur le segment de la mobilité. Google a annoncé l'acquisition de Motorola Mobility pour la somme pharaonique de 12,5 Md$. Outre le fait de devenir un constructeur de terminaux mobiles et de se dresser devant Apple, le groupe rachète également un important portefeuille de brevets qui viendra protéger l'éco-système Android, aujourd'hui ébranlé par plusieurs procès.

Changement radical du marché mondial de la mobilité. Dans ce qui s'apparente à un raz de marée, Google a annoncé ce lundi 15 août le rachat de Motorola Mobility, pour la somme de 12,5 milliards de dollars. La plus grosse acquisition à ce jour pour Mountain View qui paie le prix fort pour s'offrir la division mobilité de Motorola (63% au dessus du cours du titre, vendredi dernier). Illustration de son importance pour le groupe de Larry Page qui entend bien rebattre les cartes de la mobilité en se muant en un constructeur de terminaux mobiles. En ligne de mire : le très lucratif couple hardware + software promu par Apple, avec l'iPhone, sur ce segment.

En se payant la division mobilité de Motorola, filialisée début 2011 par le constructeur de smartphones, Google se rapproche de l'un des principaux constructeurs phares de terminaux Android, l'OS mobile qu'il a lui même initité et qui truste le segment des systèmes d'exploitation pour terminaux mobiles avec plus de 43% de parts de marché, comme le révèlent les derniers chiffres du cabinet Gartner. Motorola développe également une tablette tactile, baptisée Xoom, elle-même motorisée par Android. Avec Motorola Mobility, Google se dote non seulement d'une partie hardware, optimisée pour son OS, mais complète également l'éco-système d'Android d'un partenaire de poids qui vient "suralimenter" l'éco-système de l'OS, comme l'indique lui-même Larry Page, dans un billet qui annonce la transaction. Selon les termes du rachat, Motorola Mobility conserve ses accords de licences liés à Android et agira en tant qu'activité indépendante. Page ré-affirme également les ambitions d'ouverture pour Android. 

Outre l'ampleur de ce rachat qui vient déstabiliser le marché et contribue à dresser un mur face à Apple, cette acquisition permet surtout à Google de se doter d'un vaste portefeuille de propriété intellectuelle riche de quelque 24 500 brevets (17 000 brevets approuvés et 7 500 en cours d'approbation), qui devrait ainsi protéger juridiquement l'OS et son large éco-système. Avec la division mobilité de Motorola, Mountain View s'offre une forme de police d'assurance, alors qu'Android est au centre de plusieurs dossiers juridiques, tant en Europe qu'aux Etats-Unis.

De plus, rappelons qu'un consortium, composé de Apple, EMC, Ericsson, Microsoft - ce dernier aurait également été en lice pour racheter Motorola Mobility - RIM et Sony, a récemment acquis les brevets de Nortel portant sur les technologies 4G, notamment, au nez et à la barbe de Google. Initialement, ces brevets devaient servir au groupe à protéger les partenaires Android.

Larry Page, d'ailleurs, explique dans ce même billet, que "le rachat de Motorola améliorera la compétition en renforçant le portefeuille de brevets de Google, ce qui nous permettra de mieux protéger Android des menaces anti-concurrentielles de Microsoft, Apple et d'autres entreprises". Citons également le procès intenté par Oracle qui accuse Google d'avoir violé la propriété intellectuelle de Java dans Android.

Reste que ce rachat majeur sur le marché de la mobilité devrait également placer Google un peu plus dans le collimateur des autorités américaines de régulation de la concurrence, commentent nos confrères de Zdnet. La FTC a en effet ouvert une enquête sur les relations commerciales de Google et des autres fournisseurs de services mobiles. Ce rachat, encore sujet à l'approbation des autorités européennes et américaines, pourrait bien ajouter des pièces au dossier.

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