IA agentique : un argument de plus en faveur du process mining, selon Celonis
L’éditeur allemand a profité de sa conférence annuelle pour convaincre ses clients d’adopter le modèle de process mining centré sur les objets. Une condition sine qua non, selon lui, pour que les agents IA puissent comprendre les processus.
Lors de Celosphere 2025 à Munich, le spécialiste du process mining a (re) présenté sa stratégie pour devenir un socle essentiel de l’IA agentique.
Conscient que les entreprises peinent encore à bénéficier pleinement des promesses de l’IA générative, l’éditeur entend se positionner en tant que partenaire de ses clients et des intégrateurs pour infuser l’IA sous toutes ses formes. « L’intégration de l’IA et des agents IA en entreprise est plus dure que nous le pensions », affirme Alex Rinke, cofondateur et co-CEO de Celonis, lors du keynote.
« L’intégration de l’IA et des agents IA en entreprise est plus dure que nous le pensions. »
Alex RinkeCofondateur et co-CEO, Celonis
Les porte-parole de la société croient que la couche sémantique servant à gérer les processus d’entreprise est la « pièce manquante » du puzzle. « Le process intelligence graph est une couche de données unificatrice », déclare Dan Brown, chief product officer chez Celonis, lors d’une conférence de presse. « Les objets sont sémantiquement cohérents, quel que soit le système dont ils proviennent ».
« Tous les éditeurs proposent leurs propres agents. Ceux-là passent plus de temps à les présenter qu’à dire comment ils interagissent avec le reste de l’écosystème », lance Alex Rinke.
Dans les faits, l’éditeur allemand déroule sa feuille de route présentée en octobre 2024, puis en mai 2025. Il avait annoncé la disponibilité générale de Data Core. Sa plateforme peut gérer 2 pétaoctets de données, 47 000 processus, et l’interrogation de 5 600 milliards de lignes.
Après Microsoft Fabric, Celonis signe un partenariat avec Databricks
Celonis avait aussi affiché un partenariat avec Microsoft pour créer une intégration dite « zero copy » avec Fabric. L’éditeur allemand est proche de la firme de Redmond. Mais il fallait bien reproduire ce partenariat avec les acteurs de l’écosystème. Lors de Celosphere 2025, il a présenté une intégration similaire avec Databricks.
« Avec Fabric, nous pouvons extraire ces données, les interroger directement avec notre moteur de traitement des requêtes », explique Dan Brown. « Nous faisons la même chose avec les Databricks et ce sera bidirectionnel, de sorte que nous pouvons également être consommés par les instances Databricks pour effectuer des requêtes de l’autre côté ».
Celonis envisage de lire « en direct » les données présentes dans Databricks et de les enrichir avec les métadonnées capturées dans les objets de process mining (OCPM). Autre point, cela permettrait de connecter le « PI Graph » aux agents IA développés à l’aide d’Agent Bricks, la suite d’outils d’IA agentique de Databricks. À l’inverse, les données générées par ces agents pourront être réinjectées dans la plateforme de Celonis.
« Il y a d’autres sources de données qui ne sont pas totalement compatibles avec Delta Sharing que nous examinons. »
Dan BrownChief Product Officer, Celonis
D’autres intégrations du même type sont prévues avec des acteurs concurrents. « Snowflake est sur notre feuille de route », complète Dan Brown dans une réponse à une question du MagIT. « Nous exploitons le modèle de partage open source Delta Sharing ».
Comme Fabric repose sur la même technologie de base que la plateforme de Databricks, Delta, l’extension semblait naturelle.
« Il y a d’autres sources de données qui ne sont pas totalement compatibles avec Delta Sharing que nous examinons », poursuit-il. « Nous discutons avec nos clients et nous déterminons celles qui ont la plus forte pénétration. Snowflake en est certainement une ».
De fait, un client comme Saint-Gobain a mis en place le processus suivant : si les données ne sont pas sur Snowflake, le centre d’excellence ne lance pas le projet de process mining demandé par les métiers. Bien que nécessaire dans certains cas, il est trop complexe pour les entreprises de gérer les connexions aux différents SI de l’entreprise.
Actuellement, les intégrations avec les entrepôts de données modernes se font à l’aide d’extracteurs de données JDBC. Les protocoles de type « zero copy » devraient encore simplifier la tâche.
Faciliter le déploiement de la plateforme
C’est justement l’objet de la plupart des annonces de CeloSphere 2025. Il a présenté des templates de déploiement pour les DSI et plus de 60 objets de process mining pré-bâtis pour Salesforce, les applications Oracle, Project44 ou encore Blue Yonder. Il annonce également la disponibilité générale de deux assistants IA, Data Extraction et Data Modeling. Il avait déjà vanté les mérites d’Annotation Builder (données synthétiques) en mai dernier et avait multiplié les fonctions de résumé IA des processus et de leurs résultats (Insight Explorer, Insight Views).
