Profitant du chantier d’interconnexion numérique pour les nouvelles lignes et gares du projet Grand Paris, la filiale de la RATP responsable des réseaux a construit sous terre un espace d’hébergement et d’interconnexion qu’elle compte louer aux opérateurs et aux entreprises.
Le 24 juin 2024 était inaugurée en grande pompe, et en présence du Président de la République, la gare de Saint-Denis Pleyel.
Cette gare a vocation à devenir l’un des points névralgiques des transports en commun d’Île-de-France. Accueillant entre 2026 et 2031 le prolongement de la ligne 14 du métro parisien, la ligne 15, le terminus de la ligne 16, ainsi que la 17 qui rejoindra l’aéroport Roissy Charles de Gaulle, cette gare immense abrite aussi, 20 mètres sous terre, l’une des salles d’hébergement du nouveau projet de RATP Connect : Connect Grand Paris.
« Lorsque vous percez des trous dans une gare pour mettre de la fibre, de l’énergie, de la climatisation, il n’est pas difficile de rajouter ces mêmes éléments pour un autre usage. »
Mathieu PortierDirecteur du projet Connect Grand Paris
RATP Connect, responsable du déploiement du réseau numérique dédié au transport dans le cas du Grand Paris, a profité de ce chantier pour déployer également une infrastructure complète capable de soutenir d’autres offres pour les entreprises. « Lorsque vous percez des trous dans une gare pour mettre de la fibre, de l’énergie, de la climatisation, il n’est pas difficile de rajouter ces mêmes éléments pour un autre usage. C’est de la mutualisation de ressources et c’est ce que nous nous efforçons de faire », explique Mathieu Portier, directeur du projet Connect Grand Paris.
« Connect Grand Paris est une filiale de RATP Connect et de la Caisse des dépôts créée en 2021 pour gérer une concession d’exploitation du réseau numérique Grand Paris », présente-t-il. Il y aura 170 000 km de fibres en espaces souterrains, 6 000 m2 de surface d’hébergement répartie dans 71 salles à l’intérieur de 65 gares d’Île-de-France, 2 000 baies racks commercialisables et 100 millions d’euros d’investissements pour proposer les nouvelles offres.
Mathieu Portier précise que les réseaux sont strictement séparés et isolés les uns des autres.
S’il a pu être compliqué de déployer cette infrastructure secondaire dans des gares existantes, ce n’est pas le cas pour celles construites dans le cadre du projet Grand Paris, où cela a été pensé dès le début : « Gérer des environnements techniques complexes, de manière souterraine, avec de la sécurité, de l’énergie, de la climatisation, de l’interconnexion, c’est une activité que la RATP exerce depuis 125 ans pour le transport. L’activité et les besoins sont identiques pour des réseaux de communication et ce que nous avons décidé de faire lors de l’aménagement des nouvelles lignes du Grand Paris Express », dit Mathieu Portier.
Trois offres orientées réseau
Connect Grand Paris se présente comme un opérateur d’infrastructures de télécoms, à partir duquel sont proposées trois offres commerciales distinctes. La première est une offre de location de fibres noires similaire à ce qui était déjà pratiqué dans le domaine RATP. Elle s’adresse principalement aux opérateurs télécoms – nationaux ou alternatifs – qui souhaiteraient commercialiser des connexions directes entre plusieurs sites.
« Nous ne sommes pas là pour concurrencer les grands datacenters des hébergeurs traditionnels. »
Mathieu PortierDirecteur du projet Connect Grand Paris
La seconde offre, dite Edge Hosting, propose de l’hébergement d’équipements informatiques, principalement du réseau, dans les sous-sols des gares. Connect Grand Paris met à disposition de l’espace, des baies d’hébergement, de l’énergie, de la climatisation.
Au départ, ce sont les opérateurs alternatifs, notamment Verizon ou encore FreePro, qui vont y installer leurs infrastructures d’interconnexion.
Les opérateurs mobiles pourraient aussi y déployer les infrastructures RAN qui pilotent les antennes installées dans les immeubles alentour. Les entreprises et les collectivités locales sont également invitées à y placer leurs propres switches et répéteurs.
« Notre proposition s’adresse à des entreprises de taille modeste, mais qui ont de réels besoins de connectivité dans un contexte d’accroissement massif des données traitées. »
Mathieu PortierDirecteur du projet Connect Grand Paris
La troisième offre concerne des services réseau prêts à l’emploi, notamment du SD-WAN. Ces services s’adressent aux entreprises qui n’ont pas la capacité de déployer elles-mêmes des équipements réseau.
« Nous ne sommes pas là pour concurrencer les grands datacenters des hébergeurs traditionnels. Nos salles ont une surface moyenne de 100 m2. Notre proposition s’adresse à des entreprises de taille modeste, mais qui ont de réels besoins de connectivité dans un contexte d’accroissement massif des données traitées », commente Mathieu Portier.
Les emplacements seront remplis d’ici trois à cinq ans
« Lorsque vous amenez du transport, vous amenez des gens qui vont habiter à proximité et vous aurez également des entreprises qui vont s’installer. Et ces entreprises vont avoir besoin de télécommunications. C’est l’approche que nous adoptons », ajoute-t-il, en évoquant l’idée d’un cercle vertueux.
« Il s’agit d’un gros investissement, plus de 100 millions d’euros. Et il faut évidemment le rentabiliser. Nous pensons que d’ici trois à cinq ans l’ensemble des emplacements seront utilisés », conclut Mathieu Portier.
Bien entendu tout cela dépend également de l’avancement des travaux sur les nouvelles lignes 15,16, 17 et 18 dont les dates d’ouverture oscillent entre 2026 et 2030 (selon les différents tronçons et pour lesquelles, Connect Paris a obtenu 25 années de concession d’exploitation).
Employant une cinquantaine de collaborateurs, RATP Connect réalise déjà 45 millions de chiffre d’affaires et revendique 300 clients nationaux et internationaux.