DBaaS : Microsoft mise sur l’IA et PostgreSQL
Microsoft infuse des fonctionnalités d’IA dans ses bases de données principales et revoit son positionnement face à Oracle, MongoDB, Databricks et Snowflake.
Si, lors de son événement Ignite 2025, Microsoft met fortement l’accent sur une quantité pléthorique d’agents IA, il n’oublie pas ses fondamentaux en matière de bases de données. Ainsi, SQL Server 2025 arrive en disponibilité générale.
Sans surprise, Microsoft insiste sur l’adaptation de sa base de données relationnelle à l’IA. Celle-ci est désormais capable de se connecter aux modèles de langage, hébergés dans le cloud ou localement. Plus particulièrement, le fournisseur prend en charge des intégrations avec Azure AI Foundry, Azure OpenAI, OpenAI et Ollama. D’autres frameworks open source, dont LangChain et Semantic Kernel sont pris en charge pour développer des agents IA.
SQL Server 2025, paré pour l’IA générative
SQL Server 2025 permet aussi de créer des index vectoriels qui propulsent le mécanisme de recherche augmentée par la génération (RAG). Microsoft exploite son algorithme open source DiskANN, considéré plus performant que HNSW (Hierarchical Navigable Small World) au moment de traiter un grand nombre de vecteurs à haute dimension.
Les vecteurs sont stockés dans un format binaire lui-même encapsulé dans un fichier JSON « pour des raisons pratiques » en float 32 (4 octets) ou float 16 (2 octets, jusqu’à 3996 dimensions). Justement, comme PostgreSQL et Oracle, SQL Server 2025 dispose d’une prise en charge « native » de JSON. Introduit dans SQL Server 2016, elle gagnerait là en efficacité grâce à ce format binaire (varchar ou nvarchar). Lecture, écriture, stockage seraient améliorés sans changer le code des applications existantes. Désormais, il est possible de lire plus rapidement les données indexées et l’écriture ne nécessite pas d’accéder à l’intégralité des fichiers JSON.
Un des moyens de prise en charge d’Azure OpenAI passe par l’appel d’API REST ou GraphQL. Il est également possible de mettre à jour un tableau de bord Power BI ou utiliser une fonction Azure (FaaS) pour traiter des données.
Les expressions régulières ont été améliorées tout comme la prise en charge de la mise à jour des événements à travers Azure Event Hub et le type de données JSON natif. De même, les données peuvent être répliquées en miroir sur Microsoft OneLake, le « lakehouse » du fournisseur.
Les développeurs ont par ailleurs le droit avec un plug-in Python et une intégration avec GitHub Copilot à travers Visual Studio Code et SQL Server Management Studio 22.
Évidemment, Microsoft promet des améliorations de performances du mode Batch, une plus grande fiabilité des processus de fail-over et une authentification Entra ID plus robuste avec la passerelle de cloud hybride Azure Arc. Enfin, le fournisseur poursuit le déploiement de SQL Server sur Linux, avec la prise en charge de RHEL 10, SLES 15 et Ubuntu 24.04.
Bref, Microsoft se tient à niveau sur ce marché hautement concurrentiel, à commencer par son concurrent Oracle. Plus de 10 000 entreprises auraient testé SQL Server 2025 en préversion. Mais il poursuit aussi le développement de projets open source.
HorizonDB : Microsoft étoffe son offre consacrée à PostgreSQL
En commençant par la préversion privée d’HorizonDB. Cette version entièrement managée de PostgreSQL est disponible dans deux régions cloud américaines, au Royaume-Uni et en Australie. Le fournisseur cloud dispose déjà d’Azure Database pour Postgres (compatible avec la version 18), mais HorizonDB serait plus adapté au déploiement à très large l’échelle. Là où les flexible servers d’Azure DB peuvent grimper jusqu’à 96 vCPU et 64 To de stockage dans un mode « monolithique », HorizonDB propose un système d’autoscaling natif permettant de grimper jusqu’à 3072 vCPU, nœuds primaires et répliques confondues (jusqu’à 192 vCPU par nœud), et 128 To de stockage partagé. Le tout en conservant une latence de quelques millisecondes. Azure proposait déjà, avec Azure Cosmos DB, le mode Hyperscale. Il s’appuyait sur le projet open source Citus pour distribuer des tables sur plusieurs nœuds. Cette offre qui prenait jusqu’à 104vCPU et 32 To de stockage par nœud worker a été abandonnée.
Au lieu de s’appuyer sur l’extension pgvector et l’algorithme HNSW, Microsoft met à nouveau à contribution DiskANN. Par ailleurs, une extension PostgreSQL pour VS Code et GitHub Copilot en disponibilité générale et intègre HorizonDB à Azure AI Foundry. En préversion, une extension pour VS Code doit, elle, permettre de faciliter la migration de bases de données Oracle vers PostgreSQL.
Azure DocumentDB : Microsoft met fin à la confusion avec MongoDB
Ici, le géant du cloud prétend vouloir prendre en charge les grandes applications ainsi que les projets d’IA agentique. Pour mémoire, Snowflake et Databricks ont acquis des startups qui, elles aussi, se sont appuyées sur Citus. De plus, un petit acteur, nommé Supabase exploite le SGBDR le plus populaire du marché pour propulser des petites applications d’IA.
Enfin, Azure DocumentDB débarque en disponibilité générale. Cette fois-ci, il s’agit de proposer une alternative à MongoDB qui ne reprend pas la marque du concurrent. Le géant du cloud proposait déjà une variante de CosmosDB pour MongoDB, basé sur DocumentDB.
MongoDB dépend depuis 2018 d’une licence propriétaire permissive (SSPL). Azure avait donc proposé une alternative compatible. Elle est considérée comme par une « pâle copie » par l’éditeur. Pourtant, Microsoft continuait d’exploiter la marque.
DocumentDB est un data store orienté documents (via le format BSON), basé… sur PostgreSQL. Ce projet open source né en 2017 chez Microsoft a été confié à la fondation Linux en août 2025. Entretemps, la technologie a été adoptée par AWS et Google Cloud. Il est également possible de la déployer sur site. FerretDB en a également fait la base de son projet.
Et Microsoft de vanter les capacités translytiques (HTAP) de la base, un « combo essentiel pour les applications d’IA en temps réel ». Là encore, DiskANN est de la partie, tout comme l’algorithme par mot-clé BM25. En préversion, VS Code a le droit à une extension pour faciliter la migration de MongoDB vers Azure DocumentDB.
N’oublions pas de préciser que les bases de données SQL et NoSQL sont en disponibilité générale dans Microsoft Fabric. Il sera possible de répliquer en mode miroir les données de l’ensemble de services DbaaS vers la plateforme de gestion de données concurrente à Snowflake et à Databricks.
