Amazon Web Services profite de l’accélération de l’adoption du Cloud en France

C’est devant un public fourni que Werner Vogel a présenté à Paris les nouveautés du Cloud d’Amazon. Un public de DSI tous acquis à sa cause et qui ont résolument entrepris la migration de pans entiers de leur SI dans le Cloud

Avec un doublement en un an de l’usage de son offre de stockage S3, un taux de croissance de 93% de la consommation d’instances EC2, Amazon Web Services a désormais atteint le million de clients.

Fort de cette croissance insolente, Werner Vogel, directeur technique du numéro 1 mondial du Cloud Computing a abordé l’édition parisienne de l’Amazon Summit avec sérénité. Si le responsable n’a pas livré de chiffres précis quant au marché français, il a néanmoins précisé que 80% des entreprises du CAC40 ont aujourd’hui recours à l’un des nombreux services Cloud d’Amazon Web Services.

« Le Cloud, ce n’est pas seulement pour les startups » a-t-il précisé, « Aujourd’hui, il n’y a pas que les startups qui doivent agir rapidement. Les entreprises traditionnelles doivent aussi être agiles, que ce soit pour leurs nouveaux produits mais aussi porter leurs applications existantes dans le Cloud. »

AWS

Pour illustrer son affirmation, le CTO d’Amazon a invité sur scène plusieurs responsables informatiques français, des utilisateurs convaincus des atouts de la plateforme Cloud Amazon. Premier à témoigner, Romain Quinat, responsable de la production chez Vente-Privée. Celui-ci a ainsi expliqué comment les environnements de recette du célèbre site de E-Commerce ont été virtualisés chez Amazon Web Services. Un environnement de recette aussi complexe que peut l’être celui de l’un des leaders du commerce électronique français est aujourd’hui provisionné en 48 heures, contre un mois auparavant. Une illustration de l’agilité du Cloud évoquée par Werner Vogel.

Autre exemple, celui des Restaurant du Cœur dont la problématique est tout autre. En dépit de moyens financiers extrêmement restreints, Pierre Semet, le directeur informatique a pu déployer la plateforme Update CRM auprès d’un très grand nombre d’utilisateurs. Potentiellement, ce sont 10 000 bénévoles qui, à l’horizon 2018, auront accès à l’application CRM pour vérifier les droits du million de personnes accueillies chaque année dans les 2 000 centres de l’association. L’infrastructure Cloud des « Restos » s’appuie aujourd’hui sur 19 instances EC2.

Le Cloud va-t-il enfin signifier la fin des mainframes ?

Le témoignage d’entreprise le plus frappant lors de cette conférence d’ouverture de l’Amazon Summit fut sans conteste celui de Benito Diz. Le DSI de Veolia Eau France migre peu à peu ses applications dans le cloud.

La première migration évoquée par le DSI est celle de ChronoGestor, l’application de gestion des temps des agents Veolia.

Pas moins de 36 services Amazon Web Services ont été sollicités pour porter ChronoGestor dans le cloud, une migration menée en 2 mois seulement. Benito Diz a opté pour infogérance totale de la plateforme avec un loyer fixe inférieur à 4 000 euros par mois.

Autre illustration de ce mouvement du SI Veolia vers le Cloud, l’application GN. Développée dans les années 70 en Cobol sur gros-système MVS, c’est l’application qui assure la gestion des 8 millions de clients de Veolia Eau, depuis la saisie de leurs relevés de consommation, leur facturation, les encaissements.

Une application critique au plus haut point mais dont les coûts d’exploitation étaient prohibitifs. « Nous avons pris la décision de migrer l’application dans le Cloud et rebâtir une plateforme pour sécuriser l’avenir de l’application et réduire ses coûts. Passer dans le Cloud nous a permis de réduire par 10 les coûts d’exploitation tout en nous permettant de positionner aux côtés de ce service le CRM, l’interconnexion avec les mobiles. Le retour sur investissement est inférieur à 2 ans. »

Veolia Eau, qui doit gérer un « legacy » de 450 applications mise aujourd’hui sur le Cloud pour économiser et offrir de nouveaux services aux communes qui réclament de plus en plus des données temps réels… des services qu’il est bien difficile de leur délivrer avec un mainframe des années 70.

Amazon estime avoir 5 ans d’avance sur ses concurrents

Outre ce constat d’adoption croissante du Cloud par les entreprises françaises, Werner Vogel est venu détailler les dernières nouveautés techniques du Cloud Amazon aux 1 500 DSI et développeurs qui ont assisté à cet AWS Summit. L’américain accélère en effet le lancement de nouvelles fonctionnalités. Il y eu 280 nouveautés lancée en 2013, 516 en 2014.

« Nos concurrents en sont là où nous étions en 2009/2010. Depuis, nous offrons une très large variété de services additionnels » a ironisé le CTO.

Dernier exemple en date, l’Elastic File System. Ce nouveau système de fichiers, rattaché aux instances EC2, est théoriquement sans limite de taille et pourra accueillir des Petaoctets de données. L’EFS s’appuie sur des disques SSD, ce qui doit garantir une faible latence dans l’accès aux fichiers et, tout comme S3, les données sont répliquées entre zones Amazon. En outre, ce système de fichiers est compatible NFS version 4.

