Le low-code pour tous, le nouveau mantra d’Appian

Lors d’Appian World, l’éditeur a présenté #lowcode4all, un programme de formations ouvert à toutes les personnes qui souhaiteraient apprendre à maîtriser sa plateforme low-code. Si Appian veut « démocratiser » cette technologie, ce sont actuellement ses partenaires qui recrutent la majorité des développeurs certifiés.

#lowcode4all – ou « le low-code pour tous », en français – est le nouveau programme de formations d’Appian. Il témoigne la volonté de l’éditeur de mettre le pied à l’étrier de « développeurs novices ». L’éditeur offre ainsi 1 000 bourses pour des apprentis qui souhaiteraient obtenir leur certification « Certified Associated Developers » au cours de l’année 2022.

L’éditeur spécialiste du BPM et du low-code promet aux participants de leur fournir un « programme d’études complet », un parcours d’apprentissage récompensé par un badge et la fameuse certification, une aide à la recherche d’emploi et un accès aux recruteurs « par le biais du réseau de partenaires Appian ».

Ladite certification est reconnue par les employeurs. Certaines offres trouvées sur le site Web Indeed mentionnent ce sésame comme prérequis à l’embauche de développeurs junior. Il s’agit du premier niveau de certification sur trois proposé par l’éditeur. Les deux autres permettent de valider l’expérience d’un développeur sénior et d’un développeur principal. Peu importe le sésame, chaque examen coûte habituellement 200 dollars.

Pour mener à bien cette initiative, l’éditeur s’appuie sur un réseau de partenaires, dont Revature, Skillstorm, Ethnus et Xebia. Ces acteurs sont spécialisés dans la formation et le recrutement des talents.

Ce programme est ouvert aux étudiants diplômés ou non, aux personnes qui ont mis en pause leurs études, aux chômeurs ou aux personnes en plein changement de carrière, ainsi qu’aux vétérans des armées américaines.

#lowcode4all est pour l’instant exclusif aux États-Unis. Pour motiver l’existence d’une telle initiative, Appian cite une étude de Morgan Stanley. Rien que dans ce pays, il y aurait une pénurie d’au moins 1,4 million d’ingénieurs logiciels. Ce phénomène semble amplifié par la pandémie.

Encourager les certifications et simplifier l’accès à la plateforme

L’initiative est observée de près par les responsables européens. Paul Maguire, directeur des opérations en EMEA et en Asie-Pacifique chez Appian, envisage de porter le programme à l’international. « Nous allons d’abord lancer #lowcode4all aux États-Unis, prouver sa valeur et ensuite l’étendre à l’international plus tard cette année », prévoit-il. En parallèle, plus de 24 000 nouveaux membres ont rejoint la communauté d’Appian au cours du premier trimestre 2022.

Mais il faut aussi préparer le terrain, en favorisant l’apprentissage au sein de la plateforme low-code.

En ce sens, Appian a rappelé la disponibilité de l’édition communautaire de sa plateforme, accessible gratuitement. L’éditeur a également mis l’accent sur plusieurs ajustements pour faciliter l’usage de ses outils. Ainsi, la community edition comprend des instructions dynamiques qui s’affichent quand un utilisateur est en train de concevoir une application. Appian poursuit en parallèle un travail de traduction de sa documentation. Adam Glaser, SVP Engineering chez Appian a présenté la traduction des sites communautaires et de la documentation de l’éditeur en japonais.

Appian a réorganisé Appian Designer pour faciliter l’accès aux informations au sein de la plateforme low-code. De même, l’onglet Explore doit offrir une vue des composants et des packages (enregistrements, UI, processus modélisés, API, connecteurs, etc.) pouvant être réutilisés. En outre, les utilisateurs peuvent obtenir une vue des composants qui propulsent une application depuis la page consacrée au projet en cours de développement.

« Pile, les clients adoptent nos outils low-code parce qu’ils ont dû mal à recruter des professionnels IT. Face, ils ont besoin de personnes qualifiées pour les manipuler. Nous supportons ces deux aspects ».
Paul MaguireDirecteur des opérations EMEA & APAC, Appian

« Ce sont deux faces d’une même pièce », explique Paul Maguire. « Pile, les clients adoptent nos outils low-code parce qu’ils ont dû mal à recruter des professionnels IT. Face, ils ont besoin de personnes qualifiées pour les manipuler. Nous supportons ces deux aspects ».

Si les porte-parole d’Appian défendent le fait que le low-code est la solution pour répondre aux manques de talents dans l’IT – une hypothèse également défendue par Gartner –, il convient de mettre en exergue deux points.

