Serg Nvns - Fotolia

Service mesh : Google libère Istio pour de bon

La décision de Google de faire don du maillage de services Istio à la CNCF n’est pas surprenante, mais les partisans du projet pensent que cela pourrait élargir son adoption sur un marché hautement concurrentiel.

Après une expérience infructueuse en matière de gouvernance du service mesh Istio, Google confie enfin le projet à une fondation open source.

La marque déposée pour Istio sera transférée de l’Open Usage Commons de Google, établi à la consternation générale en 2020, vers la CNCF (Cloud Native Computing Foundation), un sous-groupe de la Linux Foundation fondé pour gouverner Kubernetes en 2015.

La nouvelle, annoncée lors de l’événement virtuel IstioCon de cette semaine, intervient environ cinq mois après le don du projet d’informatique événementielle Knative par Google. Naturellement, les professionnels et les analystes s’attendaient à ce que Istio suive la voie de Knative et de Kubernetes. Selon les porte-parole de Google, cette décision de relâcher (enfin) Istio est en partie motivée par le désir d’avoir une seule fondation pour ses trois frameworks au centre des politiques de gestion de conteneurs.

« Istio va maintenant progresser plus rapidement et, [...] les entreprises ont une route toute tracée vers le cloud hybride sans verrouillage propriétaire, peu importe le choix de l’hyperscaler. »
Larry CarvalhoAnalyste indépendant, RobustCloud.

« La marque Istio, qui était sous le contrôle relatif de Google, est transféré à la CNCF, où elle sera gérée comme l’est la marque Kubernetes, ce qui permet de réduire les risques pour la communauté et de créer un écosystème véritablement ouvert », affirme Eric Brewer, vice-président et fellow de Google, lors d’une allocution à l’IstioCon. « Il sera alors un élément d’une pile technologique complète basée sur Kubernetes ».

Les partisans d’Istio et les participants à l’IstioCon ont salué cette initiative. Ils s’attendent à ce qu’elle élargisse l’adoption du projet parmi les utilisateurs. En outre, cela soulage les éditeurs qui se méfiaient du contrôle exclusif de Google sur la gouvernance du projet.

« J’ai poussé ce projet dans les coulisses pendant des années », lance Nicolas Chaillan, un des premiers adeptes d’Istio, anciennement au ministère de la Défense (DoD) et aujourd’hui consultant indépendant et membre du conseil consultatif de Tetrate, un éditeur d’une distribution commerciale du service mesh. « [Maintenant, Istio] va conquérir l’ensemble du marché. Les gens suivent ce que la CNCF adopte ».

L’adoption du maillage de services était également au cœur du discours Lin Sun, directrice de l’open source chez Solo.io, un autre éditeur dépositaire d’une offre basée sur Istio et ancienne responsable de la gouvernance d’Istio chez IBM.

« Pas besoin de faire du repérage pour différents projets de maillage de services : vous choisissez simplement ce qui est le plus déployé dans les environnements de production, le projet supporté par la CNCF », vante Lin Sun.

Le service mesh Istio a toujours bénéficié de ses soutiens de haut niveau, notamment Google, IBM et la société de covoiturage Lyft, qui ont lancé ensemble le projet en 2017. Mais jusqu’à présent, il n’a pas dominé ses concurrents comme Kubernetes l’a fait. Son concurrent Linkerd, lui aussi chapeauté par la CNCF, le talonne. Sa facilité d’utilisation et son déploiement flexible lui ont permis de surpasser la croissance d’Istio en Amérique du Nord en 2021, selon l’enquête annuelle de la CNCF.

En brisant la chaîne entre Google Cloud et Istio, les fournisseurs, les éditeurs et les clients pourraient porter un autre regard sur Istio, selon un analyste.

« Istio va maintenant progresser plus rapidement et, plus important encore, les entreprises ont une route toute tracée vers le cloud hybride sans verrouillage propriétaire, peu importe le choix de l’hyperscaler », affirme Larry Carvalho, analyste indépendant chez RobustCloud.

La CNCF doit encore accepter formellement le projet Istio, mais elle le fera très certainement, comme elle l’a déjà fait avec Knative.

Une coalition entre Istio et Linkerd possible, selon Buoyant

Les responsables de la communauté Linkerd ont suggéré que cela pourrait ouvrir la voie à une collaboration entre les projets de service mesh de la CNCF.

« Nous avons toujours accueilli favorablement la participation de Google à Linkerd », assure William Morgan, fondateur et PDG de Buoyant.io, le principal soutien commercial de Linkerd. « Et j’espère que ce virage signale un changement plus profond qui leur permettra enfin de nous rejoindre – au nom de la contribution, du maintien et de l’amélioration de l’écosystème, si ce n’est plus ».

Istio est déjà largement déployé, notamment au sein des grandes entreprises qui ont besoin de fonctions de sécurité à grain fin, où Istio a dominé le marché dès sa création. Cependant, la complexité du projet a ouvert des opportunités pour les concurrents, qui comprennent Kong Mesh et HashiCorp Consul en plus de Linkerd.

La communauté en amont travaille toujours à « rendre Istio ennuyeux », répète Lin Sun de Solo.io, avec des mises à jour telles que le raffinement de la mise en réseau des pods et une interface distincte et plus claire pour la configuration du proxy dans les versions récentes. Les éditeurs tels que Solo.io et Tetrate ont également ajouté des fonctions pour faciliter l’utilisation d’Istio, afin de le rendre plus attrayant.

« Nous savons que cette technologie n’est pas aussi ennuyeuse que Kubernetes », avoue Lin Sun lors de sa présentation à l’IstioCon. « Mais c’est notre intention ».

Pour approfondir sur Architectures logicielles et SOA

Close