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DocumentDB : AWS lance une pierre dans le jardin de MongoDB

AWS a présenté une base orientée document, dont la particularité est d’être compatible avec les API de MongoDB. Le géant du cloud souhaite s’appuyer sur un standard de l’open source pour rassurer sur les capacités de réversibilité du service AWS. Mais pour MongoDB, il ne s’agit que d’une imitation.

La semaine dernière, AWS a ajouté à son déjà vaste arsenal de services de gestion des données un service qui s’appuie sur le modèle documents, DocumentDB. Sa particularité : une compatibilité avec les API de MongoDB (dans sa version 3.6), base open source très populaire chez les développeurs.

DocumentDB (qui ironiquement, reprend le même nom de baptême de l’ancêtre de Cosmos DB chez Microsoft) n’est pourtant pas la première incursion d’AWS dans les bases optant pour les modèles de documents. A vrai dire, DynamoDB, un des premiers services de gestion de données NoSQL du groupe, supporte depuis ses origines ce modèle.

AWS avait d’ailleurs débuté ainsi sa stratégie :  apporter au marché des services pour répondre à chaque d’usage en matière de gestion des données. Aujourd’hui, le groupe dispose à son catalogue de services de bases relationnelles avec RDS et Aurora, Clé / Valeur et Document avec DynamoDB,  le caching en mémoire avec ElastiCache, le graphe avec Nepture.  Sont venus s’ajouter deux services supplémentaires lors de la conférence RE:Invent 2018 : un service de base de données chronologique (Time-Series) avec TimeStream, et un ledger managé, QLDB (Amazon Quantum Ledger Database).  Si en effet, cela répond à des usages spécifiques, DocumentDB semble ici faire doublon avec DynamoDB.

« Le modèle de développement de MongoDB est très simple, mais son modèle opérationnel et sa mise à l’échelle restent compliqués », explique Stephan Hadinger, en charge des technologies d’AWS en France. DynamoDB répond pourtant à cette problématique de la mise à l’échelle, mais « MongoDB est très populaire », confirme-t-il. Si l’on en croit le baromètre DB-Ranking (qui analyse la popularité des bases) de janvier 2019, MongoDB est de loin la première des bases NoSQL Document devant DynamoDB.

Si cette base installée constitue pourtant une opportunité pour AWS, Stephan Hadinger y voit surtout un moyen de répondre à une demande des utilisateurs : celle de miser sur les standards et l’open source et de proposer ainsi un plan de sortie à ceux qui souhaiteraient quitter AWS. La compatibilité avec les API de MongoDB offre ainsi au géant du cloud cette réversibilité,  pointe le responsable. Il s’agit là « de rassurer les utilisateurs sur un chemin de sortie ».

Compatibillité n’est pas moteur

Cette compatibilité des API, AWS n’est pas le premier à l’avoir mis en place. Microsoft, avec Azure Cosmos, propose également cette proximité technologique avec MongoDB et Cassandra via le support de leurs APIs. Celle des API 3.6 de MongoDB dans DocumentDB n’est que partielle, mais reprend le même schéma. Le service « ne supporte pas 100 % des fonctions (de MongoDB, NDLR) », commente encore Stephan Hadinger. Mais elles permettent de donner des réponses aux requêtes, passées entre un client et un serveur MongoDB.

Le moteur de DocumentDB reprend certains principes d’Aurora, comme le moteur  de persistance des données, ajoute Stephan Hadinger. En découplant, par exemple, le compute (essentiellement des instances de type r4) du stockage,  la base est douée de capacité d’auto-dimensionnement allant jusqu’à 64 To. La base propose également jusqu’à 15 replica en lecture.

« Une imitation », répond MongoDB

Evidemment, tous les regards se tournent vers MongoDB. Car la société a développé un modèle économique bâti sur des services au-dessus du cœur open source de MongoDB, et notamment des services cloud, comme Atlas ou encore Stitch (socle serverless). Le mois dernier, MongoDB avait d’ailleurs créé une nouvelle licence pour encadrer la version communautaire de son serveur  (la SSPL -Server Side Public Licence). Redis Labs et Confluent ont aussi décidé de brider leur licence, quitte à remettre en cause leur approche 100 % open source. Selon eux, cette approche vise à se protéger des usages abusifs de leur technologie par les fournisseurs de cloud.

L’annonce de DocumentDB fait monter d’un cran cette tension. Pour MongoDB, ce service AWS s’apparente à une « pâle imitation », selon les dires de Dev Ittycheria, le CEO de la société. Il déclare : « L'imitation est la forme la plus sincère de flatterie. Il n'est donc pas surprenant qu'Amazon essaie de capitaliser sur la popularité et l'élan du modèle document de MongoDB. Cependant, les développeurs sont techniquement assez malins pour faire la distinction entre la vraie base et une pâle imitation. Nous nous attendons à ce que le véritable MongoDB surclasse encore toutes les imitations du marché. »

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