Nvidia vend désormais plus aux datacenters qu’aux gamers

Nvidia a enregistré 1,75 Md $ de ventes trimestrielles dans les datacenters contre 1,65 Md $ pour ses cartes graphiques grand public, grâce aux contrôleurs Mellanox et au nouveau GPU A100.

Ne dites plus que Nvidia est un avant tout un acteur du jeu vidéo. Selon les résultats trimestriels qu’il vient de publier, le fabricant de GPU réalise désormais la majorité de ses ventes dans le datacenter. Et cela semble lui profiter : son chiffre d’affaires des trois derniers mois a ainsi atteint 3,87 milliards de dollars, soit un bond de quasiment 50 % par rapport aux ventes réalisées il y a un an.

Le secret ? Sur ce CA, 1,78 milliard de dollars de revenus proviennent des ventes de la nouvelle division Compute & Networking Group, laquelle a été créée pour poursuivre l’activité du Mellanox – l’un des grands fournisseurs de cartes contrôleur Ethernet et Infiniband – que Nvidia a racheté l’année dernière. Ces cartes contrôleur sont des éléments de base des grands datacenters ; elles sont omniprésentes chez les fournisseurs de cloud, dont les géants du cloud public Azure-AWS-GCP, ainsi que dans chaque nœud des supercalculateurs.

L’arrivée de Mellanox, mais aussi du GPU Ampere A100 pour l’IA

L’autre division de Nvidia, Graphics Group, qui chapeaute toutes les cartes GPU – celles pour le jeu vidéo comme celles pour accélérer les serveurs – a réalisé le reste des ventes, soit 2,09 milliards de dollars. Ce chiffre est de 15,6 % supérieur aux ventes de cette division l’année dernière.

Parmi ces GPU, on dénombre désormais une grande variété de cartes accélératrices pour les calculs intensifs en HPC et en moteurs de Machine Learning. Le produit vedette est l’A100, le GPU à architecture Ampere et aux 6912 cœurs CUDA que Nvidia commercialise depuis le second trimestre de cette année. Cette puce a la particularité de pouvoir être matériellement partitionnée pour que les fournisseurs de cloud puissent la proposer sous forme d’instances virtuelles plus ou moins performantes ou plus ou moins nombreuses.

On notera que si la division Graphics vend ses GPU au détail pour étendre les capacités des serveurs et des PC, la division Compute & Networking dispose à son catalogue, de serveurs clefs en main qui les intègrent. On y trouve ainsi une machine DGXA100 destinée aux applications d’intelligence artificielle et qui est livrée avec huit GPU A100, pour délivrer une puissance de calcul de 5 Pflops. Cette machine est par ailleurs équipée de neuf cartes Mellanox pour récupérer/envoyer des données avec une bande passante 3,6 Tbit/s.  

Des ventes multipliées par 2,7 sur les produits datacenters

Mais c’est lorsque l’on regarde les chiffres par segment de marché que l’on se rend compte du virage historique que Nvidia a pris ce trimestre. Désormais, les ventes de solutions pour datacenters – comprenant donc des cartes accélératrices GPU, les cartes contrôleur Mellanox et les serveurs DGX / HGX – atteignent 1,75 milliard de dollars. Soit 2,7 fois plus qu’il y a un an, quand Nvidia ne possédait pas encore Mellanox.

Pour entrer plus précisément dans les détails, les chiffres de Nvidia semblent indiquer qu’environ 30 % des ventes datacenter sont des produits Mellanox et un peu moins de 25 % sont des produits – cartes ou serveurs – basés sur le GPU A100. Ce qui signifie que les GPU présents au catalogue l’année passée ne représentent plus aujourd’hui que 45 % des ventes datacenter.

En face, les cartes graphiques pour le grand public ne sont plus la locomotive du fournisseur. Leurs ventes, quoiqu’en hausse de 26 % depuis l’année dernière, ont atteint au dernier trimestre 1,65 milliard de dollars.

Les autres catégories de produit ont, elles, souffert de la récente crise pandémique. Les cartes graphiques pour stations de travail chutent de 30,2 % pour atteindre 203 millions de dollars de revenus. Les cartes embarquées, notamment pour l’industrie automobile, sont les plus touchées, avec une baisse des ventes de 46,9 % pour tomber à 111 millions de dollars de revenus.

Une tendance qui doit encore se confirmer

Le reste du CA trimestriel se compose des licences reversées par les intégrateurs. Elles représentent 146 millions de revenus, soit une hausse de 31,5 %.

Pondérons tout de même ces chiffres. Comme l’ont fait remarquer plusieurs observateurs à l’annonce de ces résultats, les marchés datacenters que cible Nvidia, à savoir les grands hébergeurs de cloud et les supercalculateurs, sont plus susceptibles que d’autres de connaître des variations intempestives. Il est ainsi probable que l’extraordinaire poussée de Nvidia dans ce domaine lors du dernier trimestre ne soit que ponctuelle. Ou du moins ne soit que le signe avant-coureur d’une activité datacenter qui deviendra durablement la plus rentable un peu plus tard.

Nvidia prévoit d’atteindre pour le trimestre en cours un CA d’environ 4,4 milliards de dollars. Et, justement, il est probable que la majorité de ses ventes rebascule du côté des cartes graphiques grand public avec le lancement d’un nouveau produit.

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