En misant sur le cloud, Google sonne la charge contre les bases de données traditionnelles

Nouveau concept technologique, accès en mode cloud computing, accent mis sur la collaboration et l'intégration de données : pour son arrivée sur le segment des bases de données, Google attaque les SGBD là où ça fait mal. Si la firme de Mountain View ne peut prétendre monter sur des applications critiques transactionnelles, sa future offre peut venir titiller les éditeurs traditionnels sur des besoins moins exigeants.

L'offensive de Google en direction du monde de l'entreprise se poursuit. Après avoir annoncé un plug-in pour Outlook qui menace une des vaches à lait de Microsoft - le serveur de messagerie Exchange -, la firme de Mountain View cible maintenant le SGBD. Certes l'outil proposé par Google n'est qu'une version de tests, mais voilà IBM (pour DB2), Microsoft (pour SQL Server) et surtout Oracle prévenus.

Son le blog de son équipe de recherche, Google explique avoir mis au point une version préliminaire d'une base de données en mode cloud computing. Une offre qui promet une nouvelle approche en matière de gestion des données. "Les bases de données sont notoirement difficiles à utiliser, expliquent deux chercheurs de Google, Alon Halevy et Rebecca Shapley. Et il est encore plus difficile d'intégrer des données provenant de sources multiples et de collaborer sur de grands sets de données avec des personnes en dehors de l'organisation". Sur ces deux points, Fusion Tables, le nom de la base de données de Google, promet des avancées.

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fusion tables conversation"Fusion Tables n'est pas une base de données traditionnelle centrée sur des requêtes SQL complexes et le transactionnel. Le focus a plutôt été mis sur la gestion des données et la collaboration". La version d'ores et déjà disponible permet d'uploader des tableaux renfermant jusqu'à 100 Mo de données (chaque utilisateur dispose de 250 Mo au total). Des options permettent de partager - ou non - certaines parties de ces informations avec des collaborateurs. "Vous pouvez même partager différentes parties de vos données avec différents collaborateurs", explique Google sur son blog. La firme propose également différentes visualisations des données (notamment dans Google Maps ou via une API maison), des exports en HTML (pour une intégration à une application Web) ou en CSV. Fusion Tables fournit également des fonctions de collaboration, permettant de discuter sur les valeurs "à différents niveaux de granularité", selon Google (voir capture ci-dessus). Chaque champ d'une base peut ainsi être annoté par les utilisateurs habilités à partager les données.

Plus besoin d'harmoniser les sets de données

Mais, selon Stephen Arnold, un analyste interrogé par nos confrères de CIO.com, l'essentiel réside dans la technologie qui sous-tend Fusion Tables. Connue sous le nom de data-spaces (qu'on pourrait traduire par containers de données), cette technologie, dont discutent les chercheurs depuis le début des années 90, vise à résoudre les difficultés nées de l'intégration des multiples types et formats de données dans les organisations. Avec les bases de données traditionnelles, les équipes de la DSI doivent mener de coûteux efforts d'harmonisation de l'information. Avec les containers, plus besoin de migrer les données, un index assurant l'accès aux bonnes informations quels que soient leur format ou leur type. La version de tests de Fusion Tables propose d'ailleurs une fonction permettant intuitivement de fusionner deux bases téléchargées dans le nuage de Google (voir capture ci-dessous).

fusion merge

En plus de réduire les coûts d'intégration - au moins sur le papier -, cette approche permet d'ajouter de nouvelles dimensions aux bases de données, comme les posts sur les blogs, les mini-messages Twitter, etc., tout en conférant aux utilisateurs la possibilité de mises à jour en temps réel. "Nous sommes face à un cube à quatre dimensions. Et dans cet espace nous pouvons réaliser de nouvelles requêtes, qui créent de nouveaux types de produits et de nouvelles opportunités sur le marché", s'enthousiasme Stephen Arnold, président de Arnold Information Technology. "Si vous vous appelez IBM, Microsoft ou Oracle, votre pire cauchemar est maintenant visible". Rien que ça.

Pour l'instant, Google n'a mis à disposition qu'une simple version de test. Et n'a donné aucun détail quant à une éventuelle sortie officielle de Fusion Tables. De même, la firme n'a donné aucune indication quant au modèle économique qu'elle adoptera lors de la commercialisation de la base en mode cloud. Un point essentiels que ne manqueront pas de scruter avec attention les actuels leaders de la base de données, pour voir si le cauchemar devient réalité.

En complément :

Tester Google Fusion Tables (nécessite un compte Gmail)

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