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CloudBees veut devenir le Salesforce des BizDevOps

CloudBees veut maintenant faire de Software Delivery Management le CRM des BizDevOps et s’inspire majoritairement de Salesforce, techniquement et commercialement.

Habituellement, CloudBees organise son DevOps World au Moscone Center à San Francisco. Problème, un virus d’une taille de « quelques nanomètres » a provoqué une crise sanitaire d’envergure mondiale. Qu’à cela ne tienne, l’entreprise américaine dirigée par le Suisse Sacha Labourey a organisé la première version virtuelle de sa conférence. Résultat : plus de 20 000 inscrits au lieu de 2000 habituellement. Il faut dire que l’approche DevOps est considérée comme un aspect essentiel de la transformation « digitale ».

Le sujet est éminemment technique. Et pourtant, CloudBees entend le rendre compréhensible pour les cadres et les métiers des organisations. Le thème cette année est particulièrement d’actualité : la résilience. « Pendant le confinement, beaucoup d’entreprises se sont rendu compte, j’espère, que le DevOps est un moyen d’avoir de la résilience avant d’accélérer les développements », déclare Sacha Labourey, PDG et fondateur de CloudBees au MagIT.

En ce sens, l’éditeur (un des contributeurs principaux de Jenkins) considère que ses outils d’automatisation sont fin prêts. CloudBees les range sous la catégorie Software Delivery Automation (SDA). Cette appellation chapeaute les offres CloudBees CI, CD et Feature Flags. « Nous voyons que les entreprises ont adopté ce type d’outils et qu’elles obtiennent ce qu’elles souhaitaient, c’est-à-dire de la vélocité », considère le PDG de CloudBees.

Il y a pourtant un changement important sur lequel ne communique pas immédiatement l’éditeur. Le modèle de tarification de CloudBees CD s’aligne sur celui de l’offre CI.

Auparavant, il n’y avait pas de forfaits suivant la taille de l’entreprise. Le prix à l’entrée était le même pour tout le monde, ce qui dissuadait les petites organisations de compléter leur pipeline CloudBees CI avec l’offre CD. « Il faut s’attendre à avoir plus d’offres SaaS dans SDM et dans SDA. Nos clients se rendent compte que gérer des ressources n’est pas quelque chose de valorisant », déclare Sacha Labourey.

Une « vision d’aigle » sur les développements

Selon l’éditeur, il manque une vision d’ensemble, « comme celle d’un aigle, pour comprendre la situation » intimée par la multiplication des développements.

C’est ce que doit apporter la « plateforme » Software Delivery Management (SDM), une suite de modules disponibles en mode SaaS. « Nous avons créé en quelque sorte le Salesforce de la livraison de logiciels », explique le PDG de CloudBees. « À la place des opportunités commerciales, ce sont des fonctionnalités, des environnements, des vulnérabilités, des équipes techniques, des développeurs », liste-t-il.

Techniquement, la proposition de CloudBees ressemble à celle de Datadog dans la supervision IT : une couche de récupération de données via des agents qui auscultent les systèmes et les logiciels déployés par l’entreprise, associée à des modules, des outils applicatifs pour interpréter les données collectées. Le premier module se nomme « Engineering Efficiency ».

« Il ne s’agit pas de savoir si un développeur s’est endormi ou pas, mais plutôt d’obtenir la compréhension méta de ce que l’on fait en tant qu’équipe de développement : combien de temps passez-vous à développer des fonctionnalités, à débugger des applications, à bloquer les applications pour corriger des problèmes majeurs d’infrastructure, de comparer ces métriques entre équipes », commente Sacha Labourey. Concrètement, des outils d’analytique, de visualisation de données et de suivi des tâches doivent permettre une meilleure gestion des phases de développement et de déploiement.

CloudBees propose un deuxième module nommé Feature Management. « L’année dernière nous avons acquis Rollout. Feature Management offre la possibilité de suivre ce pour quoi les fonctionnalités conditionnelles (feature flags) sont déployées, d’analyser les métriques, de faire du A/B testing de ces fonctionnalités », déclare Sacha Labourey. Feature Management est directement lié à Feature Flags, le produit lancé l’année dernière après l’acquisition de Rollout, sous la casquette SDA. Celui-ci permet de regrouper les feature flags (ou fonctionnalités conditionnelles) et de les gérer dans une logique de production et d’exigences commerciales. Cependant, cet exercice est à effectuer manuellement via des tableaux de bord qui doivent faciliter cette tâche.

« Il n’y a pas de solutions immédiates à la gestion des features flags. Cependant, des outils d’analyse de code émergent pour supprimer de vieilles règles, pour faire la collection de déchets des feature flags. Nous discutons pour ajouter ce type de fonctionnalité, cela va être inévitable », prédit Sacha Labourey.

« Il n’y a pas de solutions immédiates à la gestion des features flags. Cependant, des outils d’analyse de code émergent pour supprimer de vieilles règles. »
Sacha LaboureyPDG, CloudBees

Les prémices de SDM, inspirés de Salesforce

Ces deux modules sont directement adressés au « product owner », celui qu’en bon français on a de plus en de mal à nommer chef de projet et qui en anglais devient petit à petit le BizDevOps. « Aujourd’hui, les modules de SDM s’adressent aux engineering managers et aux product owners. Mais les entreprises et les développeurs peuvent développer leurs propres modules », assure Sacha Labourey qui justifie encore une fois la comparaison de CloudBees avec Salesforce. « Certains développeurs ont utilisé des algorithmes NLP pour analyser le sentiment des pull requests pour voir s’ils sont perçus positivement ou négativement. En interne, nous avons appliqué du machine learning sur des tickets JIRA fermés, pour savoir qui les ferme et dans quelles conditions afin de recommander les équipes pour les aider à traiter les problèmes », relate-t-il.

En mai dernier, un porte-parole de l’éditeur expliquait au MagIT que SDM était constitué de deux produits : Product Hub et Value Stream Management. Product Hub c’est justement la couche de récupération de données et de connexion à des outils tiers qui permettent d’obtenir cette vision « d’aigle ». Cependant, et contrairement à un Datadog dans un autre domaine, CloudBees ne veut pas vendre simplement une couche technique.

« Nous avons créé en quelque sorte le Salesforce de la livraison de logiciels. »
Sacha LaboureyPDG, CloudBees

« Product Hub est en train d’être fusionné avec Feature Management. Value Stream Management [autrefois DevOptic N.D.L.R.] a été créé à une époque où SDM n’existait pas. Nous percevons SDM comme quelque chose de beaucoup plus générique que Value Stream Management qui devient lui aussi un module », déclare Sacha Labourey.

Commercialement, CloudBees s’inspire de Salesforce, encore. « Pour l’instant nous nous concentrons sur la vente de modules. Peut-être qu’à terme nous proposerons une plateforme générique, à l’instar de Salesforce », indique le PDG de CloudBees. Précisons que les offres SDM sont purement SaaS alors que le catalogue SDA comprend encore des solutions sur site.

D’autres acteurs ciblent les BizDevOps, ces responsables de projets. Atlassian a présenté une offre similaire, même si des questions concernant les intégrations avec certains outils restent en suspens. Plutora, Tasktop ou encore Puppet se lancent sur ce marché à l’instar de CloudBees. Ce concept encore jeune provoque une forte compétition chez les éditeurs. Reste à savoir si la sauce prendra chez les grands comptes, dont certains peinent encore à se réorganiser autour des principes DevOps. CloudBees semble se donner le temps : les deux modules de SDM seront disponibles au quatrième trimestre 2020.

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