OVHcloud dévoile son infrastructure à installer sur site
Les pods OPCP sont des petits clusters matériels à installer sur site pour répliquer dans le datacenter d’une entreprise les services disponibles dans le cloud public d’OVHcloud.
Les entreprises pourront désormais installer chez elles un bout d’OVHcloud. À l’occasion de son événement parisien annuel qui s’est tenu cette semaine, et qui célébrait ses 25 ans, l’hyperscaler français a dévoilé l’On-Prem Cloud Platform (OPCP).
Il s’agit d’un petit cluster équipé de serveurs, de stockage, de switches réseau, voire de tiroirs embarquant des GPUs, entièrement conçu par les équipes techniques d’OVHcloud et qui s’installe sur le site d’une entreprise pour déployer localement n’importe lesquels des services disponibles dans le catalogue du fournisseur. Le projet OPCP était en gestation depuis un an.
« Selon le cabinet d’études Gartner, le déploiement de clouds privés sur site va progresser de 28 % d’ici à 2030. Pour des raisons de confidentialité, de conformité, de latence. Il nous semblait donc logique de décliner nos Bare-Metal Pod – les infrastructures de cloud privé que nous hébergeons – en une version d’appoint que les entreprises peuvent installer dans leur propre datacenter », a expliqué, sur scène, Benjamin Revcolevschi, le nouveau directeur général d’OVHcloud, qui a succédé à Michel Paulin en octobre dernier.
Yaniv FdidaDirecteur Produits & Technologies, OVHcloud
« Ce n’est pas parce qu’une entreprise doit travailler de façon déconnectée, qu’elle doit passer à côté de tous les services du cloud public, de toutes les nouvelles technologies qui vont lui permettre de se transformer. Parvenir à tout redéployer soi-même en partant de zéro demande un effort énorme, en termes humains, en termes financiers. Donc, nous lui évitons cet effort en lui apportant une solution clés en main », ajoute Yaniv Fdida, directeur Produits & Technologies d’OVHcloud (au milieu de la photo en haut de cet article), lors d’un entretien avec la presse.
« Nous allons déployer des pods OPCP sur nos trois data centers en 2025, parce qu’ils nous offrent une richesse fonctionnelle clés en main incroyable. En stockage, en GPU. Et surtout, parce qu’ils concrétisent la possibilité d’exposer pour nos clients des services en SaaS dont nous pouvons garantir qu’ils ne sortiront pas de nos murs », témoigne sur scène Sébastien Genesca, le PDG de l’ESN Deep, filiale de la poste au Luxembourg.
Parmi les hyperscalers, seul AWS fournit une infrastructure similaire, Outscale. Pour leur part, Azure et GCP proposent juste une pile logicielle, respectivement Azure Stack et Anthos, à installer sur des équipements serveurs vendus par Dell ou d’autres fournisseurs.
Des configurations matérielles calquées sur les Bare-Metal Pod
Un Pod sur roulettes d’environ 20U, embarquant des tiroirs de GPU Nvidia, a été montré sur scène. Un autre, plus petit et dépourvu de tiroirs GPU, était exposé sur les stands du salon OVHCloud Summit.
« En fait, plusieurs configurations seront possibles, selon la puissance dont un client aura besoin : vous pourrez entraîner des modèles, ne faire que de l’inférence, ne vouloir qu’exécuter des applications web, ou avoir surtout besoin de capacité de stockage. Il y aura divers modèles pour répondre à chacun de vos cas d’usage. Mais sachez que le logiciel d’orchestration que nous embarquons dans l’OPCP vous permettra de mettre en cluster une centaine de ces pods si vous le désirez », précise Yaniv Fdida.
Yaniv FdidaDirecteur Produits & Technologies, OVHcloud
Il ajoute que les machines OPCP seront facturées comme n’importe quel service OVHcloud : mensuellement, selon l’usage. Cela dit, en 2025, OVHcloud introduira de nouvelles remises sur ses tarifs, avec des réductions pouvant aller jusqu’à 53 % dans le cadre d’un engagement sur trois ans.
Difficile à ce stade de savoir quelles caractéristiques seront possibles. OVHcloud assure que les options seront les mêmes que celles disponibles pour l’offre d’infrastructures privées Bare-Metal Pod. Justement, celles-ci vont désormais pouvoir être dotées de processeurs AMD Epyc 9005 – avec un maximum de 384 cœurs Zen5c par serveur physique.
