Cisco démontre son savoir-faire en IoT dans le port de Rotterdam

Le projet vise à améliorer la réactivité aux incidents, réduire les émissions de CO2 et automatiser les chargements de containers dans le plus grand port européen. Une vitrine technologique pour l’équipementier.

C’est l’un des aspects les moins commentés de la guerre économique que se livrent les USA et la Chine. L’américain Cisco et le chinois Huawei rivalisent pour déployer leurs équipements de télécommunication dans les villes, les sites industriels et les exploitations agricoles du territoire européen.

L’objectif est de vendre de tentaculaires systèmes de surveillance dont ces grands clients sont friands. Des caméras, des portiques, des engins tous connectés via des bornes radio. Pour savoir à tout moment où se trouve le moindre appareil, meuble, ou utilisateur. Pour connaître son état. Et pour piloter à distance les actions qui amélioreront son rendement ou sa circulation. Éventuellement en confiant la prise de décision à une intelligence artificielle.

« Nous avons mis en place un programme, le Country Digital Acceleration (DCA), qui consiste à proposer aux pouvoirs publics le montage de projets technologiques sécurisés, durables pour servir la transformation numérique de leurs institutions. Nous rencontrons des chefs d’État, de hauts dirigeants dans les administrations et nous leur proposons tout un écosystème de partenaires », a déclaré Guy Diedrich, le patron de la division Global Innovation Office, en charge de ces dossiers chez Cisco, en marge de l’événement Cisco Live qui se tenait cette semaine à Amsterdam.

« À date, nous menons environ 1500 projets pour une quarantaine de pays. Aujourd’hui, nous équipons le port hollandais de Rotterdam, le plus fréquenté d’Europe. Demain, nous équiperons les JO de Paris. L’idée est que nous nous occupons de tout, de l’infrastructure la plus critique aux applications métiers », a-t-il ajouté.

À un peu plus d’une heure de voiture du centre RAI d’Amsterdam, où se tenait le salon Cisco Live, le port de Rotterdam accueillait les visiteurs de l’événement pour une démonstration in situ des capacités technologiques de Cisco en matière d’ultra-connectivité.

Le port de Rotterdam, vitrine du savoir-faire de Cisco

En chantier depuis 2018, le projet de transformation numérique du Port de Rotterdam aboutira en 2040 à la circulation de navires et de véhicules autonomes et au chargement entièrement robotisé des cargaisons. Il s’agira pour l’équipementier de l’un de ses plus grands projets d’IoT.

D’ici là, toute une myriade de sondes terrestres, aquatiques et météorologiques sera déployée. Elles permettront aux autorités en charge du port de superviser toute son activité depuis un jumeau numérique. En attendant que ce déploiement soit complètement opérationnel, des sondes embarquées dans les navettes du port auraient déjà permis d’améliorer significativement la réactivité des équipes de maintenance en cas d’incident.

Ces sondes serviront aussi à nourrir une intelligence artificielle qui sera à terme capable de gérer toute l’activité sur le port, selon la circulation des bâtiments et des véhicules, mais aussi selon le climat. L’ambition première est de minimiser l’empreinte carbone. Le gouvernement hollandais a notamment demandé au Port de Rotterdam de réduire ses émissions de CO2 de 95% d’ici à 2050.

Les équipements de Cisco se veulent eux-mêmes économiques en énergie, avec notamment la faculté de faire fluctuer leur consommation selon l’activité radio détectée. Une technologie qui a été mise au point en France, dans le cadre d’un projet précédent qui visait à équiper le Stade Vélodrome de Marseille en bornes Wifi qui s’éteignent toutes seules au fur et à mesure que le public quitte le lieu.

Concernant le port de Rotterdam, l’intelligence artificielle, Watson, est fournie par IBM. Cisco interconnecte tous les éléments, mobiles ou non, sécurise les communications et développe le système de supervision, lequel comprend le jumeau numérique. Parmi les partenaires, la startup Q*Bird doit fournir un système de communication quantique : basé sur des photons intriqués, il sert à détecter si des messages ont été interceptés entre l’émetteur et le destinataire.

Déployer des flottes de routeurs durcis pour l’IoT

« Ces grands chantiers font émerger une nouvelle discipline qui vise à marier les systèmes de pilotage des équipements urbains et industriels avec une informatique plus traditionnelle. Cela se concrétise dans le catalogue Cisco par toute une nouvelle famille Catalyst IR de routeurs durcis qui, à la fois, sont compatibles avec tous les systèmes radio – 4G/5G, LoRa, Wifi, mais aussi Fluidmesh, etc.. – et embarquent suffisamment de puissance de calcul pour exécuter des applicatifs. Qu’il s’agisse d’applicatifs de communication, de traitement des relevés ou de pilotage », commente Bruno Caille, le directeur technique de Cisco France.

Bruno Caille précise que les Catalyst IR sont mis au point chez Cisco depuis trois ans. Néanmoins, du fait de la pandémie, leur carrière commerciale ne démarre véritablement qu’aujourd’hui.

Selon les informations que LeMagIT a pu obtenir, Cisco développe plusieurs de ces projets en Europe avec l’opérateur NTT, lequel a racheté en 2019 la société de services informatiques Dimension Data, notamment spécialisée dans les projets de transformation numérique chez les industriels.

Face au couple Cisco/NTT, l’équipementier chinois Huawei a plusieurs fois revendiqué s’allier avec Orange Business Services et T-Systems (son équivalent chez Deutsche Telekom) pour mettre en chantier des projets de transformation numérique des villes et des sites industriels partout en Europe. LeMagIT s’était déjà fait écho de son projet pour les exploitations agricoles en Autriche.

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