Atlassian met fin au renouvellement pluriannuel de son offre Data Center
L’entreprise a confirmé que les nouvelles licences de produits sur site sont désormais limitées à un an, alors qu’elle ajoute des offres « hautement sécurisées » dans le cloud. Les utilisateurs voient ce qui se profile à l’horizon.
Les clients d’Atlassian Data Center n’ont plus la possibilité de renouveler leur licence sur plusieurs années. Dans un même temps, l’éditeur a dévoilé ses projets de lancer des offres Government Cloud et Isolated Cloud « hautement sécurisées » d’ici 2026.
Tiffany To, vice-présidente senior et directrice générale entreprise et plateforme chez Atlassian, a confirmé la semaine dernière que la limitation d’un an s’applique à toutes les éditions de logiciels sur site. Cette confirmation intervient après que de nombreux utilisateurs ont indiqué à Informa TechTarget (propriétaire du MagIT) qu’ils s’étaient heurtés à cette limite au cours de l’année écoulée.
« Nous travaillons avec nos partenaires pour déterminer pourquoi les clients ne sont pas passés au cloud et comment nous pouvons les aider à monter un dossier commercial », déclare Tiffany To. « C’est en partie la raison pour laquelle nous avons réduit le nombre d’années pendant lesquelles ils peuvent renouveler leur contrat. S’ils le font pour trois ans, nous ne nous retrouverons pas à discuter avec eux pour trois années supplémentaires », poursuit-elle. « [Étant donné] la vitesse à laquelle nous débloquons les éléments qui les empêchaient de passer au cloud, nous pensons que la majorité d’entre eux devraient être en mesure de le faire à ce stade ».
La semaine dernière, les produits Data Center (Jira Software, Jira Service Management et Confluence) ont reçu des mises à jour de sécurité, de performance et d’évolutivité, ainsi qu’un connecteur intégré à Rovo Search. Ils n’ont toutefois pas profité des nombreuses fonctionnalités qu’Atlassian a introduites pour sa plateforme cloud. L’éditeur a déjà cessé de prendre en charge les éditions Server d’entrée de gamme sur site de ses produits en 2024. Ces deux dernières années, il n’a pas fait mystère de ses ambitions en matière d’adoption du cloud.
« Enterprise-first » oui, mais surtout dans le cloud public
Selon Tiffany To, le message autour de la priorité à l’entreprise faisait partie des négociations en cours avec les clients data centers d’Atlassian. L’éditeur cherche à convaincre les récalcitrants de l’intérêt de passer au cloud.
« Nous avons ces clients depuis longtemps sur site, mais être leur partenaire dans le cloud demande un autre niveau de soin. »
Tiffany ToV-P senior et directrice générale entreprise et plateforme, Atlassian
« Cela démontre une certaine maturité dans notre développement. Nous avons ces clients depuis longtemps sur site, mais être leur partenaire dans le cloud demande un autre niveau de soin », considère Tiffany To. « Nous leur disons : “nous ne nous contentons pas de vous livrer des bits. Nous allons nous occuper de vos affaires dans le cloud”. Cela signifie que nous devons comprendre parfaitement leurs besoins commerciaux et ce que nous construisons pour eux ».
Au cours de ces discussions fin 2024 et début 2025, Atlassian a mesuré l’intérêt pour Government Cloud, basé sur sa récente autorisation FedRAMP Moderate, et Isolated Cloud, un cloud privé virtuel géré par Atlassian sur une infrastructure dédiée, dont la disponibilité est maintenant prévue pour 2026. Un nombre suffisant de clients de l’Atlassian Data Center ont indiqué qu’ils investiraient, ce qui a conduit au lancement officiel de l’offre, selon Tiffany To.
« Il y a tous ces segments où le cloud public à 100 % ne va pas fonctionner, et nous avons passé beaucoup de temps à réfléchir au montant que nous voulions investir dans des offres govcloud et cloud isolées », a-t-elle déclaré. « Si nous devons faire ces investissements, nous devons savoir que les clients vont les adopter ».
Les utilisateurs de Data Center préparent la migration
L’ajout de nouvelles options de cloud et la limite de renouvellement des licences ont provoqué la circulation de rumeurs qui ont circulé ces derniers mois. Il faudrait s’attendre à une date de fin de vie pour Data Center dans les cinq prochaines années. Tiffany To n’a pas confirmé de feuille de route pour ce clap de fin, mais les clients de Data Center voient clairement les choses se profiler à l’horizon.
« Avec les deux offres cloud supplémentaires, tous les signaux sont clairement là », affirme Frédérick Ros, responsable des services de travail numérique chez Amadeus IT Group.
Amadeus a déjà décidé de passer de Bitbucket sur site à Microsoft GitHub et de Jira Service Management Data Center à la plateforme ITSM de ServiceNow (comme l’a expliqué Frédérick Ros dans les colonnes du MagIT), qui offre également des outils d’IA agentique.
Toutefois, Amadeus étudie actuellement Confluence Cloud et l’application de vidéoconférence Loom d’Atlassian. Pour Frederick Ros, les nouvelles fonctions d’IA de Rovo sont convaincantes, en particulier maintenant qu’elles sont intégrées dans tous les produits cloud et qu’elles disposent de connecteurs pour les déploiements dans les centres de données.
« Maintenant que cela fait partie du produit, je pense qu’il y aura un intérêt certain. Cela nous aidera probablement aussi à mieux articuler la valeur de Confluence ».
Frédérick RosResponsable des services de travail numérique, Amadeus IT Group
« Si Atlassian avait développé tout cela deux ou trois ans plus tôt, notre choix aurait été plus simple », considère-t-il. « Nous voulions évaluer Rovo dans des cas d’usage très spécifiques – dans la gestion des connaissances, par exemple. Nous achetons donc quelques licences et les donnons à une équipe pour détecter les pages de Confluence qui ne sont pas utilisées très souvent », ajoute-t-il. « Maintenant que cela fait partie du produit, je pense qu’il y aura un intérêt certain. Cela nous aidera probablement aussi à mieux articuler la valeur de Confluence ».
Un autre grand client de la solution Data Center d’Atlassian, Charter Communications, prévoit d’entamer une transition vers une offre cloud hybride. Selon un présentateur lors d’une séance de questions-réponses à la conférence Team 25, les nouvelles fonctionnalités Rovo AI d’Atlassian ont scellé l’accord.
« Il y a un certain nombre de facteurs liés au cloud », déclare Andrew Morin, directeur de l’ingénierie pour la livraison de technologies et la gestion Agile chez l’opérateur télécom américain. « L’un d’entre eux est l’infrastructure – la gestion d’un centre de données représente beaucoup de travail. Il y a une grande partie des fonctionnalités disponibles sur le cloud qu'ils [Atlassian] ne peuvent pas proposer sur site… Nous aimerions en tirer parti, et l’IA de Rovo en est un élément important. »
Un analyste prédit qu’Atlassian proposera une solution en cloud public, une autre en cloud privé virtuel et quelques déploiements hybrides distribués sur site, similaires à AWS Outposts.
« Il y a deux grands problèmes : il y a la souveraineté des données, puis la question de la capitalisation [où] il s’agit de savoir qui possède le matériel et qui prend les coûts d’investissement et d’amortissement », signale Charles Betz, analyste chez Forrester Research. Je pense qu’Amazon a fait preuve de bon sens en disant : « Si vous voulez détenir le capital, l’amortir et gérer les baies et autres, faites-le selon nos spécifications ».