En outre, une fonction de vérification de compatibilité du modèle de connaissances (Knowledge Model, qui couple des modèles de données et des indicateurs clés) permet de s’assurer que les données agrégées sont prêtes pour être utilisées avec les Process Copilot et les différents assistants IA.
Par ailleurs, Celonis dit avoir terminé la refonte de Task Mining présentée l’année dernière. Les frappes de touche, les clics, les « scrolls » alimentent, au besoin, la mesure de performance de processus.
L’intégration des données semi et non structurées, dont les PDF, les courriels, est possible à travers un réseau de partenaires. La prise en charge de ces actifs n’est pas encore complète, nuancent les porte-parole de l’éditeur.
Coupler l’Orchestration Engine et les agents IA tiers
Surtout, Orchestration Engine, une suite d’automatisation des processus issue du rachat d’une technologie d’Emporix, est pleinement disponible. Les clients utilisaient jusqu’alors des plateformes tierces, dont Power Automate, les solutions de RPA, etc. Orchestration Engine, comme son nom l’indique, doit intégrer les services d’automatisation existants et gérer, à l’aide de son moteur de règles, le déclenchement d’actions à partir des processus.
Par défaut, le « moteur » permet surtout de notifier les équipes responsables en cas de blocage, de mettre à jour des fichiers utilisés par les métiers ou encore d’envoyer un rapport ou la confirmation d’un envoi par mail. Il est toutefois possible de déclencher des scripts et des algorithmes de machine learning. La porte est ouverte aux agents IA.
« Cela passe par la connexion aux serveurs MCP et des étapes personnalisées », déclare Manuel Haug, Field CTO chez Celonis, lors d’un point presse.
« Ce que nous fournissons, ce sont des blocs de construction pour déployer des flux de travail agentiques et des applications dédiées aux processus. »
Manuel HaugField CTO, Celonis
« Vous pouvez déployer du code qui exécute réellement cette étape ou l’intégrer à des systèmes externes via des interfaces de programmation (API). C’est là que vous utiliserez les serveurs MCP », précise-t-il. « Ce que nous fournissons, ce sont des blocs de construction pour déployer des flux de travail agentiques et des applications dédiées aux processus ».
Justement, comme promis, il a présenté son serveur MCP. « Cela permettra d’incorporer le graphe d’intelligence des processus dans les plateformes d’IA agentique tiers, dont Amazon Bedrock et Azure Copilot Studio », affirme Dan Brown.
Les clients de Celonis commencent à se lancer dans cette mission. Par exemple, le fabricant de camions Scania a connecté son graphe de connaissances Celonis à des agents IA développés dans Amazon Bedrock. Le laboratoire pharmaceutique Novo Nordisk a déployé 28 copilotes pour accélérer le traitement des documents lors des essais cliniques.
« Nous avons aussi acquis, par l’intermédiaire d’un partenaire, la possibilité d’explorer le comportement des agents IA. »
Carsten ThomaPrésident de Celonis
Reste que la gestion contiguë des processus infusant des agents IA et des activités humaines est encore à construire. « Nous avons aussi acquis, par l’intermédiaire d’un partenaire, la possibilité d’explorer le comportement des agents IA », annonce Carsten Thoma, président de Celonis.
C’est ce que propose BloomFilter, un spécialiste du process mining du cycle DevOps. Sa solution sert d’abord à superviser les agents IA de programmation.
En parallèle, des outils analytiques font leur apparition. « Performance Spectrum, Instance Explorer et l’application Object Centric Performance détectent des types de processus entièrement nouveaux et diagnostiquent les problèmes lorsque plusieurs processus se croisent », décrit Divya Krishnan, vice-présidente de la gestion des produits chez Celonis. « Finies les conjectures, fini de se battre avec la roue qui grince », promet-elle.
Il ne faut pas oublier que les entreprises doivent exploiter ces briques pour que les métiers puissent visualiser les processus et leur évolution. Dans la mise à jour du mois d’octobre de la plateforme, l’éditeur a ajouté des fonctionnalités en préversion privée pour gérer le déploiement de versions d’applications front-end. Cette gestion peut se faire depuis une interface low-code/no-code ou un dépôt Git. « Cela vous permet de suivre les changements plus facilement et de revenir en arrière si une application a un problème », résume Divya Krishnan.
L’ensemble des fonctionnalités décrites au long de l’article ne sont pas accessibles à tous. Il faut que les clients adoptent le process intelligent graph (et donc le modèle OCPM). Environ 300 d’entre eux ont franchi ce pas sur les plus de 1400 clients de Celonis au total. « C’est trois fois plus que l’année dernière », assure Dan Brown.
Pour approfondir sur IA appliquée, GenAI, IA infusée