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Visa s’ouvre pour être le porte-monnaie des agents IA

L’entreprise ne développera pas d’agents IA pour le « AI-commerce », mais elle adapte son infrastructure et sort un jeu d’API, pour permettre à ceux conçus par des tiers d’interagir avec son réseau de paiement, dans un cadre sécurisé et plus automatisé.

Visa fait un pas vers le commerce « agentique » (que certains appellent l’« AI-Commerce ») en annonçant le lancement de son initiative « Visa Intelligent Commerce », pour rendre son réseau de paiement compatible avec les agents IA.

Permettre aux agents IA de payer

L’objectif : permettre à ces agents, qui seront capables de rechercher et de sélectionner des offres et des produits – et qui seront conçus par des acteurs comme OpenAI, Anthropic, Mistral, IBM, Microsoft ou Salesforce (liste non exhaustive) – d’aller un pas plus loin dans l’automatisation du processus d’achat en étant également capables de payer pour le compte des utilisateurs.

« Le rôle de Visa n’est pas de concevoir ces agents », précise un porte-parole de l’entreprise au MagIT, « [c’est] d’adapter notre infrastructure pour qu’ils puissent opérer dans l’écosystème des paiements de façon fiable et sécurisée ».

Visa agira ainsi comme un intermédiaire de confiance dans la future étape du commerce numérique, le « AI-commerce », terme reprise par Visa, mais « qui reste aujourd’hui un concept relativement peu répandu », concède l’entreprise.

« Dans un avenir proche, les agents IA pourront naviguer, sélectionner, et faire des achats [au nom des clients] », anticipe le spécialiste du paiement, « [mais] cela nécessite que les agents aient la confiance des utilisateurs, des banques et des commerçants ».

C’est dans ce contexte que Visa souhaite proposer des technologies qui garantissent que seuls des agents conformes à des règles précises pourront accéder à son réseau.

Un jeu d’API

Concrètement, Visa met à disposition une suite d’API dédiées à ces cas d’usage, qui permettent l’interfaçage entre les agents et les services de paiement.

Ces API couvrent plusieurs volets : l’authentification, la gestion des paiements, la personnalisation (avec le consentement explicite de l’utilisateur), la tokenisation des cartes et la mise en place de plafonds de dépenses.

Visa indique également avoir mis en place un programme « partenaires » pour favoriser les intégrations à grande échelle, dans le respect des standards du secteur.

« Nous voyons un potentiel immense dans le rôle que les agents IA joueront dans le commerce de demain, de la simplification des achats “réguliers” à la recherche et à la prise de décisions plus complexes. »
Jack ForestellDirecteur des produits et de la stratégie, Visa

Au-delà de cette ouverture à l’écosystème agentique, Visa continue par ailleurs d’enrichir ses propres services avec de l’IA, par exemple pour la détection de la fraude ou la personnalisation des parcours.

Mais l’annonce marque avant tout une évolution du rôle de Visa, insiste son porte-parole. Il passe d’émetteur de cartes à facilitateur d’un commerce où les transactions pourront être initiées avec peu, voire sans intervention humaine.

L’AI-commerce plébiscité par la Gen Z

« Des millions de personnes compteront bientôt sur l’IA pour trouver le pull parfait, rechercher une nouvelle destination de vacances ou remplir leur liste de courses », prédit l’entreprise.

« Nous voyons un potentiel immense dans le rôle que les agents IA joueront dans le commerce de demain, de la simplification des achats “réguliers” à la recherche et à la prise de décisions plus complexes comme la réservation d’un restaurant ou le fait d’obtenir des billets pour un concert très prisé », renchérit Jack Forestell, directeur des produits et de la stratégie chez Visa. « Il s’agit d’un changement profond, qui apporte davantage de magie et de simplicité à l’expérience consommateurs, changeant ainsi notre façon de faire des achats », conclut-il.

Le marché n’en est pas encore là. Cette évolution pose par ailleurs de nombreuses questions, que ce soit en matière de consentement du client, de transparence des décisions des agents et de régulation.

Mais cette réalité n’est peut-être pas si lointaine non plus.

Dans un rapport publié en mars 2025, qui a interrogé 8 350 consommateurs dans 21 pays, Salesforce constate que 63 % de la génération Z se dit d’ores et déjà prête à laisser des agents IA acheter en leur nom.

Ce cas de AI Commerce est le plus « autonome ». D’autres possibilités, comme déclencher un achat en fonction d’un prix plancher, ou des achats réguliers de « réassort » sont encore plus envisagés (76 % chez les Gen Z et les Millenials ou Y). Ces deux cas semblent séduire jusqu’aux générations précédentes (60 % pour la génération X).

Et même si les Français font partie des plus réticents selon Salesforce, cette forme d’achat risque d’être une nouvelle vague du e-commerce au niveau mondial. Sera-t-elle grosse ou petite ? Seul l’avenir le dira. Mais c’est une vague IA sur laquelle veut surfer Visa..

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