Cet article fait partie de notre guide: OpenStack : le Cloud a trouvé son socle standard

OpenStack : Entretien avec Adrian Ionel, CEO de Mirantis

Adrian Ionel, le CEO et président de Mirantis, le principal fournisseur et intégrateur mondial d’OpenStack, revient sur sa stratégie et sur la progression d’OpenStack sur le marché.

À l’occasion de l’ouverture de son bureau en France, à Grenoble, LeMagIT a pu discuter avec Adrian Ionel, le CEO et président de Mirantis, le principal fournisseur et intégrateur mondial d’OpenStack. L’occasion de revenir sur l’histoire de la société, sur sa stratégie et sur la progression d’OpenStack sur le marché.

Adrian Ionel est CEO de Mirantis

Adrian Ionel est CEO de Mirantis

Mirantis est connu depuis plusieurs années aux États-Unis, mais vous n’avez ouvert que récemment votre premier bureau en France. Pourriez-vous nous retracer l’histoire de la société ?

Nous avons commencé le voyage OpenStack en 2010, alors que personne ne s’intéressait vraiment à la plate-forme et où pas mal de gens commençaient à réfléchir à bâtir des infrastructures de type AWS. Nous avions une expertise des systèmes distribués et nous avons dédié nos premiers ingénieurs à OpenStack en 2010. Nos premiers succès ont été remportés auprès de sociétés comme Paypal puis eBay, WebEx, GAP ou AT&T.

Du fait de notre expertise, nos clients nous ont fait confiance. Nous proposions des services d’ingénierie car OpenStack était encore très vert, incomplet et comptait encore pas mal de bugs. Notre intention était toutefois de productiser ce savoir-faire. C’est ce que nous avons commencé à faire en mai 2011 en dédiant cinq ingénieurs au développement de ce qui allait devenir Mirantis OpenStack. Aujourd’hui, 170 ingénieurs travaillent au quotidien sur la distribution. Les 170 autres salariés font essentiellement du conseil et de l’intégration. Nous sommes aujourd’hui le plus grand pure player OpenStack,  avec la distribution la plus utilisée au monde.

Comment voyez vous évoluer l’adoption d’OpenStack ?

Nous avons signé 43 nouveaux clients dans la seule première moitié de l’année. Parmi eux, on compte des clients comme John Deere, Home Depot, Wells Fargo, Capital One (hier). Il y a toujours beaucoup de fournisseurs de services et d’acteurs du web parmi nos clients mais la nouveauté est que les entreprises arrivent désormais en masse.

Nous avons aussi de plus en plus de succès en Asie et Europe. Pas mal de nos équipes d’ingénierie sont d’ailleurs en Europe de l’Est, en Russie et en Pologne notamment. Ericsson est ainsi devenu notre plus gros client. Ils ont adopté Mirantis OpenStack pour en faire la base de leur offre NFV.  Dans le monde des télécoms, on peut aussi citer des clients comme PacNet (Hong Kong),  en Asie, Huawei ou ZTE (Chine), ou KVH (Japon).

Qu’est ce qui vous différencie d’un Red Hat, d’un Suse, d’un Piston ou d’un HP ?

La différence de Mirantis OpenStack est son ouverture. Nous sommes un pure player OpenStack qui a misé sur l’open source. Contrairement à d’autres nous n’avons pas d’agenda autour d’OpenStack. Pour nous peu importe par exemple  l’OS qui tourne au-dessus ou le matériel utilisé.

Tous les composants de la distribution sont ouverts et tous nos développements sont contribués upstream. Tous nos composants peuvent être implémentés Séparément. Les clients peuvent ainsi personnaliser leur implémentation autour de nos composants. Bien sûr s’ils choisissent de sélectionner certains de nos  composants et d’en personnaliser d’autres, le support ne pourra se faire que sur une base ad hoc. Mais en général cela se passe plutôt bien. Rare sont les déploiements où il n’y a pas de personnalisation.

