Cet article fait partie de notre guide: Le renouveau de l’ERP

Infor refond son offre Cloud en profondeur

LeMagIT fait le point sur les nouveaux produits du numéro trois de l’ERP et sur son « rebranding » qui regroupe sous une seule marque toutes ses solutions SaaS.

En avril, Infor avait dévoilé le premier ERP en mode Cloud de son histoire : Infor M3 sur AWS. Pour l’occasion, l’interface de la suite avait été simplifiée et refondue en HTML 5 pour la rendre compatible avec tous les navigateurs et les appareils nomades (iPad et autres). Devaient suivre rapidement deux autres ERP : LN et SyteLine.

Mais depuis l’éditeur a refondu totalement sa gamme et l’a « rebrandée ». Pour s’y retrouver dans cette nouvelle offre pléthorique et dans la stratégie d’Infor, LeMagIT a fait le point avec Carole Winqwist, Senior Director Marketing EMEA de l’éditeur.

Infor CloudSuite : les solutions d’Infor, l’infrastructure d’AWS

La première brique de la stratégie de « cloudification » d’Infor (M3 en SaaS, donc) reposait sur l’infrastructure d’Amazon Web Services, entreprise avec laquelle l’éditeur a annoncé en mars avoir passé un accord pour certifier ses applications et les rendre disponibles en mode hébergé sur le PaaS d’Amazon.

Charles Phillips, le PDG d’Infor et ancien président d’Oracle, expliquait alors que si un acteur du Saas venait aujourd’hui à naître, un nouveau Salesforce.com par exemple, il n’utiliserait à aucun moment l’argent de ses investisseurs pour construire de nouveaux datacenters. « Nous pensons pouvoir capitaliser sur les investissements d’Amazon - ils sont présents dans 45 pays dans le monde et nous ne ferons que les suivre », expliquait-il pour justifier ce choix.

Un choix stratégique confirmé depuis pour la totalité de la nouvelle gamme Cloud d’Infor, regroupée sous une unique marque ombrelle « Infor CloudSuite »

Trois ERP et des applications métiers derrière 8 offres Cloud verticales

En plus de M3 sur AWS, les premières offres SaaS annoncées en début d’année avaient été les solutions verticales pour l’industrie automobile, l’aérospatial et l’hôtellerie. A cela s’ajoutaient les applications métiers comme le HCM (Human Capital Management), le CRM ou le MRM (Marketing Resource Management) – dont la première référence client en France est le spécialiste des arômes Prova. Sont arrivées depuis sur AWS l’EAM (Enterprise Assets Management) et l’Analytics.

Simple ? Oui. Sauf que depuis mars, M3 sur AWS a totalement disparu du site d’Infor. Aucune trace non plus des promesses d’Infor LN et Infor SyteLine en mode hébergé. Les projets auraient-ils été abandonnés ?

Pas du tout, répond l’éditeur. Ces trois ERP ont bien été portés sur AWS. Et ce sont eux que l’on retrouve dans les offres Cloud verticales d’Infor que Carole Winqwist a accepté de décoder pour nous.

Derrière les offres Infor CloudSuite Automotive et Infor CloudSuiteAerospace & Defense se cache en fait LN en SaaS. Derrière Infor CloudSuite Fashion et Infor CloudSuite Food&Beverage – dévoilés à Inforum 2014- on retrouve M3. Et derrière le nouvel Infor CloudSuite Industrial, « c’est en fonction des besoins des entreprises clientes, soit du Infor LN soit du Infor SyteLine ».

Quant à Infor CloudSuite Hospitality, il s’agit d’applications métiers dédiées à l’hôtellerie(HMS) et d’EasyRMS (alias EzRMS, une solution Cloud rachetée en 2012 qui permet d’optimiser la fixation des prix des chambres en fonction des remplissages). Pas vraiment un ERP donc. Tout comme l’offre Infor CloudSuite Healthcare composée elle aussi d’applications métiers dédiées à la santé (et principalement adressée au marché US).

Reste l’offre « Secteur Public », que l’on pourrait qualifier de polymorphe. « La définition du secteur public dépend du marché sur lequel on se trouve », analyse Carole Winqwist. « Aux Etats-Unis, nous avons comme clients de grosses mairies ou des prisons, par exemple, qui utilisent des micro-verticaux ».

Mais en Europe, l’appellation recouvre plutôt le marché semi-public, « des sociétés privées qui travaillent avec le public, comme pour l’eau, l’électricité ou les commodités ». Des clients pour lesquels Infor propose des solutions de type EAM (Assets Management, issues du rachat de DataStream en 2006), principalement déployées sur site (« comme pour le CERN, qui gère son infrastructure avec notre produit ou l’Università Cattolica de Milan »). Mais les briques sont bien disponibles dans le Cloud.

