Évolution tarifaire : l’IA Rovo incluse au sein des offres cloud d’Atlassian
Rovo d’Atlassian, qui comprend une nouvelle version de Search et un nouveau Studio d’automatisation, sera commercialement intégré à ses produits en cloud. L’éditeur entend simplifier le parcours d’intégration alors que les entreprises luttent pour déployer l’IA en production.
Rovo Search, Chat, Agents et le Studio (un nouvel outil de conception de flux automatisés d’Atlassian) seront intégrés au sein des versions cloud de Jira, Confluence et Jira Service Management, sans surcoût.
Lorsqu’Atlassian Rovo est entré en disponibilité générale en octobre, son prix était de 24 dollars par utilisateur et par mois pour les entreprises comptant moins de 100 utilisateurs, et de 20 dollars par utilisateur et par mois pour les entreprises comptant 375 utilisateurs. Des remises dégressives en fonction du nombre d’utilisateurs étaient proposées aux plus grands comptes. Certaines fonctionnalités de Rovo Search étaient disponibles sans frais supplémentaires pour les utilisateurs non Atlassian. Cette semaine, l’entreprise a révélé que la tarification d’Atlassian Rovo sera intégrée aux abonnements Premium et Enterprise dans les semaines à venir. Elle sera incluse dans les versions Standard plus tard dans l’année. Les non-abonnés devront désormais s’acquitter d’une redevance de 5 dollars par utilisateur et par mois.
Les analystes du secteur considèrent que ce changement est en partie une réponse aux entreprises qui rencontrent des difficultés à déterminer un retour sur investissement clair pour les produits d’IA générative.
L’ancien modèle tarifaire de Rovo était difficile à justifier
« Les clients avaient beaucoup de mal à retourner voir leurs dirigeants et à leur prouver que les coûts supplémentaires nécessaires à l’acquisition de l’IA étaient justifiés », déclare Julie Mohr, analyste chez Forrester Research. « Ils pensaient tous que c’était fantastique, mais il y avait un obstacle. C’est pourquoi je pense qu’il est judicieux de l’intégrer dans un packaging ou une capacité de licence ».
« Les clients avaient beaucoup de mal à retourner voir leurs dirigeants et à leur prouver que les coûts supplémentaires nécessaires à l’acquisition de l’IA étaient justifiés. »
Julie MohrAnalyste, Forrester Research
Les prix des abonnements au cloud d’Atlassian ont également augmenté en octobre, entre 5 % et 18 %, en fonction du niveau, du nombre d’utilisateurs et de la facturation mensuelle ou annuelle. L’entreprise a expliqué ce changement par ses investissements en R&D au cours des deux dernières années, notamment en ce qui concerne les fonctions de sécurité du cloud d’entreprise, les capacités intégrées d’Atlassian Intelligence et le développement de nouveaux produits tels qu’Atlassian Compass.
Cela a probablement aussi joué un rôle dans la décision de modifier le modèle tarifaire d’Atlassian Rovo, selon Julie Mohr.
« Nous avons commencé à entendre certains de nos clients nous dire que c’était un choc pour eux ; Atlassian n’avait jamais fait cela dans le passé », rapporte l’analyste. « Avec l’augmentation générale des prix et l’intégration de l’IA, cela peut contrebalancer les coûts ».
Les représentants d’Atlassian à la conférence Team’25, cette semaine, ont reconnu que de nombreuses entreprises ont du mal à mettre en place des initiatives d’IA en production. La propre enquête State of Teams de l’entreprise auprès de 200 cadres du Fortune 1000 et de 12 000 travailleurs du savoir cette année a révélé que 71 % des équipes n’utilisent pas l’IA pour aider à gérer et à découvrir les informations de l’entreprise. Et 96 % des cadres ne savent pas comment amener les équipes à l’utiliser de manière plus efficace.
Lors d’une conférence de presse, le cofondateur et PDG Mike Cannon-Brookes a réfuté l’idée selon laquelle le changement de modèle tarifaire était dû à une adoption de Rovo plus faible que prévu.
« Je dirais que c’est l’un de nos meilleurs lancements, sans doute le plus performant », avance-t-il. « La décision [d’inclure Rovo dans la souscription] a été prise pour des raisons de simplicité. Lorsqu’il faut tout acheter individuellement, il devient très difficile d’expliquer aux clients : “A plus B, vous obtenez tel résultat ; si vous ajoutez C, vous obtenez tel autre résultat” ».
Plus d’un million d’utilisateurs de l’IA depuis les produits cloud d’Atlassian
Selon Mike Cannon-Brookes, l’intégration de fonctionnalités telles que le moteur de recherche Rovo, récemment remanié, favorisera l’adoption de tous les produits d’Atlassian à long terme.
« Le mois dernier, Atlassian comptait déjà plus d’un million d’utilisateurs de l’IA, avec une croissance de 40 à 50 % d’un trimestre à l’autre. »
Sherif MansourResponsable produit, Atlassian
Le déploiement de Rovo auprès d’un plus grand nombre d’utilisateurs aidera Atlassian à apprendre comment gérer le service de manière rentable à grande échelle. « Le mois dernier, Atlassian comptait déjà plus d’un million d’utilisateurs de l’IA, avec une croissance de 40 à 50 % d’un trimestre à l’autre, ce qui est énorme », détaille Sherif Mansour, responsable produit chez Atlassian.