Le second différenciateur est que Mirantis OpenStack est très facile à déployer. On a aussi une grande tolérance aux pannes avec aucun point de faille dans la pile Mirantis OpenStack. Ce que personne n’offre vraiment. En plus de ça on se différencie chez les grands clients par nos capacités de services avec la possibilité de délivrer OpenStack sous la forme d’une solution prête à l’emploi. En ce sens, nous sommes bien plus puissants qu’e-novance récemment racheté par Red Hat. Nous avons aussi des compétences de formation avancées aussi bien sur Mirantis OpenStack que sur la distribution open source.

Quelle est l’approche type des clients lorsqu’ils abordent un projet OpenStack ?

La plupart des clients déploient d’abord un pilote sur un cas utilisateur bien identifié, si celui-ci réussit ils étendent leur déploiement. Le pilote est typiquement centré sur une application bien ciblée, comme fournir un environnement de développement. Certains, bien plus rares, passent aussi par une phase de proof of concept.

Une motivation assez commune des clients est d’utiliser OpenStack pour remplacer à bas coût VMware. La plupart des entreprises commencent à comprendre qu’il leur faut migrer vers une infrastructure standard de type cloud bien plus souple que ce dont ils disposent.

La faible maturité de certains composants comme Neutron ou la faible richesse fonctionnelle d’autres comme Cinder semble avoir posé des problèmes à certains. Quel est votre avis à ce sujet ?

Certains composants d’OpenStack ne sont pas aussi mûrs et « scalable » que ce qu’ils devraient être. Sur la prochaine itération d’OpenStack, baptisée Juno, nous sommes

n°3 en termes de contributions et nous travaillons de façon ardente à améliorer ces points et notamment la pile réseau Neutron. Des composants clés d’OpenStack tels que Nova, Neutron, Glance et Cinder doivent être performants et d’une stabilité irréprochable.

On a aussi vu des clients remplacer certains composants d’OpenStack par des solutions tierces notamment en matière de stockage ?

Beaucoup de clients combinent en effet des composants de stockage tiers avec OpenStack. Il faut noter que dans la plupart des cas cela n’est pas pour un problème de fiabilité des composants OpenStack. Plus souvent il s’agit d’un compromis prix/performance. C’est notamment vrai dans le monde de l’entreprise. De notre côté nous offrons une solution clé en main basée sur Ceph.

Vous avez récemment ouvert un bureau à Grenoble, comment s’intègre cette ouverture dans votre stratégie de développement à l’international ?

Nous n’avons pas pour objectif d’être présents dans tous les pays où nous avons  des clients. Nous avons déjà servi beaucoup de clients internationaux depuis nos implantations existantes. Mais nous avons quelques buts clés et notamment celui d’attirer des talents d’ingénierie dans les lieux où on est présent. Il y a beaucoup d’ingénieurs de talents qui ne vivent pas dans la Silicon Valley. La Pologne est ainsi aujourd’hui un bureau qui rencontre un beau succès et qui a joué un rôle essentiel dans le déploiement chez Ericsson. Il nous faut aussi être présents sur les marchés significatifs, ce qui est le cas des grands pays d’Europe de l’Ouest. Nos implantations doivent se justifier d’un point de vue économique. Quand on regarde ces arguments, la mise en place d’une équipe à Grenoble fait sens. D’ailleurs à Grenoble Patrick et son équipe contribuent beaucoup à nos activités de R&D et de développement produit. Ils fournissent aussi un support local pour nos clients.

À votre avis où en est l’Europe dans son adoption d’OpenStack ?

L’Europe a globalement un an de retard sur les États-Unis. Mais cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas des déploiements significatifs en Europe. SAP, par exemple, opère 3 clouds OpenStack en interne et est très en avance. Ericsson est aussi le premier très large fournisseur d’infrastructures de téléphonie mobile qui se soit engagé sur OpenStack et c’est une décision de son comité exécutif. En Pologne, on a aussi vu des déploiements très tôt. Et puis, certaines industries sont très internationalisées et l’adoption d’OpenStack s’y fait de façon similaire quelle que soit la zone géographique.

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