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O’gure, l’app de Dassault Systèmes pour encourager les filles à aller vers les métiers scientifiques

Dassault Systèmes a lancé une application pour aider les collégiennes à découvrir les métiers scientifiques. Le groupe veut agir « à la racine des inégalités d’orientation ». Mais l’application ne fera pas tout.

Women in IT - Le 11 octobre, aura lieu la Journée internationale de la fille. C’est la veille de cette date symbolique qu’a choisie Dassault Systèmes pour lancer O’gure, une application web (sans téléchargement ni données collectées), dont le but est d’aider les jeunes filles de 13 à 16 ans à découvrir les métiers scientifiques sous un nouveau jour, et à prendre conscience de leurs potentiels.

Selon une étude Odoxa réalisée pour Dassault Systèmes, seuls 9 % de ces jeunes filles envisageraient une carrière scientifique. Pour 72 % des adolescentes interrogées, ces métiers seraient perçus comme « arides et techniques », et seulement 23 % déclarent connaître dans leur entourage une femme ingénieure.

Deux ans de développement

Fruit de deux ans de développement, O’gure s’appuie sur des tests de personnalité et des « défis » qui restent ludiques.

L’appli a été élaborée « avec et pour les adolescentes », selon Dassault Systèmes, à partir de « focus groups » composés de collégiennes. Elle s’appuie sur une méthodologie validée par des experts de l’orientation et du développement personnel.

Le contenu de l’application a d’ailleurs été reconnu par le ministère de l’Éducation nationale et par l’ONISEP.

Concrètement, O’gure permet aux jeunes filles d’explorer leurs goûts, leurs motivations et leurs compétences, pour identifier des domaines qui pourraient être compatibles avec leur profil.

L’interface intègre des codes du numérique plébiscités par les jeunes : avatars, mécaniques de « swipe » et mini-jeux inspirés du gaming.

Les 11 filles de Bernard Charlès

L’application est une initiative de Bernard Charlès, président du conseil d’administration de Dassault Systèmes. Elle a été développée sous la direction de Victoire de Margerie, directrice du marketing corporate et de la communication.

Bernard Charlès qui a lui-même cinq enfants, dont quatre filles, et douze petits enfants, dont sept petites filles, confie-t-il dans un sourire, avec une fierté teintée de tendresse, lors de la présentation de l’application.

« L’idée c’est de lutter contre les biais qui réduisent le champ des possibles [pour les jeunes filles]. »
Bernard CharlèsPrésident du conseil d’administration de Dassault Systèmes

« L’idée c’est de donner envie des sciences plus tôt. C’est de lutter contre les biais qui réduisent le champ des possibles. C’est de donner des idées aux jeunes filles », résume-t-il.

« Oui, le but d’O’gure, c’est de lutter contre les stéréotypes », ajoute Victoire de Margerie. « C’est de créer de nouveaux imaginaires pour ne pas se dire [quand on est une fille] que ce n’est pas possible ».

Dassault Systèmes a bien conscience qu’il s’agit d’un défi. La moitié des hauts dirigeants de l’éditeur sont des femmes, « dont la directrice de la R&D ou la directrice de la stratégie », vante Bernard Charlès. Mais créer le cadre pour qu’elles se convainquent elles-mêmes de leurs potentiels et de leurs compétences, « ce n’est pas toujours facile », souligne avec le recul le président du Conseil d’administration.

Une nouvelle étape dans l’engagement éducatif du groupe

O’gure n’est pas la première initiative de Dassault Systèmes dans l’éducation.

L’application marque une certaine continuité avec le programme WIN (Women Initiative) et des actions de la Fondation Dassault Systèmes qui visent également à favoriser la diversité et la présence des femmes dans les filières scientifiques.

« L’avenir de la technologie a besoin des talents et de l’audace des femmes », insiste Victoire de Margerie. « Avec O’gure, nous voulons montrer aux jeunes filles qu’elles peuvent embrasser des carrières scientifiques et devenir les innovatrices de demain ».

Le rôle de la mère

L’application et ces initiatives ne feront, évidemment, pas tout. Dassault Systèmes souligne un autre point : 76 % des jeunes se tournent vers leurs parents pour choisir leur orientation.

Infographie d'une publicité pour le lancement de l'application O'Gure
Publicité pour le lancement de l'application O'Gure

L’application vise donc à compléter ce dialogue familial, pas à le remplacer.

Encore faut-il que cet échange ne soit pas biaisé. Or « il y a souvent un problème de transmission dans les familles. Et vous savez qui bloque souvent, quand une fille veut devenir ingénieure ou faire des sciences ? », demande Victoire de Margerie.

« C’est souvent la mère », répond-elle. « Parce qu’une mère peut se dire que sa fille va partir dans un environnement d’hommes ». Un environnement perçu comme triste, gris, composé de geeks et de missions sans « créativité artistique ».

Fatima Balhti (présidente de l’association Femmes Ingénieures) et Sylvie Retailleau (physicienne et ancienne ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche du gouvernement Attal), également présentes pour l’occasion, acquiescent.

« Quand on est ingénieure, on ne monte pas un mur, on construit une cathédrale. »
Fatima BalhtiPrésidente de l'association Femmes Ingénieures

Pour elles, c’est aussi ce stéréotype qu’il faut abattre et l’image de la science qu’il faudrait redorer. « Moi je dis que quand on est ingénieure, on ne monte pas un mur », lance Fatima Balhti. « On construit une maison, voire une cathédrale ! », compare-t-elle pour prouver que, oui, il y a de la créativité dans la science et du plaisir à trouver des solutions à des problèmes mathématiques ou physiques complexes.

La science et l’ingénierie sont pleines de surprises, insistent-elles. « Il faut être curieuse », invite Sylvie Retailleau. « Et surtout, ce que je dirais à toutes les jeunes filles, c’est : osez ! Vous avez le droit de vous tromper ! ». Un mantra qui est également une base de la recherche, métier qu’elle exerce aujourd’hui.

Un prolongement du programme 3D EXPERIENCE Edu

Au-delà de cette application, Dassault Systèmes mène depuis plusieurs années des actions dans le domaine éducatif, notamment à travers son programme 3D EXPERIENCE Edu, qui donne accès à ses logiciels à près de 6 000 collèges et lycées en France, touchant environ 10 millions d’étudiants par an.

L’application O’gure vient ainsi compléter cet engagement « de plus de 40 ans » (sic), en ciblant cette fois-ci un âge clé pour la construction des vocations.

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