Cet article fait partie de notre guide: Réussir la migration des machines virtuelles en cloud

Outposts : AWS dit oui au cloud hybride et boude le multicloud

La prise en charge du cloud hybride par AWS est maintenant réalité avec la sortie d’Outposts, mais Amazon adopte une approche différente du multicloud et interdit même à ses partenaires d’utiliser ce terme.

AWS détient pratiquement la moitié du marché IaaS. Le fournisseur serait heureux de l’accaparer entièrement si nous en croyons le règlement interne contre l’utilisation du terme multicloud. Et ce même si ses rivaux comme Microsoft et Google gagnent des parts de marché et que de plus en plus d’entreprises adoptent une stratégie multicloud.

Cette posture est essentielle pour comprendre ce qui s’est passé lors de l’événement AWS re:Invent 2019, qui a été marqué par la disponibilité générale d’AWS Outposts et une longue conférence menée par le PDG Andy Jassy. Il n’a de cesse d’inviter les entreprises à rejoindre son cloud.

Faire table rase du passé

« Vous devez décider ce que vous allez emmener avec vous », dit le PDG d’AWS aux clients qui veulent migrer leurs workloads dans le cloud public. « C’est un peu comme déménager d’une maison », ajoute-t-il tandis qu’un visuel représente ce mouvement par un camion dans lequel se trouvent des cartons AWS. Ceux affichant le logo des rivaux Oracle, IBM et Microsoft restent dans l’allée.

« Il se trouve qu’au moment d’engager de grosses transformations, les entreprises prennent tous les paris », affirme Andy Jassy. « Elles reconsidèrent toutes leurs précédentes décisions ».

Depuis plusieurs années maintenant, AWS utilise re:Invent comme une vitrine pour souligner le fait que de grands groupes issus de secteurs très réglementés ont effectué des migrations substantielles sinon totales vers sa plateforme cloud. Cette année, c’était Goldman Sachs qui était mise en avant. La banque travaille avec le fournisseur sur plusieurs projets IT, dont Marcus, un service numérique pour des clients BtoC. Un système de transaction censé aider les entreprises à gérer leur argent dans le cloud arrive l’année prochaine, selon David Salomon, PDG de Goldman Sachs. Le groupe est également en train de passer en production sa plateforme intelligente Marquee chez AWS.

En plus de partager les cas d’usage de clients enthousiastes, Andy Jassy s’en est pris à la compétition.

« Dans tous les secteurs d’activités, des entreprises ont des mainframes, mais tout le monde veut s’en débarrasser », affirme-t-il. C’est la même chose pour les bases de données, selon lui. « Les clients tentent de se séparer d’Oracle et de Microsoft SQL Server à cause de facteurs de coûts et d’enfermement », ajoute-t-il. En revanche, le PDG d’AWS n’a pas répondu aux accusations similaires visant ses services natifs de base de données.

À plusieurs reprises, il s’en est pris à Microsoft, qui détient la plateforme cloud la plus populaire après AWS. « Les gens ne veulent plus payer la taxe pour Windows », dit-il.

Mais ce n’est pas comme si AWS allait se débarrasser des technologies de son concurrent, puisque cela fait longtemps que la filiale d’Amazon héberge beaucoup de workloads Windows Server. En réalité, elle souhaite en gérer le plus possible. Elle a annoncé un nouveau programme « bring your own license » pour Windows Server et SQL Server. Celui-ci est conçu pour faciliter le déploiement de ces produits sur AWS face à Azure.

AWS pousse l’hybride, mais rejette le multicloud

L’une des annonces les plus attendues de ce re:Invent concernait, donc, la disponibilité générale d’AWS Outposts. Ces racks de serveur fournis et conçus par AWS sont placés au sein du centre de données du client. Il s’agit en principe d’éviter des problématiques réglementaires et surtout répondre à des besoins de faible latence. Ces équipements sont livrés avec une gamme de logiciels estampillés AWS et sont totalement gérés par le cloud provider. Pour cela, les racks sont systématiquement connectés aux régions cloud locales.

Le groupe américain pousse l’idée sous-jacente à Outposts un peu plus loin en annonçant ses Local Zones. Elle consiste à installer des instances dans des bâtiments techniques à proximité des grandes villes. L’objectif serait d’ouvrir une option à un client qui ne veut pas de data centers ou qui n’en a pas, mais qui souhaite bénéficier d’une faible latence pour ses applications. Local Zones, dont le premier déploiement a eu lieu dans les environs de Los Angeles, fournit cette capacité tout en étant étroitement relié aux régions plus vastes, selon AWS.

Outposts, AWS Local Zones et VMware Cloud on AWS (une offre lancée en mars en France) constitue le portfolio cloud hybride d’AWS. Pour autant, Andy Jessy ou d’autres responsables du groupe ne prononceront pas l’expression multicloud, tout du moins pas en public.

Selon un document interne à AWS obtenu par SearchAWS.com (filiale de Techtarget, propriétaire du MagIT), les partenaires qui veulent associer leur marque avec celle d’AWS ont pour interdiction d’utiliser ce mot-valise et le vocabulaire dans le cadre de campagne marketing. « AWS ne permet ou n’approuve pas l’utilisation des termes “multicloud”, “cross cloud”, “any cloud”, “every cloud” ou tout autre élément de langage impliquant le fait de prendre en charge plus d’un fournisseur cloud », stipule la ligne de conduite AWS sur le co-branding publié en août 2019. « Dans la même veine, AWS n’approuvera pas les références à plusieurs opérateurs (que ce soit par leur nom, l’utilisation de leur logo ou de manière générique) ».

Le porte-parole d’AWS interrogé par SearchAWS.com n’a pas répondu à la demande de commentaire. Ce positionnement ne paraît pas surprenant au vu du leadership d’AWS sur le marché du cloud. Cependant, elle contraste avec les approches récentes de Google, avec Anthos, la plateforme de gestion de containers multicloud, et Azure Arc de Microsoft, qui utilise des outils Azure natifs, mais qui dispose de fonctionnalités similaires.

« Les clients d’AWS veulent certainement profiter de capacités multicloud, mais ils peuvent se prémunir en installant des produits et des technologies adaptables comme Kubernetes au niveau de leur architecture. En compromis, ils doivent engager un important travail manuel », selon Holger Mueller, un analyste de Constellation Research.

« Pour être juste, Azure et Google ne sont qu’au début [de l’adoption du multicloud] », ajoute-t-il.

Certains clients font le choix du « All in one »

Entre-temps, de nombreux clients d’AWS se sont apparemment sentis à l’aise de transférer leur parc informatique sur cette plateforme.

Cox Automotive, connue pour ses propriétés numériques telles que Autotrader.com et Kelley Blue Book, a fait ce choix.

Au total, Cox possède plus de 200 applications logicielles. Une bonne partie a été récupérée à la suite d’une série d’acquisitions. La société prévoit de toutes les déplacer sur AWS, selon Chris Dillon, vice-président architecture chez Cox Automotive.

Pour gérer la transition, Cox Automotive utilise l’AWS Well-Architected Framework, un outil qui rassemble les meilleures pratiques afin de déployer sur les instances AWS.

« Quand on commence quelque chose de nouveau et qu’on le fait rapidement, on court toujours le risque de ne pas bien le faire », explique Gene Mahon, directeur des opérations techniques. « Nous avons décidé très tôt que tout passerait par un examen bien documenté. »

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