Premièrement, les outils low-code réclament généralement une connaissance des logiques de développement et des bases dans les langages de programmation les plus usités (Java, HTML, JavaScript, entre autres). Les dirigeants d’Appian l’ont déjà rappelé à plusieurs reprises : ils ne croient pas que le no-code réponde efficacement aux besoins des entreprises. Or la pénurie de talents se fait aussi sentir pour les organisations qui déploient ce type de technologies. Pour autant, ils estiment que la plateforme low-code est déjà accessible à tous et accélère grandement la vitesse de développement.

« N’importe qui peut devenir un développeur low-code », lance Adam Glaser auprès du MagIT. « C’est ce que l’on croit, c’est ce que l’on observe. Nous tentons juste de faciliter les choses ».

Deuxièmement, les clients d’Appian n’expriment pas tous les mêmes besoins en matière de recrutement.

Par exemple, Paul Maguire évoque le cas de HSBC qui a créé un centre d’excellence en partenariat avec Appian et Coforge, son intégrateur de choix. Ainsi, le groupe bancaire a formé plus de 300 personnes en interne à la plateforme low-code.

De son côté, Krystle DaSilva Boyce, directrice chez Neuberger Bergman qui témoignait lors d’Appian World, a mis en place une équipe centrale composée de développeurs et de certains membres des équipes IT pour piloter les projets low-code sur Appian au sein de cette société de gestion de placements privés. Avec l’aide de PWC, cette Appian Execution Team doit identifier les besoins métiers auxquels la plateforme low-code répond le mieux et former les développeurs qui n’auraient pas les compétences suffisantes pour concevoir les fonctionnalités attendues.

Le Naval Information Warfare Center (NWIC) Atlantic, une entité rattachée à l’US Navy qui joue aussi le rôle de DSI, elle, doit répondre à un autre enjeu : le turn-over.

Historiquement, le NWIC Atlantic forme le personnel, dont les développeurs (low-code ou non). Or les départs et les assignations changeantes peuvent provoquer des déficits qui poussent les responsables à changer leur fusil d’épaule. « Traditionnellement, nous formons nous-même notre personnel, mais il est difficile de garder les développeurs qui changent d’emploi régulièrement », explique Cory Rogers, software services IPT Lead pour le NWIC Atlantic. « Parfois, il est plus judicieux d’établir des partenariats avec des experts de l’industrie ou d’engager des personnes expérimentées au lieu de former vous-même vos employés ».

Dans certains cas, le NWIC Atlantic pourrait privilégier les consultants en provenance des contractants, ici les intégrateurs ayant reçu le niveau d’accréditation nécessaire pour participer aux appels d’offres des armées américaines.

Un programme qui intéresse les partenaires d’Appian

S’il y a un intérêt tout particulier pour un éditeur américain à vanter son soutien aux vétérans, il pourrait également s’agir de former des recrues de choix pour les fameux contractants, à la recherche de développeurs ou de personnels IT au fait des us et coutumes de leurs clients finaux. D’autant qu’Appian prévoit d’étendre sa présence auprès des acteurs du secteur public, aux États-Unis, au Royaume-Uni, mais aussi en France, dixit Paul Maguire.

D’ailleurs, le fait que le programme #lowcode4all oriente les développeurs novices vers les recruteurs au sein des partenaires d’Appian pourrait laisser entendre que l’éditeur veuille uniquement grossir les rangs des intégrateurs.

« En général, les développeurs rejoignent des fournisseurs de services professionnels et puis, au fil du temps, décident qu'ils veulent travailler directement pour les clients ».
Paul MaguireDirecteur des opérations EMEA & APAC, Appian

Questionné à ce sujet, Adam Glaser réfute l’idée que #lowcode4all a été élaboré à l’intention exclusive des partenaires de l’éditeur. « Je ne peux pas spéculer sur les possibilités d’emploi que les participants auront une fois qu’ils seront devenus des développeurs low-code, mais je sais que cela leur ouvrira des portes de bien des manières différentes », déclare-t-il auprès du MagIT.

« À savoir si les gens rejoindront les banques, les assureurs et les compagnies d’énergie [la majorité des clients d’Appian proviennent de ces trois segments, N.D.L.R], ou s’ils rejoindront les firmes IT, seul le temps nous le dira », affirme de son côté Paul Maguire. « En général, les développeurs rejoignent des fournisseurs de services professionnels et puis, au fil du temps, décident qu’ils veulent travailler directement pour les clients », nuance-t-il.

En pratique, ce sont bien les intégrateurs et les firmes de consultance qui embauchent le plus régulièrement des développeurs low-code. Sur les 831 postes ouverts référencés par Indeed aux États-Unis relatifs à la technologie d’Appian, 536 offres proviennent de Deloitte, 99 de KPMG et 31 de la part d’Accenture. En France, 25 offres sont disponibles sur Indeed, dont 22 sont éditées par des cabinets de recrutement, de conseils ou des ESN.

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