« Nous avons commencé à tester ce service et nous sommes de plus en plus convaincus que nous pouvons le faire fonctionner avec des millions de personnes à un coût qui ne va pas nous tuer, ce qui est l’une des difficultés avec l’IA », avance pour sa part Mike Cannon-Brookes. « Nous sommes très confiants dans les réductions de coûts à venir, ce qui nous permet d’être peut-être plus ambitieux dans les domaines où nous pouvons et ne pouvons pas l’inclure ». Selon Sherif Mansour, l’hébergement de certains modèles (Atlassian en utilise une trentaine en production suivant la tâche à accomplir), au lieu d’utiliser les API des fournisseurs de LLM, permettrait déjà de réduire les coûts.
Atlassian pourrait être en mesure de vendre à ses clients des abonnements de niveau supérieur à mesure qu’ils augmentent leur utilisation de Rovo. Le service d’IA générative a des limites d’utilisation en fonction de l’édition sélectionnée par l’entreprise, selon Jamil Valliani, responsable des produits d’IA pour Atlassian.
Sherif Mansour a précisé auprès du MagIT que des frais s’appliqueront si les clients dépassent ces limites. « Les clients qui font un usage excessif devront payer un peu plus pour une tarification basée sur la consommation, mais ce sera assez minime », avance-t-il. « La plupart d’entre eux s’en tiendront de toute façon à cette limite d’utilisation ». Et de préciser « qu’il n’est pas prévu dans l’immédiat d’augmenter les prix à la suite de ce changement ». L’éditeur poursuivra ses évolutions tarifaires de manière « organique ».
Des quotas à surveiller de près
Atlassian pratiquait déjà ce modèle pour certaines fonctionnalités avancées. Ici, suivant l’édition, les limites sont liées à un nombre d’objets indexés par produit par utilisateur et la consommation d’un nombre de crédits IA par mois. L’édition premium ouvre l’accès à l’indexation de 50 objets par utilisateur dans Jira, Confluence, Jira Service Management et 500 objets dans Teamwork Collection. 70 crédits IA par utilisateur et par mois, par produit sont accessibles, hormis pour Teamwork Collection où cette limite grimpe à 700 crédits. Dans l’édition Enterprise, il est question de 125 objets indexés par utilisateur et par produit, ainsi que de 150 crédits IA par utilisateur par mois par produit. Teamwork Collection fait à nouveau exception avec 1 250 objets indexés et 1 500 crédits IA par mois.
Ces limites permettent à Atlassian de justifier le nombre d’objets indexés et de crédits IA en fonction du nombre de licences possédées par une entreprise cliente. Cela forme un pool de ressources disponibles à la consommation pour tous les utilisateurs, sans possibilité de les accumuler après le renouvellement d’un contrat. Les objets Atlassian (pages Confluence, issues Jira, etc.), les objets issus de SmartLink et des connecteurs Gmail et Outlook ne sont pas comptabilisés. Seuls les items en provenance d’outils tiers sont décomptés. Autre information importante : une requête vers Rovo Chat et Agents consomme 20 crédits IA, tandis qu’une recherche Rovo Search n’en consomme pas. À défaut d’une indication contraire, les fonctions accessibles en bêta sont gratuites.
Les clients pourront sans doute respecter ces quotas tant que tous les utilisateurs n’utilisent pas Rovo Chat et Agents de manière intensive. Et qu’ils sont prudents sur l’indexation de contenu tiers. La supervision semble primordiale, sans quoi les promesses d’Atlassian ne tiennent pas.
Les connecteurs avec des solutions tierces abaisseraient les coûts
« Il y a le prix des licences, mais aussi les coûts de mise en œuvre de l’intégration [de l’IA]. »
Kasia WakarecyV-P des données et des applications d’entreprise, Pythian
En parlant de connecteurs. L’un des premiers utilisateurs de Rovo estime également que l’intégration avec les outils déjà utilisés par son entreprise, qu’ils proviennent d’Atlassian ou de fournisseurs tiers, présente des avantages en matière de coûts. La version remaniée de Rovo Search, dévoilée cette semaine, par exemple, comprend 50 connecteurs intégrés à des outils SaaS tiers.
« Il y a le prix des licences, mais aussi les coûts de mise en œuvre de l’intégration [de l’IA] », souligne Kasia Wakarecy, vice-présidente des données et des applications d’entreprise chez Pythian, une société de services de données et d’analyse qui travaille en partenariat avec Google et utilise à la fois Google Gemini et Rovo d’Atlassian.
« Combien d’heures dois-je consacrer à la connexion de Rovo à des applications tierces ? Ensuite, il y a la maintenance quotidienne que je dois effectuer. Devons-nous faire des travaux supplémentaires pour contourner les paramètres d’autorisation ? », pose-t-elle. « C’est pourquoi nous avons opté pour Rovo, parce qu’il était facile à mettre en œuvre et qu’il faisait partie d’un outil déjà utilisé par l’ensemble de l’entreprise ».
La cinquantaine de connecteurs couvrent un large spectre de solutions. « Cela va de SharePoint à Google Drive, Microsoft Teams, Dropbox, Asana, Monday en passant par Notion », indique Sherif Mansour. « Les clients peuvent donc récupérer ces données, puis nous les indexons, nous y ajoutons la recherche sémantique et nous avons passé beaucoup de temps à améliorer la pertinence des résultats », ajoute-t-il. « Ainsi, lorsque vous effectuez une recherche, vos autorisations sont respectées. En fonction de cela, vous pouvez obtenir un résultat différent ».