NumSpot : les « fondations » de la PaaS souveraine sont disponibles
Avec le lancement, lundi, de ses services PaaS, NumSpot tient les délais qu’il avait présentés en novembre 2024. Il espère également obtenir un premier niveau de qualification SecNumCloud au début de l’année 2026. Le nouveau dirigeant, Éric Haddad, maintient le cap : proposer une alternative robuste aux offres des hyperscalers.
Cette semaine, NumSpot a annoncé le lancement de ses premiers environnements de production. L’entreprise née du rapprochement de Dassault Systèmes, la Banque des territoires, Bouygues Telecom et Docaposte a réussi à tenir les délais annoncés en novembre dernier.
Plus spécifiquement, NumSpot offre une console permettant d’accéder à certains services IaaS d’Outscale (filiale cloud de Dassault Systèmes), un service Kubernetes managé maison (complémentaire de l’offre OKS d’Outscale), Red Hat OpenShift Container Platform et une DBaaS PostgreSQL. La prise en charge de l’infrastructure as code, d’un ensemble de technologies réseau (VPC, IP publiques, VPN, Directlink, Load Balancer), d’une offre de stockage (Snapshots, stockage objet et en mode bloc) et un IAM sont disponibles.
Outre ces aspects techniques, en novembre dernier, Numspot cherchait son futur dirigeant. Officialisée en janvier, sa prise de fonction effective date du mois de mars. C’est Éric Haddad, ex-vice-président chez IBM France, passé par des postes similaires chez Google Cloud et Microsoft qui a pris ce rôle. « J’ai eu un coup de cœur », affirme le président exécutif de NumSpot auprès du MagIT. « J’ai vraiment eu envie de conduire ce projet. La transition s’est faite très naturellement, ne serait-ce que parce que j’étais en contact direct avec les représentants des actionnaires depuis plusieurs semaines ».
NumSpot tient les délais annoncés
Le fournisseur ne revendique pas plus de clients qu’en novembre 2024. Ses porte-parole évoquaient une quarantaine de primoadoptants. Un chiffre confirmé par Éric Haddad.
« Ces entreprises, ces Administrations, à ma connaissance, ont assez peu poussé leur migration vers le cloud. ».
Éric HaddadPrésident exécutif, NumSpot
« C’est déjà un bel acquis. Cela nous a permis d’avoir beaucoup de retours en matière d’usage, de fonctionnalités, de projection sur la feuille de route. Nous avons la chance d’avoir une conversation assez régulière avec ces clients », assure-t-il.
Pour l’heure, la majorité des preuves de concept et des MVP concernent des projets liés à la gestion de données et l’IA. Les services attendus prochainement, potentiellement une DBaaS MongoDB, une couche de cache « Redis Like », ou encore des services Pub/Sub, confirme cette orientation sur le traitement de données.
« Je crois qu’aujourd’hui, s’ils ont la possibilité d’avoir une vraie plateforme de service qui garantit cette souveraineté [...], les freins à la migration vers le cloud se lèveront naturellement ».
Éric HaddadPrésident exécutif, NumSpot
Il faut dire que le mode d’accès à la plateforme est fonction d’un formulaire disponible depuis le site Web de NumSpot. Il n’est pas encore possible d’ouvrir directement un compte. D’autres services seront annoncés en fin d’année, tandis que le fournisseur ne ferme pas la porte à des services SaaS proposés par des tiers. « Je pense qu’en novembre prochain, nous aurons davantage d’éléments de la feuille de route à partager », indique le président exécutif.
Ces clients sont principalement des Administrations, des OIV (Opérateurs d’Importance Vitale) et OSE (Opérateur de Services Essentiels), des banques, des assurances et des experts de soins de santé. « Ces entreprises, ces Administrations, à ma connaissance, ont assez peu poussé leur migration vers le cloud », évalue Éric Haddad. « En proportion, l’essentiel de leur parc est sur des clouds privés, dans le meilleur des cas, et très souvent sur des centres de données d’entreprise assez classiques », poursuit-il. « Je crois qu’aujourd’hui, s’ils ont la possibilité d’avoir une vraie plateforme de service qui garantit cette souveraineté, et potentiellement qui est un cloud de confiance, les freins à la migration vers le cloud se lèveront naturellement ».
Un premier niveau de qualification SecNumCloud espéré début 2026
Éric Haddad fait bien la distinction entre cloud souverain – dont les services sont de droit français et hébergés en France ou en Europe – et cloud de confiance. Pour rappel, cette seconde appellation est liée à l’obtention de la qualification SecNumCloud auprès de l’ANSSI.
Bien que NumSpot s’appuie sur des instances Outscale couvertes par la qualification SecNumCloud 3.2, le fournisseur de services doit tout de même obtenir le précieux sésame pour sa couche IaaS. Plus précisément, il s’agit de qualifier « l’encapsulation des services d’infrastructure [Outscale] dans la console NumSpot », signale Éric Haddad. Pour l’instant, le fournisseur dit avoir atteint le jalon 1, c’est-à-dire qu’il a mis en place, en collaboration avec l’ANSSI, une stratégie d’évaluation. Le Jalon 2 (la mise en œuvre de l’évaluation initiale) devrait avoir lieu au second semestre 2025. « Si tout se passe bien et si l’ANSSI nous l’accorde, nous pourrions obtenir la qualification dès le début de l’année 2026 », estime le dirigeant. Les services de type PaaS (Kubernetes, OpenShift, les bases de données managées) seront qualifiés dans un second temps. Un seul précédent peut être pris pour exemple : celui de Cloud Temple. L’hébergeur avait profité du renouvellement de sa qualification pour y inscrire sa PaaS OpenShift. « C’est ce que nous sommes en train de faire. Nous préférons y aller par couche », confirme Éric Haddad.
Ériger une alternative robuste aux hyperscalers plutôt qu’une « solution de dépit »
La disponibilité des « fondations » de NumSpot se fait dans un contexte géopolitique spécifique. La guerre en Ukraine et les effets des décisions de l’Administration Trump semblent interroger certains dirigeants d’entreprise. « Je suis contacté par certains décideurs informatiques du CAC40 », note le dirigeant de NumSpot.
« Nous ne voulons pas offrir la solution de dépit, nous voulons proposer la solution qui fonctionne, qui répond aux enjeux. »
Éric HaddadPrésident exécutif, NumSpot
« Que les entreprises de service ou d’industrie, qui ne sont pas dans notre cœur de cible initial, changent leur point de vue ou réorientent un certain nombre de leurs investissements, qui étaient peut-être au départ consacrés aux hyperscalers, vers un acteur comme NumSpot, c’est possible. Je l’espère », déclare Éric Haddad. « Mais ce n’est pas moi qui décide ».
Plutôt que d’espérer bénéficier d’un contexte particulier, NumSpot veut surtout prouver qu’il offre une alternative tangible aux offres des autres fournisseurs de cloud, extraeuropéens ou non. « Je reste à ma place », déclare le président exécutif. « Ma place, c’est de diriger NumSpot et de faire en sorte que nous apportons une vraie proportion de valeur. Que la compétition soit restreinte ou non, mon travail c’est de faire en sorte que l’on répond de façon pertinente à nos clients ».
« Nous ne voulons pas offrir la solution de dépit, nous voulons proposer la solution qui fonctionne, qui répond aux enjeux », martèle-t-il. « NumSpot veut être le partenaire qui fait la différence avec notre écosystème ».