De l’aveu de Werner Vogel, cette offre vient combler un manque dans le catalogue de services de stockage d’Amazon Web Services, aux côtés d’Amazon S3 pour le stockage objet, Amazon Elastic Block Store pour le stockage en mode bloc et l’archivage Amazon Glacier.

Présenté pour la première fois en avril, Amazon EFS est encore en mode preview. Le tarif mensuel évoqué pour EFS est de 0,30 $ par Go.

Autre annonce Amazon diffusée voici quelques semaines et commentée par Werner Vogel à Paris, Amazon EC2 Container Service.

AWS Containers

Il s’agit du support des architectures de type microservices par Amazon Web Services. « Nous observons un mouvement vers la construction de bloc de construction des applications plus petits [NDLR : que les machines virtuelles], construire des composants de plus en plus petits et aller vers les architectures de microservices » a constaté Werner Vogel, « c’est la raison pour laquelle Amazon Web Services fournit un service d’exécution de containers pour vous aider à construire ces composants et vous aider à les gérer. Il est très rapidement complexe de devoir gérer ses composants en grands nombre sur de multiples machines virtuelles, s’assurer de leur bon fonctionnement. Le service de container vous permet de mettre en place des instances Docker et déployer vos containers. »

Pour gérer les containers au-dessus de Docker, Amazon fournit son propre scheduler, ECSSchedulerDriver, mais celui-ci est ouvert et peut fonctionner de concert avec d’autres scheduler tels qu’Apache Mesos.

Lambda, une architecture Event Driven totalement opérée par Amazon

En outre, le directeur technique d’Amazon Web Services a défendu une nouvelle façon d’architecturer une application basée sur les microservices à partir d‘événements. Baptisée Lambda, la solution prônée par Amazon lance l’exécution d’une application Java ou JavaScript en fonction d’un événement.

C’est une « Event Driven Architecture » dans le Cloud totalement managée et gérée par Amazon. Ces événements peuvent provenir de S3, comme le téléchargement d’une ressource par un utilisateur, peuvent provenir de l’insertion d’une donnée dans DynamoDB, d’une information extraite d’un flux de données Kinesis ou encore d’une application mobile.

AWS AdRoll

C’est Amazon qui assure le provisioning et l’exécution du code. Amazon facture le service en fonction du nombre d’appels traités et délivre des métriques de performances via Amazon Cloud Watch. Un moyen simple de créer tout le volet Back office d’une application mobile sans avoir à se soucier de la montée en charge, ni même devoir gérer des instances.

Werner Vogel a ainsi pris l’exemple de la startup AdRoll, spécialisée dans le retargeting publicitaire, dont le back office est bâti sur Lambda. 60 milliards d’événements Kinesis et 600 000 fichiers S3 qui déclenchent, chaque jour, des actions sur Amazon Lambda pour AdRoll.

Amazon, adepte du Machine Learning depuis… 1995

Autre priorité stratégique pour Amazon Web Service, le Big Data. Le directeur technique d’Amazon Web Services a rappelé les multiples services Cloud déjà proposés dans ce domaines, avec S3, EPF, RedShift coté stockage, les bases de données DynamoDB et Aurora et Amazon EMR côté analytique.

Il a fait un focus tout particulier sur une offre encore peu connue, Amazon Kinesis, la solution de capture de la donnée en temps réel.

Il a surtout voulu mettre en avant le savoir faire d’Amazon en matière de Machine Learning, rappelant que, dès 1995, la page d’accueil d’Amazon.com faisait déjà appel à des algorithmes de ce type pour afficher ses recommandations de livres.

« Par le passé, le machine learning c’était très complexe. Ainsi, je me souviens il y a quelques années pour faire un modèle qui prédisait le genre d’une personne en fonction d’informations comme le nom. Avec le Machine Learning « ancienne version », il avait fallu 1 mois de travail pour deux ingénieurs expérimentés pour obtenir un modèle avec une fiabilité de 95%. Ce que nous avons voulu faire, c’est fournir un service qui réalise le Machine Learning pour vous. Maintenant, un ingénieur junior est capable d’arriver à une telle précision de 95% en 20 minutes de travail. Réduire de 20 jours à 20 minutes la réalisation d’un modèle est une amélioration considérable. Cela va développer les usages du Machine Learning dans bien d’autres secteurs, développer de nouveaux usages. Nous avons abaissé le coût d’accès au Machine Learning. »

AWS Orange

Enfin, à destination des clients français d’Amazon Web Services, Werner Vogel a annoncé un partenariat avec Orange Business Services.

L’opérateur va notamment fournir aux entreprises françaises une connexion réseau directe avec 4 des zones géographiques Amazon, avec l’Irlande, la côte Est des Etats-Unis, la côte Ouest et l’Asie/Pacifique. Avec cette offre « AWS Direct Connect » opérée par Orange, les clients français pourront accéder à leurs données sans passer par Internet et bénéficier de temps de latence réduits.

Une annonce qui fait figure de lot de consolation alors que de nombreux clients français, jaloux de ce qu’ont obtenu leurs voisins allemands, réclament aujourd’hui à Amazon Web Services un datacenter en France.

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