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ERP et blockchain : un vrai bon duo pour les transactions complexes et multipartites

La technologie de registre distribué et immuable de la blockchain est envisagée de manière de plus en plus mûre pour optimiser les transactions multipartites, particulièrement dans des réseaux de logistique complexes.

Les blockchains - et les technologies de registre distribué (DLT) - peuvent renforcer les ERP en y ajoutant une couche de confiance (et d'efficacité) dans le traitement des transactions au sein de réseaux étendus, divers et multipartites. C'est un constat qui semble en tout cas de plus en plus émerger.

ERP et blockchain

Bien que les applications n'en soient encore qu'à leurs débuts, les éditeurs et les experts considèrent la blockchain comme un complément naturel à l'ERP, en lui servant de couche sécurisée d'enregistrements immuables pour les données partagées à travers une chaîne logistique disparate.

Avec ce niveau d'intégrité plus élevé, l'ERP et la blockchain peuvent travailler ensemble pour automatiser certaines tâches manuelles qui prennent beaucoup de temps - par exemple, émettre des factures ou déclencher des paiements - dans un cadre de workflows interentreprises.

Le cabinet d'analystes Tractica entrevoit un fort potentiel pour ces cas d'usages dans les années à venir. Il prévoit une augmentation de l'adoption de la blockchain qui ferait passer le marché de 4,6 milliards de dollars en 2018 à 20,3 milliards de dollars d'ici 2025.

L'ERP automatise très bien les processus internes. Mais si le cas d'usage dépasse les « quatre murs » de l'entreprise et ses systèmes, les plates-formes existantes sont insuffisantes. Chaque entreprise d'une chaîne d'approvisionnement exploite son propre ERP, créant généralement un silo d'informations, ce qui entrave la traçabilité et limite les possibilités d'automatisation pour les transactions multipartites.

La valeur d'une blockchain couplée à des ERP augmente avec la complexité de la chaîne d'approvisionnement.

En fait, les experts affirment que la valeur de la blockchain couplée à l'ERP augmente avec la complexité de la chaîne d'approvisionnement.

« La blockchain s'intègre naturellement à l'ERP dans la mesure où elle élève à un tout autre niveau le concept de traçabilité des données et qu'elle permet de suivre plus facilement l'évolution d'une chaîne logistique complexe », avance par exemple Eric Kimberling, PDG et fondateur de Third Stage Consulting Group, une société de conseil spécialisée dans l"ERP. « L'ERP l'a toujours fait, mais la blockchain offre un moyen plus efficace et plus efficient ».

Alléger le fardeau de l'intégration

Pour les transactions en temps réel entre plusieurs parties, l'ERP a toujours eu des limites vu que les données viennent des silos de chaque entreprise partie prenante. Il est donc difficile de partager des informations, en particulier des données granulaires, avec d'autres acteurs de l'écosystème partenaires, sans des efforts d'intégration complexes et lourds, selon les experts.

« L'ERP et la blockchain permettent de traiter des transactions au sein d'un vaste réseau de petits fournisseurs sans avoir à mettre en place un EDI ».
Prasad SatyavoluCognizant

« L'une des plus grandes critiques à l'égard de l'ERP est la transparence des données, c'est-à-dire la capacité de visualiser les données en toute sécurité et de les exposer de la même manière à d'autres », explique Prasad Satyavolu, directeur numérique et chef analyste chez Cognizant. « L'ERP et la blockchain permettent de traiter des transactions au sein d'un vaste réseau de petits fournisseurs sans avoir à mettre en place une infrastructure EDI (Electronic Data Interchange) ».

Les industries agro-alimentaires, pharmaceutiques et aérospatiales font partie de celles qui sont à l'avant-garde de ces nouvelles applications qui utilisent la blockchain dans des domaines tels que la gestion des enregistrements, le paiement et la gestion des actifs, en particulier dans les scénarios industriels qui impliquent une maintenance prédictive et proactive.

L'automatisation dans un écosystème de partenaires

Cependant, ce serait une erreur de penser que la blockchain n'est qu'une autre technologie d'intégration pour l'ERP, prévient David Haimes, directeur senior du développement d'Oracle ERP Cloud (qui vend aussi une offre de blockchain). La véritable évolution de rupture sera de prendre certaines données, convenues à l'avance entre les parties concernées - données stockées initialement dans l'ERP - et de les partager directement sur le réseau de la blockchain.

De cette façon, avec l'ERP et un registre distribué, les entreprises peuvent éliminer une grande partie des coûts de back-office pour régler et créer des relations ainsi qu'exécuter des transactions. « Si vous pouvez automatiser avec des smart contracts et des microtransactions [...], il devient économiquement viable d'avoir des relations multipartites qui n'étaient pas possibles auparavant », vante le responsable d'Oracle.

Ceci étant, pour que l'ERP et la blockchain aient un impact qui se concrétise, il faudra qu'un consortium d'industriels mène la charge et pousse tous les acteurs de la chaîne d'approvisionnement à participer à de nouveaux types d'interactions. « S'il s'agit d'une autre nouvelle technologie, [encore une], peu de DSI et de PDG auront le courage d'y aller », analyse Eric Kimberling. « L'essentiel, c'est de créer une collaboration entre les éditeurs de logiciels et les différentes industries qui ont des cas d'utilisation où la blockchain dans l'ERP peut s'appliquer ».

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