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DbaaS : Aiven entend faire mieux que les services de GCP, Azure et AWS

Aiven, fournisseur finlandais de services DbaaS open source, s’est fait récemment remarquer pour son partenariat avec OVHcloud. Désormais listé parmi les licornes, il souhaite étendre son influence en Europe et en Asie.

La société Aiven a été fondée à Helsinki en 2016. Sa spécialité ? Proposer des bases de données open source managées sur le cloud public dont Microsoft Azure, AWS, Google Cloud, Digital Ocean et UpCloud.

Son offre comprend PostgreSQL, mySQL, Redis, M3, InfluxDB, Cassandra ainsi qu’Apache Kafka, Grafana et OpenSearch.

« Nous proposons ces services en mode multicloud, mais aussi au travers d’une console technique qui offre à nos clients l’ensemble des capacités de sécurité, de conformité, de processus de contrôle des données et des coûts », affirme Thomas Dubus, vice-président Sales EMEA chez Aiven.

Avec une telle offre de services, Aiven se retrouve en face de ses partenaires GCP, AWS et Azure. « Les hyperscalers n’ont pas par nature des capacités multicloud. En outre, notre support est de meilleure qualité parce que nous nous concentrons uniquement sur les bases de données », défend Thomas Dubus.

Le fournisseur de DbaaS vante son rapport performance/prix, quatre niveaux de support et un SLA de 99,99 %.

Aussi, Aiven défend une approche « 100 % open source ». « Nous utilisons les distributions open source. Notre OSPO (Open Source Program Office) participe également aux projets », assure notre interlocuteur. L’équipe d’Aiven a aussi développé des outils et des connecteurs libres pour la gestion des bases de données. Cet OSPO serait supporté financièrement, de « manière significative ». La popularité grandissante des SGBD libres expliquerait cette décision. Une autre raison semble plus évidente.

« Faire de l’open source demande de l’argent, car il faut se prémunir contre des décisions comme celle d’Elastic. Cela peut arriver à d’autres », prévient Thomas Dubus.

La galaxie Mulliez comme vitrine

Cette approche semble avoir séduit des acteurs français. Parmi les plus de 800 clients d’Aiven à travers 50 pays, l’on compte Adeo, Norauto, Auchan et Décathlon. Comment expliquer ce succès ?

« Aiven n’est pas un acteur impliqué dans les grands projets de cloud rehosting », déclare Thomas Dubus. « La plupart des grandes entreprises migrent leurs applications existantes sur un nouveau IaaS. Cela nous arrive fréquemment de migrer des bases de données propriétaires vers des alternatives open source, mais ce n’est pas notre activité principale ».

Aiven propose ses DbaaS comme « un pilier technologique pour les projets cloud natifs stratégiques des entreprises ». En clair, le fournisseur est généralement utilisé par les nouveaux déploiements applicatifs. « C’est tout à fait la stratégie adoptée par un certain nombre de sociétés de la galaxie Mulliez il y a maintenant trois ans », explique le responsable.

Aussi, Thomas Dubus évoque les résultats d’une étude auprès des clients d’Aiven censé montrer qu’un administrateur de bases de données (DBA) peut gérer davantage d’instances de SGBD avec Aiven qu’avec les services DbaaS des hyperscalers. Aussi, « Les coûts OPEX sont en moyenne 37 % plus bas avec Aiven. Par exemple, nous sommes plus chers que Google Cloud SQL, mais nous sommes plus performants et nous ne générons pas de temps d’arrêt lors des mises à jour ou des failovers ».

Les solutions d’Aiven ne sont pas magiques. Le DBA doit toujours gérer les performances des requêtes et optimiser les modèles de données par rapport aux applications de l’entreprise. « En revanche, le DBA n’a plus à superviser en permanence le SGBD ou à effectuer les mises à jour, entre autres », assure notre interlocuteur.

Des partenariats cloud à développer

En outre, l’acteur européen n’est présent en son nom que chez le fournisseur finlandais UpCloud, spécialiste des PME. Le partenariat avec OVHcloud dépend d’un contrat OEM. « Nous produisons pour OVH les services de bases de données à la demande qu’il offre à ses clients. Nous n’avons pas de plan actuellement pour offrir nos services sur OVH. C’est en discussion. Il faut d’abord évaluer le succès de ce partenariat », déclare Thomas Dubus.

Aiven est déjà partenaire OEM de Digital Ocean, mais il propose également ses services DbaaS en son nom sur le cloud américain. Comme les éditeurs américains, Aiven propose la solution du chiffrement des données comme une protection au CLOUD Act. « Cependant, certains de nos clients veulent disposer d’un cloud qui est purement européen. UpCloud ne répond pas à tous les besoins. Des partenariats avec d’autres clouds pourraient intervenir dans le futur », entrevoit le responsable français.

En mars 2021, Aiven a annoncé une levée de fonds de 100 millions de dollars en série C. Le 19 octobre, l’entreprise a dévoilé une extension de cette collecte de 60 millions de dollars auprès des mêmes investisseurs, dont World Innovation Labs, IVP, Atomico et d’autres (Salesforce Ventures avait participé au tour de table de mars).

La licorne aux 230 salariés, désormais valorisée à 2 milliards de dollars, ouvre un bureau à Paris au mois d’octobre et un autre à Singapour pour se développer en Asie. L’entreprise se développe en Australie, en Nouvelle-Zélande, au Japon et en Corée du Sud. « Nous allons étendre notre présence en Asie et je dois faire de même en Europe du Sud : par exemple en Italie, en Espagne ou encore au Portugal », déclare Thomas Dubus.

Aiven, soutien d’OpenSearch

Technologiquement, Aiven se concentre sur l’apport de nouveaux services comme Apache Flink associé à Kafka, et ClickHouse, un SGBD orienté colonnes destiné à l’analytique en temps réel, développé par Yandex. Mais la startup compte aussi miser sur OpenSearch, la fork d’Elasticsearch soutenue par AWS.

« Sur nos offres, les services les plus populaires sont Kafka, PostgreSQL et maintenant OpenSearch », déclare Thomas Dubus.

Contrairement à Shay Banon, PDG d’Elastic, Aiven observe une montée en popularité d’OpenSearch. « AWS a assuré un certain nombre de garanties à la communauté que cette distro resterait open source. Nous avons accompagné le projet qui est maintenant en production chez nous », déclare le VP Sales EMEA.

« Nous avons un certain nombre de clients qui aiment beaucoup Elasticsearch, mais qui préfèrent l’avoir sur Aiven que sur Elastic Cloud. Ce mouvement s’étalera jusqu’à mars 2022, jusqu’à la fin de vie de la version 7.10.2 d’Elasticsearch ».

Pour l’instant, certains clients attendent avant de passer sur OpenSearch. « Un peu moins de la moitié de nos clients qui étaient sur Elasticsearch ont déjà testé notre service OpenSearch », assure Thomas Dubus. « Je ne vois pas à l’heure actuelle une fuite de nos clients vers Elastic Cloud, c’est même l’inverse ».

Selon le responsable, la version 1.0 d’OpenSearch n’apporte pas de modifications majeures « de manière très intentionnelle », pour éviter les problèmes d’incompatibilité. « Ensuite, il y a beaucoup de plans pour intégrer des équivalents aux X-pack, des fonctions de la suite Elastic qui n’étaient pas open source », poursuit-il.

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