Le cas délicat de Lawson

Pour mémoire, Infor proposait jusqu’à présent cinq ERP différents, tous sur site : InforLN pour les industries « complexes » (Telco, automobile, aérospatiale, etc.), InforSyteLine pour les industries intermédiaires (pièces automobiles, métallurgie, plastics, bois, etc.), Infor SX.e pour la distribution de gros, Infor Lawson pour les services (y compris la distribution de détails, la santé, la finance, etc.). Et M3 pour le secteur de l’équipement et des biens de consommation.

En France, l’offre ne comprend cependant pas SX.e. Un ERP « américano centré », dixit la porte-parole européenne. A la place, pour le « retail mid-market » du Vieux Continent, Infor mise sur un ensemble d’applications RH (en cloud et sur site), de Supply Chain (pas encore disponible en Cloud) et de CRM (en Cloud et sur site). Mais n’a pas de suite intégrée.

Toujours pour la distribution, Carole Winqwist souligne que M3 répond bien aux besoins de certains clients : ceux qui sont aussi des manufacturiers. L’entreprise française Lapeyre, fabricant de produits d’aménagement de la maison (portes, fenêtres, cuisines, etc), utilise par exemple cette solution pour gérer ses canaux B2B.

Les ERPs majeurs ont donc tous bien été « cloudifiés » d’une manière ou d’une autre. A une exception, elle aussi majeure : Lawson.

Lawson a été racheté par Infor en 2011 pour deux milliards de dollars. Pourtant, quatre ans plus tard, il n’y a quasiment plus aucune trace de ses offres dans le catalogue d’Infor.

Un effet d’optique explique en substance Carole Winqwist. La partie ERP de Lawson (M3, ex-Movex d’Intentia) avait déjà été séparée. Restait donc l’autre partie, S3, dédiée principalement à la banque et aux services financiers. C’est cette partie « ERP Financier » (un concept assez éloigné d’un véritable ERP) que l’on retrouvait sous le nom Lawson chez Infor. « C’est une solution de comptabilité destinée aux grands comptes mais très peu présente en Europe du fait qu’elle est adaptée aux normes anglo-saxonnes », explique Carole Winqwist.

Il n’en reste pas moins que si Lawson (ou S3 donc) restera disponible sur site, il ne sera pas porté sur le Cloud. La solution qui le remplace en mode SaaS s’appelle Infor CloudSuite Corporate. Une suite dont « le module finance a été entièrement développé from scratch ».

Un Cloud complété par cinq « ERP comptables » en mode Cloud

Cet Infor CloudSuite Corporate qui prend la suite de Lawson a été présenté lors de l’Inforum 2014 avec Infor CloudSuite Business, deux autres ERP en mode SaaS.

Contrairement à ce que pourrait laisser croire leurs noms, il ne s’agit pas de progiciels dédiés à des segments de marché en fonction de la taille des entreprises qu’ils visent (comme Business One chez SAP pour les PME).

« Ce sont des ERP comptables… ou des applications métiers pour la comptabilité si vous préférez », nous explique la responsable Marketing. Des outils financiers augmentés d’une partie HCM complémentaire. C’est dans ce cadre précis d’ERP/suites comptables que la version Corporate vise les grands comptes (et les clients de NetSuite) tandis que la version Business s’adresse au « midmarket » - comprendre les PME réalisant moins d’un milliard de dollars de chiffre d’affaires.

Une autre offre dérivée, CloudSuite Financials, existe. Il s’agit en fait de la version « light » de Corporate, sans HCM.

Sur le marché français, deux solutions « ERP » dédiées aux métiers financiers (en fait des Financial Management System) semblent plus adaptées. La première, pour les PME de moins de 500 millions de chiffre d’affaires, est l’exception qui confirme la règle du Cloud d’Infor. Disponible sur site, Infor Anael FMS l’est également depuis plusieurs années en SaaS sur l’infrastructure… d’IBM. Parmi ses clients Cloud, on trouve par exemple la compagnie aérienne Transavia.

La deuxième offre FMS / « ERP comptable » hébergée d’Infor, SunSystems, s’adresse elle plus aux groupes internationaux qui doivent jongler avec des comptabilités répondant à des normes diverses.

Une stratégie Cloud verticale pour des migrations accélérées

Qu’on la considère complexe ou bien découpée, la nouvelle offre Cloud d’Infor confirme en tout cas une chose. La stratégie de l’éditeur est de fournir des solutions intégrées verticales. Si les applications métiers (HCM, CRM, MRM, EAM, FMS, Analytics) sont disponibles en « stand alone » dans le Cloud, toutes les solutions – dès qu’elles sont intégrées - sont intimement attachées à une industrie.

« C’est vraiment notre positionnement », confirme Carole Winqwist au MagIT, « quand on travaille au plus près des process, on se rend compte que les contraintes de l’agro-alimentaire n’ont rien à voir avec celles de l’automobile… et qu’une seule solution ne peut pas répondre correctement à deux industries à la fois ».

La directrice marketing y voit un autre intérêt. « Nos nouveaux clients abandonnent 90% de ce qu’ils avaient développé [pour adapter leurs ERPs à leurs métiers] . Et ça, ça accélère vraiment les migrations ».

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