Souveraineté numérique : décalage entre la prise de conscience et les actes
Une étude menée par Ipsos pour Yousign constate que malgré une prise de conscience des enjeux de souveraineté numérique, les entreprises européennes n’ont pas changé leurs habitudes d’achat.
C’est ce qu’on appelle une dichotomie. Une enquête Ipsos Digital, commandée par l’éditeur normand Yousign et menée auprès de 4 000 professionnels en France, Allemagne, Espagne et Italie, montre que l’importance des outils technologiques souverains fait consensus dans les discours, mais que leur adoption concrète reste marginale.
Près de huit décideurs sur dix (78 %) affirment ainsi reconnaître l’importance des solutions locales pour préserver l’indépendance stratégique du Vieux Continent. Mais seulement un tiers (32 %) en font effectivement un critère déterminant dans leurs choix d’investissement.
Le contraste est d’autant plus frappant que presque la moitié (46 %) des répondants européens expriment une inquiétude vis-à-vis de la dépendance à des acteurs américains comme Google, Microsoft ou Amazon.
Où sont vos données ?
Ce paradoxe s’étend à d’autres aspects de la chaîne numérique. La localisation des serveurs est un sujet de plus en plus regardé. Mais là encore, à peine 23 % des professionnels interrogés estiment qu’elle est réellement primordiale dans leurs décisions d’achat.
Pourtant, une majorité reconnaît qu’il s’agit d’un enjeu important – en particulier dans des secteurs sensibles comme les ressources humaines, les finances ou les fonctions juridiques.
Pire, 37 % des professionnels européens n’ont aucune d’idée d’où sont hébergées leurs données et leurs outils numériques.
Des outils européens perçus comme plus chers et moins bons
Malgré l’existence d’un cadre réglementaire européen strict – comme le RGPD, la directive NIS2, DORA ou le Digital Services Act – qui pourrait jouer en faveur des solutions locales, de forts freins à l’adoption subsistent. Dont l’appréciation assez négative des offres locales.
« Face aux défis géopolitiques actuels, la souveraineté de l’Europe est devenue une nécessité, et la véritable bataille se joue désormais sur le terrain numérique. »
Alban SayagCEO, Yousign
En effet, une part non négligeable des décideurs continue de percevoir les offres européennes comme plus coûteuses (28 %) ou moins fiables (20 %).
Petit signe d’espoir pour les Européens, 28 % des répondants déclarent toutefois ne percevoir aucun obstacle majeur à leur adoption, signalant une évolution des mentalités.
« Face aux défis géopolitiques actuels, la souveraineté de l’Europe est devenue une nécessité, et la véritable bataille se joue désormais sur le terrain numérique », avance Alban Sayag, CEO de Yousign qui plaide pour une mutualisation des forces technologiques au sein de l’Union pour faire émerger des alternatives crédibles aux grandes plateformes étrangères.
En concordance avec l’étude, son Chief Revenue Officer constatait cependant que cette évolution ne se traduisait pas encore totalement dans les chiffres. Mais, cela ne saurait tarder, avance-t-il. Le CRO anticipe une évolution significative d’ici 2026.
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