
studiostoks - Fotolia
IA et impact écologique : l’ENS lance un observatoire mondial
L’intelligence artificielle progresse. Son empreinte environnementale aussi. Pour mieux l’analyser, l’École normale supérieure vient de créer un observatoire avec Capgemini. Le but est de quantifier cet impact avec des données fiables et de proposer des pistes pour limiter les effets de plus en plus marqués de ces technologies sur la planète.
L’École Normale Supérieure (ENS-PSL), la Fondation de l’ENS, l’Institut IA et Société (co-fondé par l’ENS) et Capgemini viennent de lancer un observatoire pour analyser les impacts environnementaux de l’intelligence artificielle (IA).
Cette mesure couvrira toutes les étapes de l’IA (entraînement, ajustement/fine tuning, inférence et fin de vie). L’observatoire proposera également des pistes de « mitigation » (sic).
Un impact énergétique qui explose
L’IA est gourmande en puissance de calcul. Et la démocratisation de l’IA générative (GenAI) – encore plus énergivore – devrait faire exploser ces besoins. Selon une étude de Capgemini Research, les grands modèles de langage (LLM) au cœur de la GenAI consommeraient jusqu’à 4 600 fois plus d’énergie que les modèles d’IA classiques.
Dans le pire scénario imaginé par Capgemini, la consommation électrique de l’IA pourrait être multipliée par presque 25 d’ici 2030.
Ces chiffres justifient l’intérêt d’une évaluation plus rigoureuse et systématique de l’empreinte carbone, de la consommation d’eau et des déchets électroniques générés par les modèles d’IA. C’est exactement ce que se propose de faire le nouvel observatoire.
Une méthodologie et une base de données
« L’Observatoire mondial sur l’impact environnemental de l’IA » vise en effet à établir une méthodologie, partagée, pour quantifier les effets réels des différentes formes d’IA.
Il s’appuiera sur une communauté d’expertises internationales – chercheurs académiques, entreprises et représentants de la société civile. L’ambition est aussi de bâtir une base de données en accès libre, alimentée par des contributions issues des mondes de la recherche et des acteurs industriels.
En centralisant et en structurant ces informations, le projet espère renforcer la transparence sur l’empreinte environnementale de l’IA et, dans un second temps, favoriser des pratiques plus responsables. La création d’indicateurs fiables doit en effet permettre aux entreprises, mais aussi aux régulateurs, d’adopter des stratégies pour limiter l’impact des modèles les plus énergivores.
La part des datacenters de plus en plus importante dans l’IT
Anne Bouverot, présidente du conseil d’administration de l’ENS-PSL, souligne le rôle clef des institutions académiques dans cette démarche. « La recherche et l’action sont indissociables afin de pouvoir créer un impact positif sur nos sociétés », insiste-t-elle.
Du côté du privé, l’intérêt est aussi économique. « Les très grands modèles d’IA entraînent une empreinte environnementale importante, mais aussi des coûts plus élevés », souligne Etienne Grass, directeur exécutif de Capgemini Invent France. Pour lui, il est devenu « , indispensable de mettre en place des méthodologies claires et transparentes, et de travailler avec tous les acteurs de la chaîne de valeur de l’IA ».
L’ESN rappelle par ailleurs que son engagement sur cette thématique n’est pas nouveau. Elle a sorti des rapports et des études sur l’IA durable. En janvier 2025, six membres de Capgemini Invent ont également publié un article de recherche qui propose une première méthodologie pour estimer rapidement l’impact du portefeuille d’activités liées à l’IA d’une entreprise.
En janvier, l’ADEME a presque dans le même temps sorti sa nouvelle estimation de l’empreinte écologique du numérique. Lors de la précédente édition, les datacenters ne représentaient qu’une petite part de l’empreinte (moins de 20 %). Ils en représentent aujourd’hui quasiment la moitié.
Problème. L’estimation a été faite sur une période avant l’arrivée de l’IA générative et de ChatGPT, ce qui laisse présager une très forte progression de la part des data centers dans le prochain rapport de l’agence gouvernementale. Et qui milite pour des initiatives comme ce nouvel observatoire.