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Intelligence artificielle : après la « hype » en 2023, le pragmatisme en 2024 ? (Forrester)

D’après Forrester, 2024 devrait être l’année où les technologies d’IA continueront à se démocratiser, mais aussi celles où les différentes contraintes – comme le Shadow AI et la gouvernance – vont être sérieusement prises en compte.

« La demande en matière d’Intelligence artificielle (IA) est passée du point mort en 2022 à la frénésie du jour au lendemain », constate le cabinet d’études Forrester, ce qui a poussé, en 2023, « 56 % des décideurs à explorer ou à expérimenter. [Mais] pour accroître la productivité, améliorer l’expérience client et créer de la valeur, les initiatives et les stratégies en matière d’IA devront être encore plus ciblées en 2024 », invite le cabinet.

Forrester estime par ailleurs que 60 % des employés utiliseront l’IA d’une manière ou d’une autre dans leur travail en 2024. Y compris en dehors des cadres imposés par leurs entreprises.

« Nous nous attendons à ce que le phénomène de Shadow AI se développe […], ce qui entraînera des problèmes réglementaires, de confidentialité et de sécurité », avance Forrester. « Les entreprises n’innoveront pas assez vite pour devancer la généralisation du BYOAI (Bring Your Own AI) », tranche-t-il. « Elles devront donc s’atteler au plus tôt à l’élaboration d’une stratégie pour gérer et sécuriser ce BYOAI, tout en développant des ressources d’IA formellement approuvées par l’entreprise ».

« Les entreprises vont devoir élaborer une stratégie pour gérer le Bring Your Own AI, tout en développant des ressources d’IA approuvées. »
Forrester

Logiquement, face à cette demande croissante, les budgets devraient également progresser. En particulier dans les « plateformes » de bout en bout.

« De nombreuses équipes ont commencé par utiliser un ensemble hétéroclite d’outils open source. Aujourd’hui, les entreprises ont besoin des solutions que proposent les plateformes d’IA et qui sont capables de passer à l’échelle pour soutenir les usages métiers critiques. […] Les investissements dans ces plateformes vont tripler [N.D.R. : à horizon 2030] et susciteront également une demande accrue d’infrastructure d’IA ».

Du côté de l’IA générative, Forrester anticipe un taux de croissance de 36 % entre 2023 et 2030.

Open source, Super Star

L’open source devrait rester un élément – si ce n’est « L’élément » – majeur des stratégies des entreprises, en particulier pour cette IA générative.

« 85 % des entreprises développeront une IA avec des modèles open source », chiffre Forrester. Après les premiers essais avec le modèle propriétaire d’OpenAI, « beaucoup commencent à regarder la manière de faire leurs IA génératives. Et nombre d’entreprises se tournent vers des modèles open source comme GPT-J, BERT ou Flan-T5 », souligne Forrester.

« L’arrivée de LLM plus portables comme Llama 2, de marketplace comme Hugging Face, et les investissements des entreprises ont accéléré la tendance ». Qui devrait donc se poursuivre l’année prochaine.

Régulation et gouvernance : deux fortes tendances en 2024

Ces mouvements interviendront par ailleurs dans un contexte réglementaire qui se structure « avec l’adoption prochaine de l’IA Act, la volonté des régulateurs américains de produire des cadres de références sur l’IA, et la récente réglementation chinoise sur la GenAI », liste Forrester.

« Pour répondre aux exigences – actuelles et futures – en matière de conformité, les entreprises vont investir pour se doter de nouvelles technologies, pour combler leurs manques de certains talents et pour s’assurer le soutien d’acteurs tiers dont elles auront besoin », résume le cabinet.

Conséquence : 45 % des organisations vont investir de manière proactive en 2024 dans la gouvernance de l’IA. Un chiffre qui devrait même monter à 50 % pour les grandes entreprises européennes.

Reste que ces efforts ne seront pas faits par tous, ou ne porteront pas tous leurs fruits. « D’ici à la fin de 2024, les amendes pour les violations du RGPD générées par l’IA doubleront », avertit Forrester.

Des services cloud de prompt-engineering… qui n’intéresseront pas

En 2024, les hyperscalers annonceront des services de prompt engineering – que ce soit en preview ou en disponibilité générale. « Ils pourraient même le faire avant la fin de l’année 2023 », ajoute Forrester. « Par exemple, Google Cloud a déjà intégré Grounding Prompt dans la feuille de route de sa plateforme d’IA, et Baidu AI Cloud a publié des cours de formation au prompt engineering pour Wenxin [N.D.R. : son ChatGPT maison] ».

Toutefois, l’intérêt des entreprises devrait rester limité. « La plupart ne mordront pas à l’hameçon (sic) », écrit Forrester dans ses prévisions. Pour le cabinet d’analystes, les raisons sont doubles.

D’une part ces compétences devraient être internalisées (dans 80 % des cas). D’autre part, les prompts – en tout cas les possibilités offertes par ceux de première génération – ne répondraient pas totalement aux besoins d’adaptation des LLM formulés par les entreprises, qui regarderont donc vers les techniques de Retrieval Augmented Generation ou de fine-tuning.

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