Cet article fait partie de notre guide: Le grand guide du « cloud souverain »

Cloud souverain : le PDG de 3DS Outscale mise sur l’interopérabilité

3DS Outscale est le premier des trois hébergeurs de cloud public IaaS français à avoir obtenu la certification SecNumCloud. Deux ans plus tard, Laurent Seror a mûri sa stratégie « d’hyper-confiance ».

3DS Outscale – l’un des trois hébergeurs de cloud public français – se positionne désormais comme l’offre la plus mature parmi les clouds de confiance voulus par l’État. Mais pas question de faire cavalier seul : l’acteur est persuadé que c’est en favorisant l’interopérabilité qu’il profitera le mieux d’une dynamique, qui enfle d’elle-même. À l’occasion de son événement annuel Cloud Days, LeMagIT a rencontré son PDG, Laurent Seror, pour faire le point sur sa stratégie.

LeMagIT : Vous avez été le premier des trois hébergeurs de cloud IaaS français à obtenir la certification SecNumCloud par l’ANSSI, en 2019. Qu’en avez-vous fait ?

Laurent Seror : Nous avons utilisé cette plateforme d’hyper-confiance – physiquement séparée de nos autres datacenters de cloud public – pour héberger 70 grandes entreprises qui sont soumises au respect des directives de l’ANSSI. Ces 70 entreprises sont des Opérateurs d’importance vitale (OIV) et des services publics. Notre offre est également certifiée ISO 27001, ISO 27017, ISO 27018, et HDS (Hébergeur de Données de Santé).

En 2019, avant que nous proposions ce cloud de confiance, 98 % des revenus d’Outscale venaient des clients des logiciels Dassault Systèmes, qui hébergent chez nous leurs travaux. Aujourd’hui, ces clients historiques représentent 85 % de notre chiffre d’affaires. Les nouveaux clients de notre cloud de confiance représentent 10 % de nos revenus. Les 5 % restants sont des entreprises qui choisissent à présent de mettre leurs applications sur notre cloud public pour répondre à leurs enjeux de transformation, et qui souhaitent le faire avec un opérateur de droit français, sur le territoire français.

En définitive, 3DS Outscale est l’acteur historiquement le plus en phase avec le plan national de cloud de confiance annoncé récemment par le ministre Bruno Le Maire.

LeMagIT : Comment va évoluer votre offre à présent ?

Laurent Seror : Sans même parler des entreprises qui, depuis cette année, prennent collectivement conscience de la valeur stratégique des données hébergées dans un cloud souverain, tous nos nouveaux clients nous soumettent déjà beaucoup de nouveaux projets. Nous nous devions donc de renforcer encore notre offre.

Nous étendons donc à présent notre plateforme de cloud d’hyper-confiance avec de la haute disponibilité. Jusqu’à présent, il s’agissait d’un datacenter de production, situé quelque part en région parisienne, sauvegardé en permanence dans un autre datacenter. Pour autant, la réplication des données se fait entre eux de manière asynchrone. Désormais, nous ouvrons un second datacenter de production, éloigné de 15 km du premier et qui fonctionne en mode actif-actif avec lui. Ainsi, si un incident devait survenir sur l’un d’eux, la production basculerait automatiquement sur le second, sans aucune interruption de service.

Nous travaillons aussi à rendre notre marketplace plus intéressante pour les fournisseurs qui distribuent leurs services depuis notre cloud public. Pour commencer, nous ne demandons pas qu’ils nous reversent de commission sur leurs ventes. Nous considérons que nous gagnons de l’argent en les hébergeant et qu’il est donc dans notre intérêt d’en attirer le plus grand nombre. À la rentrée prochaine, nous leur apporterons des fonctions inédites pour une marketplace. Mais nous ne tenons pas à les dévoiler tout de suite.

LeMagIT : Vous êtes membre fondateur de Gaia-X, qui se veut une place de marché communautaire. Dans quelle mesure est-ce une opportunité pour vous ? Ne risquez-vous pas au contraire de favoriser vos concurrents ?

Laurent Seror : Vous savez, il est intéressant que nous ne soyons pas les seuls à être certifiés SecNumCloud, par exemple. Car cela nous obligerait à répondre à toutes les contraintes, y compris celles qui ne nous intéressent pas. Nous avons beaucoup plus à gagner en mettant en avant notre qualité de service parmi des offres cloud qui sont toutes compatibles entre elles. Selon moi, Gaia-X est peut-être l’opportunité pour les fournisseurs de cloud français d’écrire une histoire en Allemagne.

« Toutes les machines virtuelles que vous déployez sur notre cloud peuvent fonctionner chez les autres fournisseurs de cloud au sein de Gaia-X. »
Laurent SerorPDG, 3DS Outscale

Le mot-clé de Gaia-X est l’interopérabilité. Toutes les machines virtuelles que vous déployez sur notre cloud peuvent fonctionner chez les autres fournisseurs de cloud au sein de Gaia-X. Dans ce contexte, nous ne facturons désormais plus les données sortantes. Cela signifie que si vous hébergez chez nous vos applications, vous n’aurez pas à payer pour exporter leurs données vers un service cloud que seul l’un de nos concurrents propose.

Il ne faut pas voir Gaia-X comme un gâteau dans lequel chacun veut avoir la plus grosse part. Gaia-X est une opportunité commerciale qui va augmenter d’elle-même, globalement, pour tous, et qui, par la loi du marché, va tirer les prix au plus juste.

LeMagIT : Que pensez-vous de l’initiative Bleu d’Orange et Capgemini qui déportera les services d’Azure sur un cloud 100 % souverain ? Est-ce un modèle que vous souhaiteriez imiter ?

Laurent Seror : Bleu va répondre au besoin d’avoir du Microsoft Office 365 souverain, parce qu’il y a une dépendance technologique de la France vis-à-vis des outils Microsoft. La demande est énorme, bien plus importante que celle d’avoir du IaaS souverain. Nous avions eu la même idée il y a trois ans. Le problème est que Microsoft nous demandait de lui reverser 85 % de commissions sur la vente de ses services. Cela nous aurait obligés à proposer des tarifs deux fois plus élevés que ceux d’Azure. Économiquement, c’était intenable.

Nous discutons en ce moment avec d’autres grands éditeurs, dans d’autres domaines. Mais ce sont des dossiers complexes ; le propriétaire d’une solution redoute nécessairement que ses ventes soient cannibalisées. Nous verrons. Mais, pour l’heure, notre plus-value sur les applications en ligne reste l’écosystème Dassault Systèmes et c’est un atout que nous sommes fiers d’avoir.

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