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Informatique quantique : deux prix Nobel de physique 2025 proches d’Alice & Bob

Le prix Nobel de physique 2025 a été attribué à trois scientifiques. Deux ont joué un rôle clef dans la jeune histoire de la startup française et dans la création de son qubit de chat.

Le « tunnel quantique macroscopique et la quantification de l’énergie dans des circuits électriques ». Ces deux concepts ne vous disent peut-être rien. Mais ce sont des découvertes majeures qui viennent de permettre à trois scientifiques, John Clarke, Michel H. Devoret et John M. Martinis, de se voir attribuer le prix Nobel de physique 2025.

Pour faire simple, ces travaux ont permis de démontrer que certains composants macroscopiques – des circuits électriques supraconducteurs – peuvent obéir aux lois de la mécanique quantique (lire l’encadré ci-dessous).

En plus de la prouesse scientifique, cette percée a été fondamentale dans le développement des qubits supraconducteurs qui sont au cœur de plusieurs architectures d’ordinateurs quantiques.

Michel H. Devoret co-inventeur du Qubit de chat

Parmi les lauréats, deux ont des liens avec la startup française Alice & Bob. Qui s’en réjouit et a officiellement félicité les lauréats.

Le Français Michel H. Devoret a joué un rôle clé dans la genèse de l’entreprise, en conseillant ses fondateurs, avant de devenir le directeur technique du Google Quantum AI Lab, en plus de ses activités de professeur et de chercheur.

Il est également un des co-inventeurs du « cat qubit ». Ce qubit de chat est aujourd’hui le socle technologique d’Alice & Bob.

John M. Martinis, quant à lui, siège à son conseil scientifique consultatif (aux côtés de David DiVincenzo, physicien théoricien américain, de Yasunobu Nakamura, physicien japonais et de Daniel Gottesman, spécialiste de la correction d’erreurs quantiques).

« L’intégrité scientifique de Michel, sa passion et son optimisme, ainsi que les avancées majeures qu’il a permises avec ses collègues ont façonné une large part du paysage de l’informatique quantique que nous explorons aujourd’hui », vante Benjamin Huard, membre du conseil scientifique d’Alice & Bob et cofondateur du groupe d’électronique quantique à l’ENS avec… Michel Devoret.

L’entrée dans une nouvelle ère ?

Cette technologie du qubit de chat permettrait des gains importants en matière de tolérance aux erreurs, critère central dans la course à l’ordinateur quantique universel.

« Nous entrons dans une ère où ces travaux fondamentaux deviennent une véritable innovation en matière de calcul. »
Raphaël LescanneCTO et cofondateur d’Alice & Bob

Alice & Bob avance que son approche pourrait diviser par 200 le nombre de composants nécessaires pour faire fonctionner un ordinateur quantique par rapport aux architectures concurrentes.

« Ce prix récompense un parcours scientifique de plusieurs décennies, rendu possible par des esprits brillants au croisement de la physique quantique théorique et expérimentale », se réjouit Raphaël Lescanne, CTO et cofondateur d’Alice & Bob. « Nous entrons dans une ère où ces travaux fondamentaux deviennent une véritable innovation en matière de calcul. »

L’entreprise met aujourd’hui en avant des résultats expérimentaux qui surpasseraient ceux d’acteurs majeurs comme Google ou IBM. Et elle rappelle, non sans fierté, qu’Amazon a adopté sa technologie de qubits « chat ».

Dans un tout autre registre, celui de la transmission auprès du public, plusieurs de ses collaborateurs animaient le week-end passé l’atelier de physique quantique à l’ENS lors de la Fête de la Science.

Fondée en 2020 et installée à Paris et Boston, Alice & Bob revendique 130 millions d’euros levés et plus de 150 salariés.

Quand des circuits électriques obéissent aux lois quantiques

Et si des circuits électriques à notre échelle se mettaient à obéir à des lois de la mécanique quantique ? Impossible ? Et bien c’est pourtant ce qu’ont fait les lauréats du Nobel de physique 2025.

Premier exploit, ils ont démontré qu’un courant électrique peut « traverser » une barrière infranchissable. Comme un fantôme passant à travers un mur, l’électricité emprunte ce raccourci impossible selon la physique classique. Ce phénomène, baptisé « tunnel quantique macroscopique », ne devrait exister qu’à l’échelle des atomes.

Seconde découverte : dans ces circuits supraconducteurs refroidis à des températures extrêmes, l’énergie ne varie plus de façon continue. Elle « saute » entre des valeurs bien déterminées. Cette « quantification » (d’où le nom de physique « quantique ») reproduit dans un objet de grande taille ce qui n’arrive, normalement, qu’au niveau des particules.

Ces travaux fondateurs ont été menés entre les années 1980 et 2000. Les qubits supraconducteurs qu’utilisent aujourd’hui Google, IBM ou Alice & Bob sont les héritiers directs de cette révolution scientifique.

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