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Akamai lance des serveurs de cache pour accélérer l’IoT

L’offre IoT Edge Connect correspond à l’installation de services proxy MQTT sur les 250.000 serveurs déjà répartis dans le monde pour accélérer la diffusion de vidéos. Les réseaux restent à construire mais les clients semblent déjà conquis.

Akamai vient de dévoiler son nouveau service IoT Edge Connect, une offre d’abonnement à des serveurs de cache – des proxys – spécialisés dans la gestion des requêtes au protocole MQTT des objets connectés. A l’instar de son offre de CDN, qui consiste à héberger les médias des grands diffuseurs au plus près des spectateurs pour éviter les ralentissements, IoT Edge Connect rapproche les applications centrales des objets connectés pour accélérer leurs échanges. 

« Si vous disposez de sondes – des thermomètres par exemple – qui envoient à un moment donné une alerte, il est pertinent de réagir à cette alerte en quelques millisecondes », commente pour LeMagIt Stephen Ludin, architecte en chef chez Akamai, lors de l’événement Akamai Edge World qui se tient cette semaine à Las Vegas.

« Or, si la requête doit remonter jusqu’à un serveur central pour y être traitée, vous risquez de perdre un temps précieux et de renvoyer trop tard l’instruction à suivre – par exemple déclencher une climatisation de secours. IoT Edge Connect adresse ce problème en amenant le serveur central de votre sonde à quelques dizaines, voire à une centaine de kilomètres, afin d’accélérer par 10 la communication. »

Il précise que les serveurs IoT Edge Connect ont trois fonctions : traiter localement les données des objets connectés environnant, leur permettre de communiquer entre eux plus rapidement (il prend l’exemple des voitures), ou encore servir de serveur de cache pour leur distribuer des mises à jour.

Un réseau qui doit encore se construire

La force d’Akamai est de disposer d’un réseau de 250.000 serveurs Proxy sur plus de 4000 sites à travers le monde. Cependant, tous ne sont pas encore équipés de la faculté de de traiter les messages au protocole MQTT.

« Installer des serveurs dans un très grand nombre d’endroits est une chose. Mais encore faut-il que cet endroit soit connecté à un réseau d’objets connectés. Or, ceux-ci sont encore en cours de déploiement », explique Lior Netzer, le directeur technique de l’offre IoT.

« Pour approfondir, la puissance de notre offre est que nous sommes capables de calculer la latence entre deux points situés n’importe où sur la planète, par exemple pour déterminer que le serveur le plus proche géographiquement ne sera pas nécessairement celui qui délivre le plus vite l’information. Nous sommes le Google Maps d’Internet, mais encore faut-il que les routes existent. »

Les Brokers MQTT, des déclinaisons des proxys applicatifs Edge Worker

Côté objet connectés, Akamai assure être le seul à savoir traiter avec la qualité de service nécessaire les trois exigences du protocole MQTT : savoir envoyer un message sans attendre un retour, savoir envoyer un certain nombre de copies d’un message pour maximiser ses chances de réception et, enfin, savoir n’envoyer qu’une seule fois un message, ce qui est par exemple critique sur certaines opérations financières.

Du côté de la logique à exécuter pour traiter les messages, il n’est a priori pas encore possible de simplement de déporter le code d’un serveur central sur le proxy : il faut l’écrire spécifiquement pour ce proxy.

Les Brokers – c’est le nom des proxys MQTT – reposent en l’occurrence sur la même technologie que les Edge Workers, les serveurs de cache qu’Akamai propose dans une autre offre pour déporter la logique des applications web. Or, ces Edge Workers n’ont jamais été capables d’exécuter directement le code Java des applications Web ; ils en reproduisent la logique à l’aide de codes écrits, au mieux, en pur Javascript et, au pire, avec des requêtes en ARL, un système propriétaire à Akamai.

Dans un second temps, il est néanmoins question de pouvoir exécuter du code classique sur les Brokers et les Edge Workers au travers de containers.

Des alternatives difficiles

Reste à savoir si Akamai est plus légitime qu’un autre pour assurer le déploiement des serveurs dits de Edge Computing. Cette discipline étant naissante, de multiples projets voient le jour pour plutôt déterminer un standard de serveurs que les entreprises déploieraient elles-mêmes, directement sur leurs sites de production, c’est-à-dire encore plus près des objets connectés que les serveurs proxys d’Akamai. Enfin,

« Bien entendu, une usine pourrait installer son propre serveur à côté de ses machines-outils pour gérer directement leurs relevés. Mais ce principe n’est pas adapté à tous les cas d’usage. Par exemple, les automobiles. De plus, nos proxys, qui à la base diffusent des médias, sont conçus pour avec une grande capacité de stockage, ce qui est essentiel dans le cas où il s’agit de traiter des milliers de données remontées par les objets connectés », répond Stephen Ludin.

Akamai n’est pas non plus le seul à proposer des serveurs proxy près de ses clients. CloudFlare, son principal concurrent sur le marché des CDN, a aussi à son catalogue des serveurs de cache pour les applications qui exécutent du Javascript et il lui serait facile de les convertir en proxy MQTT. Citons aussi Amazon, qui non seulement dispose de proxys CloudFront, mais aussi d’une plateforme dédiée à l’IoT.

Des options vigoureusement rejetées par les clients d’Akamai que LeMagIT a pu croiser lors de l’événement Edge World.

« Ce dont nous avons le plus peur avec l’IoT, c’est que les objets connectés se fassent pirater. Et voilà pourquoi nous continuerons à travailler avec Akamai : ils ont une infrastructure éprouvée pour repousser les cyberattaques. Ils s’engagent contractuellement à ce que les identités de nos utilisateurs ne soient pas compromises par leur faute. », lance Darby Stewart, directeur technologique chez l’opérateur américain AT&T.

Une plateforme coûteuse

Il révèle que la facture que paie AT&T pour l’utilisation de serveurs Akamai varie entre 20 et 100 millions de dollars par an. Il est de notoriété publique que les proxys d’Akamai coûtent très cher. Pas question pour AT&T, néanmoins, de chercher une alternative.

« Bien entendu, cela nous coûterait bien moins cher de passer par AWS, d’autant que les deux fournisseurs nous facturent à l’usage. Mais, le prix d’Akamai comprend la mise à notre disposition d’une de leurs équipes. Elle travaille chez nous pour configurer et déployer les serveurs de cache selon nos désirs et selon des règles de sécurité et de qualité de service adaptées à chaque zone géographique, ce que ne propose pas AWS », raconte Darby Stewart.

« D’autre part, personne n’a autant de points de présence dans le monde qu’Akamai. C’est bien simple, je pense qu’aucun opérateur ne songe plus à lancer le dernier iPhone sans passer par Akamai pour éponger les demandes. »

Un collaborateur de la chaîne HBO, dont nous n’avons pas réussi à obtenir l’identité, avoue pour sa part passer exceptionnellement par des concurrents d’Akamai : « mais uniquement en complément ! Parce que le réseau de proxys d’Akamai, aussi vaste soit-il, n’est pas encore assez suffisant pour répondre à la demande quand nous diffusons un épisode de Game of Thrones ». Il indique en l’occurrence que la dernière saison de cette série a mobilisé les proxys de cinq fournisseurs, en plus de ceux d’Akamai.

Ce que l’événement Edge World ne dit pas, en revanche, c’est si les nombreuses les startups qui se lancent sur les projets IoT auront les moyens de s’offrir le service IoT Edge Connect.

« Pour être client d’IoT Edge Connect, il faut être client d’Akamai. C’est tout ce que j’ai à dire », élude Stephen Ludin.

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