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IA de confiance : un club d’échanges sur Paris
Le club « AI for Good – AI for Bad » a lancé ses travaux lors d’un premier événement matinal organisé le 17 juin et réunissant décideurs IA, data et métiers en entreprise autour d’un enjeu central pour les DSI : construire une intelligence artificielle utile et surtout maîtrisée pour les organisations.
Le club « AI for Good – AI for Bad » vise à développer des échanges sur des sujets liés à l’IA qui concilient innovation technologique et évaluation des risques quant à l’intérêt général. À cette occasion, Nasser Ben Khemis (directeur IA Générative, Crédit Agricole IDF), Romain Hamard (responsable Expérience Clients CA IDF, cofondateur de We Are Com) et Stéphane Marder (co-DG Strategir) ont partagé constats et leviers pour une IA responsable.
« Mon rôle de directeur IA Générative n’est pas exceptionnel », a affirmé Nasser Ben Khemis qui considère que les entreprises ont déjà pris un virage organisationnel pour adresser le sujet. « Ce rôle répond aux enjeux d’acculturation, d’accélération technologique et de réglementation. »
Au Crédit Agricole Île-de-France, cette acculturation dépasse le cercle des décideurs : 4 000 collaborateurs sont concernés par le programme. Le but : installer une culture de l’IA générative, en lien resserré avec la direction data, notamment en charge de la gouvernance et de la qualité des données, considérées comme le pilier essentiel à une exploitation positive des IA disponibles ou à venir. « L’IA for Good dépend de bonnes données, elle doit donc être placée dans la direction data », insiste Nasser Ben Khemis.
Voix, usages et souveraineté : les vrais chantiers
Au-delà des cas d’usage déjà en cours d’exploitation, la voix est perçue comme le futur des usages IA dans un contexte – et un secteur – où la relation clients est le premier besoin couvert. « C’est déjà un chantier en cours pour mieux répondre aux demandes complexes et pour apporter du conseil », ont indiqué Nasser Ben Khemis et Romain Hamard. Mais le développement ne doit pas se faire au détriment de la souveraineté… Avec l’adaptation de ces outils puissants et la réglementation sur les données personnelles, la souveraineté est en effet l’un des principaux sujets de discussion en interne et avec les prestataires externes, parmi lesquels les hyperscalers américains sont omniprésents.
« Il y a trop de flou sur la souveraineté des données », prévient ainsi Nasser Ben Khemis.
« Nous excluons les infrastructures IA du marché tant que les garanties ne sont pas claires », ajoute-t-il. Ce qui induit peut-être un sentiment de décalage dans un contexte de compétition internationale, mais est aujourd’hui plutôt perçu comme un moment de saine retenue avant de s’engager dans des conditions plus favorables aux entreprises.
Un rempart contre le shadow IT
Côté métiers, l’accompagnement est la clé pour éviter les dérives. « Nous observons une généralisation des usages IA dans les directions marketing et communication », a expliqué Romain Hamard. Une dynamique qui doit être guidée afin de prévenir l’explosion du shadow IA.
Forte de l’expérience passée au moment de l’explosion des applications métiers en mode SaaS, la DSI se veut cette fois au cœur du jeu dès le départ avec deux arguments clés : la souveraineté et la sécurité. Mais pas seulement : le shadow IA est aussi un enjeu de productivité dans un espace où la qualité de l’information assistée générée doit être sous contrôle.
Perceptions en Europe et en France
De son côté Stéphane Marder a partagé les résultats d’une étude Strategir-Norstat qui laisse apparaître un décalage de comportement face au shadow IA : dans le nord de l’Europe, l’IA serait plus maîtrisée et encadrée ; dans le sud, les usages sont plus spontanés, influencés par les effets médiatiques. « Cela interroge sur la gouvernance et les risques liés au shadow IT », précise-t-il.
En outre, les données du panel révèlent une défiance persistante : seuls 14 % des Français font pleinement confiance à l’IA, mais 62 % sont prêts à partager davantage d’informations si l’IA leur rend un vrai service. Ce type de méfiance a déjà existé par le passé vis-à-vis du e-commerce, n’empêchant pas rapidement l’Hexagone de devenir l’un des territoires commerciaux les plus porteurs en matière d’échanges sur Internet.
Sécurité, infrastructures et acculturation : les nouveaux fondamentaux
Puis les échanges au départ centrés sur l’IA générative ont finalement porté sur l’IA agentique, dans un contexte d’adoption rapide. Pour tout le monde, les entreprises devront redoubler d’attention sur les aspects de cybersécurité (fuites de données, altérations de modèles, injection de biais) tout en accélérant l’acculturation interne et la définition de processus robustes.
Enfin, la nature de la plateforme IA (cloud public, datacenter privé, PC IA…) devient stratégique : selon qu’on se situe dans une phase ou un usage d’apprentissage ou d’inférence, les choix d’architecture auront un impact déterminant sur la souveraineté, les performances et les coûts dans les mois à venir.