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SAP place HANA Cloud Platform sur le marché de la santé
SAP veut installer HANA ainsi que les technologies Cloud associées pour attaquer le segment très critique de la santé et de la recherche médicale.
En guide de principale annonce réalisée lors de l’événement HANA Forum qui s’est déroulé à Francfort début décembre, SAP a souhaité positionner HANA Cloud Platform, la Paas HANA du groupe sur un nouveau marché, celui de la santé. On a vu ces dernières années IBM très actif auprès des hôpitaux afin de pousser ses outils décisionnels, et notamment Watson, auprès des oncologues. Les capacités analytiques à la fois sur des données structurées et non-structurées de la plateforme IBM ont permis de transformer Watson en diagnosticien.
Avec le lancement des offres SAP Foundation for Health et SAP Medical Research Insights solution, l'éditeur européen adopte un positionnement un peu différent. SAP affiche ses ambitions sur ce marché des hôpitaux, mais pas seulement auprès des CHU les plus prestigieux. L’éditeur cible aussi des cliniques de tailles plus modestes, voire même dans le tiers monde.
L’éditeur allemand avait déjà fait entrer sa base In-Memory dans ce secteur très critique. En 2013, par exemple, SAP avait montré comment HANA pouvait répondre aux usages opérationnels des hôpitaux, mais comment la base avait les capacités de servir de base à une nouvelle méthode de détection précoces de cancer.
Ce que l’éditeur a d’ailleurs confirmé lors de ce récent événement. SAP espère bien que l'approche Cloud et HANA vont lui ouvrir de nouveaux horizons dans le secteur. Le docteur Greg Parekh de l'ASCO (American Society of Clinical Oncology) a réalisé une impressionnante démonstration de la plateforme CancerLinQ, développée conjointement avec SAP. Des centaines de milliers de dossiers de patients cancéreux sont stockés sur cette plateforme Cloud et les chercheurs et médecins habilités peuvent réaliser des analyses statistiques sur cette population, rechercher tel ou tel facteur génétique pour un cancer donné, les cas de rémission observés en fonction du traitement, etc. Des traitements statistiques "classiques" sur un stockage Big Data si ce n'est que les utilisateurs peuvent réaliser un drill-down progressif dans une population de malades jusqu'à ouvrir le dossier de chaque patient, consulter chacun de ses rendez-vous, les traitements qui lui ont été prescrits, les résultats cliniques.
Encore plus fort, l'utilisateur peut descendre jusqu'au génome du patient, afficher à l'écran chaque chromosome, chaque séquence, chaque fragment de son ADN pour identifier les marqueurs identifiés comme présentant un risque de cancer accru. Une telle approche ouvre la voie vers une médecine personnalisée où le traitement va correspondre très exactement au malade et non plus à une population type.
Vis-à-vis de la confidentialité et la protection de telles données de santé, Steve Lucas, président de l'activité plateforme de SAP a précisé : "Nous fournissons la technologie aux organisations et c'est à elles de définir comment elles vont utiliser leurs données. Aux Etats-Unis, il faut se plier à la réglementation HIPAA, et c'est sensiblement la même chose dans chaque pays européen. C'est la raison pour laquelle nous avons préféré construire nos propres datacenters et ne pas construire HANA Cloud Plateform sur Amazon Wb Services, par exemple. La sécurité et le respect des réglementations relatives aux données est un élément critique dans le Cloud et si héberger sur AWS aurait été peut-être moins couteux, pour pouvoir observer toutes les réglementations de chaque pays, il est important de posséder ses propres datacenters et en construire là où c'est nécessaire."
Accélérer les diagnostics
A l'opposé de cette recherche avancée, le projet ETiCCS (Emerging Technologies in Cervical Cancer Screening) met en œuvre la plateforme Cloud SAP dans le cadre du dépistage du cancer de l'utérus en Afrique. Alors que ce cancer peut être guéri s'il est dépisté suffisamment tôt, il faut plusieurs mois pour une patiente pour pouvoir bénéficier d'un examen à l'hôpital après qu'elle a été dépistée par un médecin. Ainsi seulement 3,2% des femmes kényanes sont dépistées, la faute notamment à un système de santé où tout fonctionne encore sur papier.
Pour améliorer le dépistage, le projet mené par le professeur Magnus von Knebel Doeberitz de l'institut de pathologie de l'Université d'Heidelberg met en œuvre la plateforme Cloud SAP pour stocker les dossiers des patientes, mais surtout pour communiquer les données d'examen aux médecins qui ont été équipés de tablettes numériques et surtout convoquer les patientes via SMS sur téléphone mobile. Un impératif dans ce pays où il est difficile de joindre directement les gens par téléphone car les mobiles sont souvent partagés entre plusieurs personnes qui changent la carte SIM très fréquemment pour passer un appel ou consulter les SMS reçus.
Un workflow simple mais que seul le Cloud et le mobile rendent possibles dans un pays où les infrastructures médicales sont notoirement insuffisantes et où les structures hospitalières du pays ne peuvent consacrer leurs maigres moyens financiers à l'achat de matériel informatique. Le Cloud leur donne accès à une plateforme dernier cri sans avoir à investir lourdement.
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