Pour économiser l’énergie quand il s’agit de n’exécuter que des applications d’appoint, OVHcloud propose de plutôt opter pour des processeurs Epyc 4004, qui sont en réalité les versions rebadgées « datacenter » des processeurs Ryzen 9000 à 16 cœurs Zen4 pour station de travail. OVHcloud promet de proposer rapidement les nouvelles versions de Ryzen 9000 basées sur des cœurs Zen5.
En termes de GPU, OVHcloud promet de doter en 2025 toutes ses infrastructures de Nvidia H200, d’AMD MI325X et, pour l’inférence, de Nvidia A10.
Des configurations réseau avec ports Ethernet en 25 et 100 Gbit/s seront possibles, sachant que les infrastructures Bare-Metal Pod hébergées chez OVHcloud offriront toutes au minimum 25 Gbit/s dès la fin de cette année.
Concernant le réseau, précisons qu’OVHcloud lancera en décembre un nouveau service vRack-endpoint qui sert à assurer une liaison privée entre une infrastructure sur site et une autre en cloud. Toutes les options seront possibles. On pourra soit se connecter à un Bare-Metal Pod qui serait sur le point de recevoir la qualification SecNumCloud dans l’un des datacenters français d’OVHcloud : à Strasbourg, à Gravelines, à Roubaix ou (c’est nouveau) à Paris. Soit se connecter à l’un des 200 points de présence des services publics d’OVHcloud hébergés dans autant de data centers en colocation à travers le monde (dont une centaine en Europe, désormais).
OVHcloud promet que, d’ici à janvier prochain, chacun de ses points de présence offrira enfin son service stockage en mode objet S3 maison. On suppose que ce service de stockage, hérité du rachat du très véloce OpenIO, sera aussi disponible sur les pods OPCP. En plus des modes bloc et fichiers traditionnels.
Une alternative à VCF, mais un partenariat qui perdure avec VMware
OPCP se veut une alternative aux clusters VCF (VMware Cloud Foundation) que Broadcom vend aux entreprises et qu’il encourage les hébergeurs européens à acheter pour mimer, en mode souverain, les services cloud d’un hyperscaler. Pour autant, OVHcloud reste un partenaire privilégié en France de VMware.
En plus de ses Bare-Metal Pod, qui consistent en une infrastructure dédiée à un client et sur laquelle fonctionnent tous ses services publics, OVHcloud maintient à son catalogue des infrastructures Private-VCD (VMware Cloud Director) tout autant dédiées à un client et sur lesquelles fonctionne un cluster VMware mis à jour et entretenu par OVHcloud. Ces infrastructures sont facturées par OVHcloud, indépendamment des licences qu’une entreprise a pu acheter à Broadcom : tous les services de VCF sont accessibles, mais seuls ceux utilisés sont facturés par OVHcloud. Éventuellement, l’offre sera renommée au premier janvier Private-VCF.
Ces infrastructures-là sont les seules, avec celles dédiées à SAP, à être labélisées SecNumCloud. OVHcloud propose par ailleurs une offre Public-VCD (éventuellement renommée Public-VCF), qui revient à la même chose si ce n’est que les infrastructures sont dans ce cas partagées entre plusieurs clients. Cette offre-là n’est pas labélisée SecNumCloud.
À cela va s’ajouter une nouvelle offre Dedicated-VCF. Dans ce cas, il s’agira des mêmes infrastructures matérielles, validées par Broadcom, mais sur lesquelles l’entreprise cliente viendra installer elle-même VCF, avec les licences qu’elle a souscrites auprès de Broadcom.
Il est à noter qu’OVHcloud est également partenaire de Nutanix. Il propose de la même façon des infrastructures dédiées avec la pile logicielle Nutanix Cloud Platform gérée et facturée par lui, ou bien des infrastructures nues, validées par Nutanix, sur lesquelles les entreprises installent les licences qu’elles achètent chez Nutanix. Les versions gérées par OVHcloud lui-même intègrent la sauvegarde avec le logiciel Hycu.
De ce que LeMagIT croit comprendre, OVHcloud prépare des offres similaires avec Proxmox, l’étoile montante de la virtualisation Open Source.
Ces configurations VMware, Nutanix et Proxmox ne seront a priori pas déployables sur les pods OPCP. Elles ne resteront utilisables que depuis les datacenters d’OVHcloud. En revanche, des clusters VMware ou Nutanix sur site (déployés sur des infrastructures Dell, HPE, Lenovo ou autres) pourront communiquer avec les services d’OVHcloud – et même avec des pods OPCP – via le service vRack-endpoint.