La France ratifie la déclaration de Partenariat Européen sur la Blockchain

Le « European Blockchain Partnership » aura pour mission de « permettre le développement de cadres interopérables pour la Blockchain en Europe ». L’objectif est de favoriser la concurrence et d’appliquer la technologie à des projets publics transfrontaliers dès 2019.

Le moins que l'on puisse dire, c’est que les instances europĂ©ennes sont enthousiastes dès qu’elles entendent « Blockchain Â». Cette semaine, la Commission et le Conseil europĂ©en l’ont Ă  nouveau montrĂ© Ă  l’occasion de la signature de la dĂ©claration commune de Partenariat EuropĂ©en sur la Blockchain (« European Blockchain Partnership Â»).

Le document apporte une description de la technologie et de ses bĂ©nĂ©fices pleine d’espoirs. La Blockchain (et/ou les registres distribuĂ©s, au choix) « peut changer la façon dont les citoyens et les organisations collaborent, partagent l'information, exĂ©cutent des transactions, organisent et fournissent des services Â», peut-on y lire. La Blockchain devrait Ă©galement « soutenir la croissance Â».

« A l'avenir, tous les services publics utiliseront la Blockchain Â», prĂ©dit mĂŞme pour l’occasion la très Blockchain-friendly commissaire en charge de la SociĂ©tĂ© et de l’Economie NumĂ©rique, Mariya Gabriel.

« A l'avenir, tous les services publics utiliseront la Blockchain »
Mariya Gabriel, Commissaire Européenne en charge de la Société et de l’Economie Numérique

Les signataires de la dĂ©claration – qui de facto « reconnaissent le potentiel de la Blockchain pour transformer les services numĂ©riques en Europe Â» - se sont engagĂ©s dans un partenariat dont le but est de « dĂ©velopper une infrastructure de Blockchain (...) qui s'appuie sur les initiatives existantes, avec une gouvernance impliquant les autoritĂ©s publiques Â».

L’accord a été signé par la France – par la main de Mounir Mahjoubi, le Secretaire d'Etat en charge du Numérique. Les autres pays signataires sont l'Autriche, la Belgique, la Bulgarie, la République tchèque, l'Estonie, la Finlande, l'Irlande, la Lettonie, la Lituanie, le Luxembourg, Malte, les Pays-Bas, la Norvège, la Pologne, le Portugal, la Slovaquie, la Slovénie, l'Espagne, la Suède. Et le Royaume-Uni.

Interopérabilité, standardisation, ouverture, concurrence

L’idĂ©e est de soutenir l'interopĂ©rabilitĂ© et des interfaces ouvertes. Ces deux points « offriront des Ă©conomies d'Ă©chelle par rapport Ă  une plĂ©thore de chaĂ®nes de blocs privĂ©es non interopĂ©rables Â», explique la dĂ©claration.

Il faut en effet rappeler que le déploiement d’une Blockchain ne peut (aujourd’hui) se faire qu’avec des nœuds identiques. Pas question d’avoir un nœud sous Hyperledger et un autre sous Ethereum.

« Les PME et les start-ups seront en mesure de fournir des services transfrontaliers sur un pied d'égalité avec les grandes entreprises »

Le « European Blockchain Partnership Â» aura donc pour mission première de « permettre le dĂ©veloppement de cadres interopĂ©rables pour la Blockchain en Europe sur la base de solutions et de modèles de gouvernance standardisĂ©s Â».

La standardisation et cette coopĂ©ration devraient renforcer le respect des rĂ©glementations et la convergence rĂ©glementaire, espère Bruxelles, « ce qui est essentiel pour soutenir l'extensibilitĂ© de ces solutions au-delĂ  des frontières Â».

Autre bĂ©nĂ©fice, dans la concurrence cette fois, standardiser une Blockchain europĂ©enne devrait abaisser les barrières Ă  l’entrĂ©e pour les « petits Â» acteurs.

« Un tel cadre rĂ©glementaire offrira des conditions de concurrence Ă©quitables […], les PME et les start-ups seront en mesure d'accĂ©der Ă  et de fournir des services transfrontaliers sur un pied d'Ă©galitĂ© avec les grandes entreprises Â», avance la dĂ©claration.

Premiers projets européens de Blockchain en 2019

Concrètement, la France (comme les autres signataires) va désigner dans les jours qui viennent son représentant auprès de la commission sur le sujet.

D’ici septembre 2018, ce reprĂ©sentant indiquera quels services publics transfrontaliers pourraient bĂ©nĂ©ficier, d’après lui, de la Blockchain « en faisant un meilleur usage des informations du secteur public tout en prĂ©servant l'intĂ©gritĂ© des donnĂ©es, en assurant un meilleur contrĂ´le des donnĂ©es par les citoyens et les organisations qui interagissent avec les administrations publiques, en rĂ©duisant la fraude, en amĂ©liorant la tenue des dossiers, l'accès, la transparence et la vĂ©rifiabilitĂ© Â».

D’ici la fin 2018, la Commission se penchera ensuite sur les spĂ©cifications techniques et « le modèle de gouvernance appropriĂ©e Â» ainsi que sur les accords possibles avec des acteurs privĂ©s pour rĂ©aliser le(s) projet(s).

Les premières actions transfrontalières devraient être lancées d'ici la fin de 2019.

La troisième initiative européenne sur la Blockchain

Le « European Blockchain Partnership Â» s’ajoute Ă  une autre initiative : Â« le Blockchain Observatory and Forum Â» (« Observatoire de la Blockchain »), lancĂ© le 1er fĂ©vrier sous l'Ă©gide de la Commissaire Mariya Gabriel et du dĂ©putĂ© europĂ©en allemand Jakob von Weizsäcker. Le but de cet observatoire est de ne pas laisser l’Europe se faire distancer sur cette tendance Ă©mergente. La peur Ă  peine cachĂ©e de Bruxelles est de reproduire, dans la Blockchain, les erreurs qui ont amenĂ© le Vieux Continent Ă  ĂŞtre un acteur secondaire dans beaucoup de domaines du numĂ©rique.

Le programme européen Horizon 2020 va investir €300 millions dans des projets Blockchain

Un peu avant, en dĂ©cembre, la Commission a annoncĂ© qu’elle investirait, via un programme dĂ©diĂ© baptisĂ© Horizon 2020, la somme de 300 millions d’euros dans des projets « soutenant l'utilisation de la Blockchain dans un certain nombre de domaines techniques et sociĂ©taux Â».

Fruits de ces initiatives, deux projets de recherches sont actuellement financĂ©s par l’Union EuropĂ©enne : DECODE (pour crĂ©er des outils Ă  base de Blockchain qui « redonneront aux gens la propriĂ©tĂ© des donnĂ©es qu'eux-mĂŞmes et leurs appareils gĂ©nèrent Â»), et MHDMD (Blockchain dans la e-santĂ©).

En parallèle, rappelons que la BPI a rĂ©cemment listĂ© les 80 acteurs privĂ©s qui comptent dans la Blockchain en France (dont Tezos, ou NeuroChain – fondĂ© par les auteurs du livre « Les Blockchains Â»). Une liste Ă  laquelle vient s’ajouter depuis quelques jours Space Elephant, co-fondĂ© par l’ancien Monsieur Blockchain de SQLI, Damien Lecan.

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