L’open source plébiscité pour ses atouts économiques… sauf dans le Big Data (étude)
Dans son rapport sur l’état de l’open source 2025, Perforce explique que les entreprises se tournent de plus en plus vers l’open source afin de réduire leurs dépenses IT. C’est à peu près vrai dans tous les domaines, sauf en matière de Big Data où la difficile gestion d’Hadoop et de Kafka pousse la plupart des organisations à se tourner vers des solutions managées ou propriétaires.
En collaboration avec la fondation Eclipse et l’Open Source Initiative, Perforce a mené une étude auprès de 433 individus entre le mois de septembre et le mois de décembre 2024. L’éditeur a interrogé les professionnels de l’IT sur l’adoption des technologies open source au sein de leur organisation.
Ce « State of Open Source Report 2025 » indique que 96 % des entreprises disent augmenter ou maintenir leur usage de logiciels open source. Cela représenterait une hausse de 26 % par rapport à l’année dernière. Les raisons principales de cet engouement ? L’absence de coût de licence et/ou la réduction des coûts (53,33 %), la possibilité de réduire le verrouillage propriétaire (32,86 %), l’accès à des standards ouverts et interopérables (27,62 %), ainsi qu’à des technologies stables, supportées à long terme par la communauté (24,29 %).
L’open source comme levier pour faire baisser les dépenses IT
Mais c’est principalement la possibilité de réaliser des économies qui motivent l’adoption de l’open source, selon Perforce.
« 92 % des professionnels du secteur public ou gouvernemental privilégient l’absence de coût de licence, un choix largement influencé par la menace constante de sous-financement, voire de suppression des financements. »
Étude Perforce
« En analysant les réponses par secteur, on constate que 92 % des professionnels du secteur public ou gouvernemental privilégient l’absence de coût de licence, un choix largement influencé par la menace constante de sous-financement, voire de suppression des financements, qui pèse sur de nombreuses agences », constatent les auteurs de l’étude. « D’autres secteurs où la réduction des coûts joue un rôle déterminant sont le commerce de détail (67 %), la banque (62 %), les télécommunications (60 %) et l’industrie manufacturière (57 %) » poursuivent-ils. « Dans ces domaines, l’échelle des opérations rend souvent les coûts associés aux licences propriétaires difficilement viables ».
Les « vents contraires » économiques pousseraient les entreprises à examiner leurs dépenses IT. Celles-ci opteraient pour des solutions open source, voire évalueraient les coûts d’hébergement de technologies open source par rapport aux services managés.
OpenJDK remplace Oracle Java ; Ubuntu, alternative préférée à CentOS
Les personnes interrogées par Perforce et la fondation Eclipse déclarent que leurs entreprises adoptent principalement les technologies cloud native et de conteneurisation (39,52 %), de gestion de données (33,33 %), des frameworks de programmation (32,86 %), des outils DevOps (21,43 %), des systèmes d’exploitation (20 %) et des briques analytiques open source (16,67 %).
En matière de technologies cloud native, Docker (59,30 %), Kubernetes (39,20 %), Prometheus (21,61 %) et Podman dominent dans les entreprises.
L’adoption grandissante des langages et frameworks ouverts s’expliquerait également par des questions de coût. JavaScript, Python et PHP dominent le classement dans ce sondage, suivi par Node.JS, C/C++, OpenJDK, Go et C#. Oracle Java n’arrive qu’en neuvième position à égalité avec Rust.
« En 2023, Oracle a modifié son modèle de licence, ce qui a fait monter en flèche les coûts d’abonnement – et la société a fait la une des journaux l’année dernière pour avoir audité, pour la première fois, certaines de ses plus grandes entreprises clientes », écrivent les auteurs de l’étude. « [En 2023], Gartner a prédit que, d’ici 2026, plus de 80 % des applications Java seront déployées sur des systèmes d’exécution tiers ».
Mais l’open source n’est pas sans risque. En témoigne la gestion de la fin de vie de CentOS. Pour rappel, Red Hat a changé le cycle de vie de ses distributions Linux en 2020. CentOS n’est plus supportée depuis le 30 juin 2024. En fin d’année dernière, 26 % des entreprises utilisaient encore la distro, dont 40 % des plus grands groupes. Pas moins de 25 % de ces entreprises n’avaient pas encore de plan de migration. Ubuntu (56,73 %) et Debian (31,73 %) sont les deux autres distributions de l’OS les plus utilisées devant RHEL (21,63 %, et près de 60 % dans les institutions financières).
De fait, les personnes sondées considèrent que maintenir à jour et patcher les logiciels, respecter les règles de conformité et maintenir des versions en fin de vie sont les trois défis les plus difficiles à relever avec les solutions open source. À cela s’ajoute le respect des réglementations en matière de sécurité (RGPD, ISO27001, Cyber Resiliency Act, PCI DSS, HIPAA, SOC 2, NIS2, etc.) Ces raisons justifieraient le recours à des distributions propriétaires plutôt que leur variante open source par les grands groupes.
Un manque de confiance dans les piles Big Data open source
Ce sont des raisons similaires qui pousseraient les entreprises à diminuer la part des logiciels open source dans leurs architectures Big Data. « Près de la moitié (47 %) [des répondants] affirment que leur entreprise est très peu confiante dans la gestion de ces plateformes », affirme Perforce.
« L’on peut supposer que de nombreuses organisations exploitant le Big Data savent [...] quelles données elles recherchent et comment […] les traiter, mais qu’elles manquent souvent d’expertise interne pour gérer la plateforme elle-même. »
Étude Perforce
Un peu plus de 36 % des sondés déclarent que leur entreprise utilise des librairies ouvertes pour traiter de gros volumes de données. « L’on peut supposer que de nombreuses organisations exploitant le Big Data savent généralement quelles données elles recherchent et comment elles souhaitent les traiter, mais qu’elles manquent souvent d’expertise interne pour gérer la plateforme elle-même », comprennent les auteurs de l’étude. « C’est pourquoi certaines se tournent vers des solutions commerciales et managées, avec pour principal inconvénient leur coût ».
L’intégration de données en provenance de sources multiples (58,73 %), la qualité et la gouvernance de données (41,27 %) et la mise à l’échelle (38,10 %) des plateformes sont les trois défis principaux relevés par les sondés. Viennent ensuite la sécurité et le manque de talent ex æquo (34,92 %). De nombreux entretiens qu’a pu mener LeMagIT, il en ressort que les deux premiers défis demeurent, même avec une solution commerciale d’un éditeur.
Les entreprises, qui, pour diverses raisons, ne pourraient pas adopter une telle plateforme, subiraient la gestion complexe de l’architecture. Ce serait particulièrement vrai pour Apache Kafka, qui est régulièrement mis à jour, et Hadoop, à l’inverse parce que le projet s’approcherait de sa fin de vie. Selon l’étude, 25 % des entreprises utiliseraient encore la plateforme Big Data. Le sondage ne se penche pas sur l’usage des formats de table open source au sein de solutions propriétaires, comme Snowflake ou Databricks.
Du côté des bases de données, PostgreSQL, MySQL, MariaDB, et SQLite sont devant MongoDB (devenu principalement propriétaire). Même si ces SGBD sont plus connus, « avec les technologies de gestion de données, plus de 75 % des organisations sont confrontées à des problèmes liés au manque de personnel qualifié ».