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Télétravail : conseils pour lutter contre les burnouts

Le télétravail est souvent une demande des salariés. Mais sur le long terme, il peut aussi générer un nouveau type de fatigue et flouter la limite entre vie privée et professionnelle. Heureusement, il existe des solutions simples pour remédier à ses conséquences les plus négatives.

Entre les parents obligés de jongler entre leur travail et faire école à la maison, l’angoisse du contexte sanitaire, et la précarité professionnelle dans les entreprises qui ont dû réduire leurs effectifs, la pandémie a engendré son lot de stress. Des facteurs inattendus se sont, en plus, invités dans la danse comme la « réunionite » virtuelle aigue et l’éclatement du temps de travail.

D’après une étude réalisée par la Harvard Business School, la journée de travail moyenne se serait en effet étirée de 48 minutes - une augmentation à laquelle les réunions à distance auraient largement contribué.

Enchaîner les « visios » peut, par ailleurs, avoir des conséquences lourdes sur notre bien-être émotionnel.

Chaque heure supplémentaire au-delà d’une heure d’écran tend à réduire le bien-être psychologique.

Les études révèlent que chaque heure supplémentaire au-delà d’une heure d’écran tend à réduire le bien-être psychologique. Les répercussions sont variées. Curiosité émoussée. Participants sont plus distraits et moins sociables. Équilibre émotionnel fragilisé. Ou encore employés qui éprouvent des difficultés à terminer ce qu’ils ont commencé.

Outre les « tunnels de réunions », le travail à la maison expose également à une myriade de distractions numériques. Pas étonnant, face à ce déferlement d’interactions sociales et professionnelles, que « la Zoom fatigue » et les burnouts plus classiques se soient multipliés.

Un sondage réalisé en ligne par Monster à l’été 2020 a ainsi révélé que 69 % des répondants ressentaient déjà à cette époque des symptômes de burnout en travaillant hors de leur bureau.

Les interactions numériques peuvent aussi nuire à la productivité

Le travail à distance est bon pour la productivité. Le constat a été fait en 2020 par plusieurs analystes et experts. Mais, paradoxalement, 2021 nous enseigne qu’il peut aussi la détériorer.

Travailler dans des locaux dédiés rend plus simple une vraie coupure à la fin de la journée. Même quand les salariés utilisaient massivement, avant la pandémie, des outils comme Slack, le départ physique du bureau marquait la fin de la journée de travail. Nombreux sont ceux pour qui, en télétravail, la frontière entre vie professionnelle et vie privée s’est estompée. Plus de 40 % des personnes interrogées lors d’un sondage MIT SMR ont confirmé qu’elles ne faisaient plus de distinction claire entre les deux.

Par ailleurs, les interactions permanentes avec de multiples canaux numériques se sont aussi révélées des obstacles à la productivité et à la santé émotionnelle.

Les agendas proposent par défaut des durées de réunion par tranche de 30 minutes. Résultat, des employés ont organisé leur journée en blocs de temps figés.

Un des problèmes des visioconférences – au cœur du télétravail - est qu’elles se font sur un ordinateur. Un ordinateur où de nombreuses autres tâches sont à portée de clic. À tout moment, la tentation est grande de déplacer son attention vers sa messagerie, un tableur ou même de surfer sur le web.

Les outils collaboratifs influencent également – sans que nous en soyons vraiment conscients - nos comportements professionnels. Les agendas en ligne, pas exemple, proposent par défaut des durées de réunion par tranche de 30 minutes (30 minutes, 1 heure, 1 heure trente minutes, etc.). Résultat, comme les participants n’ont plus le loisir de discuter de manière informelle sur leur lieu de travail - une communication naturelle, organique, verbale et non verbale, sans contrainte de temps en amont - ils ont organisé leur journée en blocs de temps figés, y compris pour ces échanges informels.

Ces blocs de temps induisent un effet pervers. Au bureau, une discussion informelle sur un sujet spécifique peut prendre quelques minutes. Mais à distance, le créneau « discussion vidéo » étant officiellement planifié, on se sentira souvent obligé d’utiliser tout le temps prévu.

Et dans le cas où la réunion est plus courte que prévue, les participants peuvent se sentir improductifs pendant ce temps « libre » et se mettre à parcourir leurs messages jusqu’à l’appel suivant.

Karine Babule, chargée de mission à l’Anact, résume la situation en évoquant « des difficultés liées à la surconnexion » et parle de « présentéisme numérique ».

Comment combattre l’épuisement lié aux visioconférences

Heureusement, il existe des solutions à ces problèmes. Une entreprise a tout à gagner à encourager les employés à reprendre en main la gestion de leur temps avec quelques règles simples. On pourra :

  • Rappeler qu’une réunion n’est pas un bloc figé – elle ne doit pas obligatoirement durer 30 minutes ou une heure (et le temps imparti au départ peut être réduit)
  • Inversement, rappeler que les réunions longues (plus de 45 minutes) sont le plus souvent les moins efficaces et les plus épuisantes pour les participants
  • Encourager et valoriser le temps libre – les breaks - avec enthousiasme. Sans pause pas d’engagement professionnel.
  • Etablir une charte qui stipule que les salariés doivent éviter de passer trop de temps en visioconférences.
  • Encourager les employés à bloquer des créneaux pour le travail « approfondi » - c’est-à-dire les dossiers qui demandent une forte concentration, de la réflexion et une continuité dans les tâches à mener.
  • Former les employés sur la manière de désactiver leurs notifications (justement pour les moments où une interruption cognitive perturbe le travail « profond »).
  • Prévoir des journées de la semaine sans aucune réunion pour avancer sur les sujets de fond.

Risques liés à la position assise prolongée au travail

Une étude très intéressante sur les hospitalisations liées au coronavirus a révélé que l’activité physique permettait d’en atténuer les symptômes. Cette étude s’est penchée sur 50.000 Californiens ayant contracté le virus. Elle montre que les personnes les plus actives avant de tomber malades sont celles qui ont le moins de risque de développer des symptômes graves ou d’en mourir.

Un salarié passait déjà neuf heures par jour en moyenne assis sur sa chaise. C’est six de plus que ce que les experts recommandent.

Une autre statistique indique qu’avant la pandémie, un salarié passait déjà 9 heures par jour en moyenne assis sur sa chaise : c’est 6 heures de plus que ce que les experts recommandent. Même chez une personne qui n’a pas d’autres facteurs de risques (alimentation déséquilibrée, tabagisme, etc.), cette habitude à elle seule réduit l’espérance de vie de deux ans.

Le télétravail pousse à être encore plus sédentaires. Il est donc important de garder à l’esprit qu’il faut faire des pauses régulières pour marcher. Marcher en pleine nature est une excellente manière de réduire son stress.

On peut même envisager de faire des réunions debout quand cela est possible. Les dirigeants ont intérêt à espacer les réunions et à permettre des activités plus dynamisantes.

Selon une étude de Johnson & Johnson, des employés ayant participé à 90 réunions en marchant se sont sentis plus concentrés et plus impliqués. On ne le dira jamais assez : marcher – en réunion ou dehors – est un moyen simple de protéger la santé et de réduire les risques de burnout professionnel.

L’auteur

Michael Rucker est l'auteur de The Fun Habit. Il propose un recentrage pratique inspiré de la psychologie positive. Pour lui, nous devrions plus cultiver l’amusement ce qui apporte un plus grand sentiment de bonheur et de joie dans la vie – privée mais aussi professionnelle.

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